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Liban - L’éclairage

Après la chute des faucons, place à la quête du candidat consensuel...

Si les quatre principaux pôles maronites échouent à s'entendre, sous l'égide de Bkerké, sur la présidentielle, et plus précisément à s'unir derrière le candidat qui pourrait avoir le plus de voix, l'initiative pourrait bien se déplacer du côté des leaders musulmans. Ces derniers pourraient se concerter dans la foulée de la séance d'aujourd'hui pour se mettre d'accord sur une formule pour débloquer l'échéance, le leader du courant du Futur, Saad Hariri, et celui du Front de lutte nationale, Walid Joumblatt, insistant tous deux sur la nécessité d'élire un président dans les délais constitutionnels et d'éviter ainsi une vacance à haut risque sur le plan économique et sécuritaire.

 

(Voir : Qu'attendez-vous du prochain président ? Les Libanais, à travers le pays, répondent)



Défier le « verrou maronite » n'est pas sans conséquence, comme l'ont prouvé certaines réactions hostiles à la candidature présentée par M. Joumblatt d'Henri Hélou. Le chef du Front de lutte nationale, cependant, estime que ses détracteurs, par leur réaction, font fi du jeu démocratique, dans la mesure où son bloc a tous les droits de présenter un candidat à la présidentielle. Qui plus est, souligne-t-il, lorsque ce candidat n'est autre que le petit-fils de Michel Chiha, père de la Constitution libanaise, et le fils de feu Pierre Hélou, ancien président de la Ligue maronite, et qui avait rejeté la présidence de la République lorsqu'elle lui avait été proposée après l'assassinat de René Moawad, en novembre 1989. Cependant, ajoute M. Joumblatt, si les quatre pôles maronites s'étaient entendus sur un candidat, il aurait fallu également adhérer à ce choix.

 

(Lire aussi: À l'ONU, la France souligne la nécessité d'« éviter le vide à la tête de l'État libanais »)

Or les efforts d'unification menés par Bkerké ont échoué. Le comportement de certains leaders maronites et les atteintes portées par eux à plusieurs clauses de l'accord scellé le 28 mars au patriarcat – notamment le fait de participer aux séances électorales sans défaut de quorum, et de ne pas mener des campagnes politiques et médiatiques contre les autres candidats – ont même poussé le patriarche Raï à mettre fin aux réunions, comme l'a fait savoir aux concernés Mgr Sélim Mazloum. Le patriarche maronite a même été jusqu'à renoncer à sa revendication d'un « candidat fort », affirmant au président de la Chambre, Nabih Berry, qu'il était désormais en faveur d'un président « acceptable par tous » – une manière comme un autre pour Mgr Raï d'exprimer son irritation vis-à-vis de certains leaders qui n'ont pas respecté leurs engagements. Un ancien ministre dit même s'attendre à ce que M. Berry prenne bientôt le chemin de Bkerké pour s'entendre avec lui sur l'identité du candidat qui serait « acceptable par tous ».

De son côté, Saad Hariri a d'ores et déjà adressé, à travers des amis communs, des signaux négatifs à la candidature « consensuelle » du chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun. Selon des sources proches du 14 Mars, le chef du courant du Futur n'a fait aucune « promesse » à M. Aoun à ce sujet, contrairement à ce que véhiculent les milieux aounistes depuis la fameuse rencontre de Paris, qui avait essentiellement porté sur la formation du cabinet. Saad Hariri soutient la candidature du président des Forces libanaises, Samir Geagea, et il ne changera certainement pas d'opinion avant d'en discuter avec ses alliés du 14 Mars. Qui plus est, un changement quelconque dans le soutien accordé par M. Hariri se fera en faveur d'un candidat du 14 Mars, et non du camp adverse, dans la mesure où il s'agit d'une affaire d'options politiques et stratégiques, et pas de personnes.

 

(Lire aussi: Présidentielle : Samir Geagea en tête du choix des électeurs chrétiens, selon un institut de sondage)


Une fois que le programme de M. Geagea a été adopté par le courant du Futur, ce dernier ne peut pas basculer dans le paradoxe et soutenir la candidature de M. Aoun, dont le projet politique est aux antipodes de celui du président des FL, comme l'est celui du 14 Mars par rapport à celui du 8 Mars. Une telle démarche conduirait M. Hariri à provoquer l'implosion du 14 Mars, ce qui est totalement exclu, le chef du courant du Futur ayant plusieurs fois mis l'accent sur le fait que l'unité de son camp reste la priorité.


La théorie de l'accord selon laquelle Michel Aoun à Baabda serait le garant d'un retour de Saad Hariri au Sérail fait sourire certains députés FL, qui se posent des questions sérieuses sur la pertinence de cette équation, puisque M. Hariri, en vertu de sa position politique et parlementaire incontournable et du soutien incontesté dont il bénéficie au sein de sa communauté, n'a besoin de personne pour retourner à la présidence du Conseil s'il souhaite le faire. Il faut plutôt inverser l'équation : c'est le général Aoun qui part d'un handicap et qui aurait donc besoin de M. Hariri pour arriver à Baabda... La formule aouniste est donc caduque. Pour les milieux du 14 Mars, il paraît donc évident que le chef du CPL n'aboutira à rien dans ses contacts avec le leader du courant du Futur. Et même si Saad Hariri décide de troquer le candidat du 14 Mars contre un autre, ce ne sera pas Michel Aoun.

 

(Lire aussi: La rencontre Hariri-Bassil entretient l'ouverture, malgré le blocage présidentiel aujourd'hui à la Chambre)

 

Le Hezbollah rechercherait en fait le vide et tenterait de justifier son choix en faisant assumer au 14 Mars le torpillage de l'élection par son soutien à la candidature de M. Geagea. De cette façon, le parti chiite met la pression sur le 14 Mars pour lâcher le président des FL et commencer à négocier pour aboutir à « un candidat de compromis acceptable par tous », comme le souligne un député du Hezb.

La quête pour ce candidat commencerait avec le retour du patriarche maronite de Rome et au terme des concertations menées par Saad Hariri à Paris avec les différentes personnalités du 14 Mars et du 8 Mars, selon des sources diplomatiques. Une quête dont le résultat sera forcément entériné par la communauté internationale.

 

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commentaires (6)

APRÈS LA CHUTE DES FAUCONS... CE SONT LES MOINEAUX QUI VONT CHANTER MAINTENANT.... ET LE PAYS QUI VA SOUFFRIR DE NOUVEAU...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 56, le 30 avril 2014

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • APRÈS LA CHUTE DES FAUCONS... CE SONT LES MOINEAUX QUI VONT CHANTER MAINTENANT.... ET LE PAYS QUI VA SOUFFRIR DE NOUVEAU...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 56, le 30 avril 2014

  • Il reste quand même d'autres Fau cons qui ne se sont pas encore déclaré, en sus d'être carrément rabiques assurément !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 32, le 30 avril 2014

  • Tiens, meme ici on le dit! C'est-y pas démocratique notre pays, hein? Les faucons (qui sont en réalité des vrais de chez vrai), n'ont aucune chance dans un Liban qui ne peut qu'avoir un président con-sensuel. Comme quoi, on échappera pas à la connerie... quoiqu'en GENERAL..

    Ali Farhat

    16 h 10, le 30 avril 2014

  • Il faut convertir Walid Joumblatt au maronitisme pour six ans et c'est bon, le tout est de savoir combien de temps prendra la procédure de conversion, je suis sûr qu elle peut être accélérée..

    CBG

    15 h 36, le 30 avril 2014

  • On est bien bete finalement de croire etre dans le secret des Dieux , ils se concoctent leur petite cuisine et nous on se delecte des petites phrases , des sous-entendus et autres allusions . Au final , il faudra bien que la machine Liban tourne si tout ce monde le desire bien , non ? donc attendons le Patriarche ou le Pape , mais on aura un president qui finira bien par apparaitre et qui marchera avec la situation actuelle . Celle qui n'exclut plus ni le hezb resistant , ni la Syrie ni l'Iran , mais plutot l'occicon qui perdra plus de terrain .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 37, le 30 avril 2014

  • QUE POUVAIT ATTENDRE LE PATRIARCHE DE LA RÉUNION À BKERKÉ DES INCONCILIABLES TROIS MOUSQUETAIRES ET DE "DARTAGNAN" DONT L'INSIGNE EST : CHACUN POUR SOI WILL BALAD KHALLI TI7TIRÉ2 ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 59, le 30 avril 2014

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