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Moyen Orient et Monde - Crise

Kiev et Moscou rivalisent de détermination

Les affrontements entre les autorités ukrainiennes et les insurgés ont fait cinq morts à Slaviansk ; Poutine dénonce « un crime » et lance des manœuvres à la frontière.

Les autorités ukrainiennes, qui ont relancé lundi leur « opération antiterroriste » dans l’Est et ont promis « l’élimination » aux séparatistes, semblent plus que jamais déterminées à poursuivre leur offensive. Sur le terrain, cette détermination était bien apparente. Des journalistes de l’AFP ont entendu dans la matinée des échanges de tirs à un barrage des insurgés à l’entrée nord de Slaviansk puis vu plusieurs blindés, dont l’un arborant le drapeau ukrainien, passer le poste de contrôle, enflammé par les prorusses. Kiril Kudryavtsev/AFP

Les autorités ukrainiennes ont lancé hier un assaut meurtrier contre les séparatistes à Slaviansk, bastion des insurgés prorusses dans l'Est – un acte aussitôt dénoncé par Vladimir Poutine comme « un crime ». Ces affrontements « ont fait jusqu'à cinq morts » dans les rangs des insurgés et un soldat ukrainien a été blessé, a annoncé le ministère ukrainien de l'Intérieur, en ajoutant que trois barrages séparatistes à l'entrée de la ville avaient également été « détruits ». Les séparatistes ont fait état de deux tués dans leurs rangs.


« Si le régime actuel à Kiev a vraiment commencé à utiliser l'armée contre la population dans le pays, c'est un crime très grave contre son propre peuple », a lancé le président russe Vladimir Poutine. Il a averti que cette opération aurait « des conséquences pour les gens qui prennent ces décisions ». Moscou a ensuite annoncé le lancement de manœuvres de l'armée russe à la frontière avec l'Ukraine. « Nous sommes contraints de réagir à un tel développement de la situation », a expliqué le ministre de la Défense Sergueï Choïgou. « L'aviation effectue des vols (...) près de la frontière », a-t-il ajouté. Le leader des séparatistes de Slaviansk Viatcheslav Ponomarev avait demandé dimanche à Vladimir Poutine d'envoyer des troupes russes pour soutenir les insurgés, renforçant les craintes d'une intervention et à terme d'une prise de contrôle des régions de l'est russophone, comme la Crimée en mars.


Dans ce contexte, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à « éviter à tout prix les actions militaires », redoutant « que la situation n'échappe à tout contrôle avec des conséquences imprévisibles ».

 

(Commentaire : La fin du nouvel ordre du monde)

 

« L'élimination »
Mais les autorités ukrainiennes, qui ont relancé lundi leur « opération antiterroriste » dans la zone et ont promis « l'élimination » aux séparatistes, semblent plus que jamais déterminées à poursuivre leur offensive. « Nous n'allons pas reculer devant la menace terroriste », a lancé le président par intérim Olexandre Tourtchinov dans une adresse télévisée à la nation. « Nous exigeons que la Russie cesse de s'ingérer dans nos affaires intérieures, arrête le chantage et les menaces, et retire ses troupes de la frontière est de l'Ukraine », a-t-il dit.


En effet, sur le terrain, cette détermination était bien apparente. Des journalistes de l'AFP ont entendu dans la matinée des échanges de tirs à un barrage des insurgés à une entrée nord de Slaviansk, puis vu plusieurs blindés, dont l'un arborant le drapeau ukrainien, passer le poste de contrôle, enflammé par les prorusses. Les blindés ont cependant battu en retraite dans l'après-midi, mettant soudainement fin à l'opération dans la ville de plus de 100 000 habitants. Kiev a également annoncé la « libération » de la mairie de Marioupol, un port de près de 500 000 habitants dans le Sud-Est après des heurts qui ont fait cinq blessés. Plus au nord, un soldat a été blessé lors d'un assaut des séparatistes contre une base militaire à Artemivsk.

 

 

 

Obama vs Lavrov
À Tokyo, Barack Obama a fait porter sur la Russie la responsabilité de l'échec du compromis international signé il y a une semaine à Genève et qui était censé amorcer une désescalade des deux côtés. « Jusqu'à présent, nous ne les avons pas vu respecter ni l'esprit ni la lettre de l'accord de Genève », a déploré le président des États-Unis lors d'une conférence de presse. « Nous continuons de voir des hommes armés malveillants prendre des bâtiments, harceler les gens qui ne sont pas d'accord avec eux, déstabiliser la région et nous n'avons pas vu la Russie intervenir pour les décourager », a-t-il déclaré. M. Obama a ajouté que si la Russie continuait d'ignorer l'accord de Genève et n'agissait pas de façon « plus réfléchie », il y aurait « des conséquences et de nouvelles sanctions » américaines à son encontre. La Bourse de Moscou, déjà affaiblie depuis deux mois par les massives fuites de capitaux que subit la Russie, a chuté de plus de 2 % face à l'escalade, et les prix du pétrole sont partis à la hausse.

 

(Commentaire : Le monde de Poutine)


Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a accusé de son côté les Occidentaux de servir de l'Ukraine comme « un pion dans le jeu géopolitique ». « Nos partenaires occidentaux, et avant tout les États-Unis, tentent de se comporter en vainqueurs de la guerre froide et faire comme si on pouvait ne pas tenir compte de la Russie dans les affaires européennes et faire des choses portant directement préjudice aux intérêts de la Russie », a-t-il déclaré. Il s'agit selon lui de poursuivre « la politique d'endiguement de notre pays, à laquelle dans le fond l'Occident n'a jamais renoncé », a-t-il dit, utilisant le terme datant de l'époque de la guerre froide.
Par ailleurs, le Fonds monétaire international a annoncé hier qu'il se prononcerait le 30 avril sur un vaste plan d'aide à l'Ukraine, un prêt de 14 à 18 milliards de dollars sur deux ans, destiné à éviter une faillite du pays. Si le programme est approuvé, l'Ukraine pourrait aussitôt recevoir un premier prêt qui pourrait avoisiner les 3 milliards de dollars.


Enfin, la bonne nouvelle de la journée d'hier : la libération à Slaviansk du journaliste américain Simon Ostrovsky, retenu pendant près de trois jours par des séparatistes. Le reporter de 33 ans du site américain Vice News a raconté qu'« au début ils m'ont un peu battu, lié mes mains et mis un bandeau autour de mes yeux ». « Au bout d'un jour et demi, ils m'ont enlevé le bandeau, délié mes mains et ensuite ils m'ont traité normalement », a-t-il ajouté.

 

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Les autorités ukrainiennes ont lancé hier un assaut meurtrier contre les séparatistes à Slaviansk, bastion des insurgés prorusses dans l'Est – un acte aussitôt dénoncé par Vladimir Poutine comme « un crime ». Ces affrontements « ont fait jusqu'à cinq morts » dans les rangs des insurgés et un soldat ukrainien a été blessé, a annoncé le ministère ukrainien de l'Intérieur,...

commentaires (2)

QUAND ON DIT "KIEV"... ON PARLE DE QUI ? DE QUEL PSEUDO-EUROPÉENS ET DE QUEL GOUVERNEMENT ?

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 55, le 25 avril 2014

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Commentaires (2)

  • QUAND ON DIT "KIEV"... ON PARLE DE QUI ? DE QUEL PSEUDO-EUROPÉENS ET DE QUEL GOUVERNEMENT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 55, le 25 avril 2014

  • Allez Vladimir , une petite baffe ne leur ferait pas de mal a ces comploteurs qui ont rate leur coup en Iran , avec le hezb resistant , en Syrie actuellement et qui veulent essayer avec toi ! Frappe dur !on les a vu a l'oeuvre , c'est des poltrons .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 25, le 25 avril 2014

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