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Liban - La situation

Le législatif vit des moments de rafistolage intensif...

L'heure paraît être au recollage. Les commissions mixtes qui ont achevé hier soir l'élaboration de la proposition de loi relative au financement de la grille des salaires, après sept longues heures de débats, se sont (pas tout à fait) entendues sur des moyens d'assurer des rentrées fort contestées par le secteur privé et par un grand nombre d'experts, et même parmi les députés eux-mêmes, qui se sont abstenus de tout commentaire à l'issue de leur réunion hier. Le débat promet d'être houleux lors de la prochaine séance plénière, fixée à mardi, pour l'examen de la proposition de loi.

Un avant-goût de ce débat a été donné hier au vu du bras de fer entre le pouvoir législatif et le secteur bancaire, sur fond de grève des banques. Face à face à peine contenu grâce au langage courtois du président de l'Association des banques du Liban à l'égard du président de la Chambre d'une part, auquel a répondu le « gel » mais pas le retrait de la plainte judiciaire engagée contre lui pour diffamation par un député berryste. La polémique, le mot est faible, est révélatrice de la gravité de la situation dans laquelle est plongé le législatif.

Jusqu'à tard hier soir, les commissions mixtes tentaient de s'entendre sur les rentrées susceptibles de couvrir les 2 900 milliards de livres libanaises, coût de la nouvelle grille des salaires. Non seulement les rentrées proposées jusque-là sont problématiques, mais elles ne couvrent que 1 600 milliards de ce coût.
Des milieux parlementaires ne cachent d'ailleurs pas leur scepticisme et leur « perplexité » quant aux conséquences de l'adoption de la nouvelle grille salariale, et n'hésitent pas à dénoncer « des taxes hypothétiques » prévues pour son financement. Alors que le Comité de coordination syndicale s'est engagé à s'abstenir de toute escalade avant lundi, le comité des parents des écoles catholiques a appelé à un rassemblement aujourd'hui dans l'après-midi place Riad el-Solh pour protester contre « le danger d'une hausse des frais de scolarité au-delà des capacités des parents ». Ils dénoncent l'absence « de fondement objectif de la grille, qui ne semble devoir être approuvée qu'en raison des pressions subies ».

Entre-temps, les failles de cette fièvre législative du Parlement au cours des deux dernières semaines émergent ponctuellement. Les anciens locataires ont observé hier un sit-in prolongé à Mousseitbé, réclamant un entretien avec le Premier ministre et refusant de s'adresser à son représentant. La loi de libéralisation des anciens loyers aurait pour principale faille de ne pas avoir défini clairement ni le mécanisme de financement, ni le plafond, ni les bénéficiaires du fonds qu'elle a créé pour soutenir « les locataires les plus démunis ». Cette faille, relevée lors du débat en séance plénière, avait été alors contournée, le Parlement confiant à l'exécutif la compétence de combler ces zones d'ombre par décret d'application. De leur côté, les contractuels de l'Université libanaise ont déclaré la grève les 16 et 17 du mois courant, après le rejet de la proposition de loi relative à leur incorporation dans le cadre.
Ce schéma porte des expressions disparates d'un même malaise, provoqué par « une législation sans évaluation de l'impact des textes adoptés », de l'aveu même des députés.

Cette méthode d'approximation, de laisser faire, voire de réajustement des textes en faveur des intérêts des uns et des autres, n'épargne pas la séance électorale pour la présidentielle, à laquelle le président de la Chambre prévoit de convoquer les députés à partir de la mi-avril. L'ancien député Salah Honein a dénoncé sur ce plan « l'état d'âme personnel » du président de la Chambre, qui aurait dû, selon lui, convoquer à cette séance à partir du 25 mars, et jusqu'au 25 avril, en vertu des dispositions constitutionnelles. D'ailleurs, le quorum des deux tiers fixé par la présidence de la Chambre pour toute séance électorale est contesté par de nombreuses parties politiques, en ce qu'il neutraliserait l'option d'une véritable bataille à la présidence.
Or, s'il est un intérêt commun qui se dégage des candidatures de Samir Geagea et de Michel Aoun, c'est bien celui d'inciter à abandonner l'impératif d'un consensus politique autour de la présidence de la République.

La récente position du patriarche maronite à partir de Genève, qui avait rejeté jeudi toute chance pour un candidat du 8 ou du 14 Mars à la présidence, a été d'ailleurs perçue comme une incohérence par les quatre pôles maronites consultés il y a deux semaines par Bkerké dans le cadre de la présidentielle, en ce qu'elle contredit l'esprit de cette consultation. Rentré hier à Beyrouth, le patriarche a affirmé que ses propos ont été tronqués et qu'il n'a en tout cas pas la prérogative de nommer un président ni d'exclure des candidats.
Des milieux de Bkerké font pourtant état de données révélant une tendance régionale vers un consensus, renforcée par « l'incapacité » pour tout candidat de l'un ou l'autre camp de réunir la majorité des deux tiers.
Il reste qu'un appui à la candidature de Samir Geagea paraît se consolider au sein du 14 Mars. Les milieux du Futur rapportent que Saad Hariri tendrait vers ce choix, comme l'attesteraient les visites des députés du Futur à Meerab. « Le soutien est certain », va jusqu'à affirmer à L'OLJ un député du Futur. Cet appui suffira-t-il à rallier tous les acteurs du 14 Mars autour d'un même nom ?

 
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