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Liban - Éclairage

Le profil du président se précise, mais les options restent multiples

Alors que le président de la Chambre Nabih Berry a promis de convoquer le Parlement à une séance pour l'élection présidentielle le 22 ou le 23 avril, la confusion reste totale au sujet de cette échéance. À un mois et deux semaines de l'expiration du mandat de l'actuel président, toutes les options sont ouvertes et chacun des nombreux candidats croit avoir toutes ses chances. Le point commun entre tous les candidats, c'est qu'ils croient tous que l'option de la prorogation du mandat de Michel Sleiman est pratiquement écartée. Mais pour tout le reste, ils ont des approches différentes. Même le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, qui avait déclaré il y a quelques jours que le nouveau président ne sera « ni du 14 ni du 8 Mars », a dû nuancer ses propos, hier à son retour de Genève, pour bien montrer que la confusion est encore totale.
Les faits montrent en tout cas que cette année, « les grands électeurs » ne semblent pas pressés de faire leur choix et les Libanais, peu habitués à être livrés à eux-mêmes, se sentent un peu dépassés, voire accablés d'avoir à assumer une si lourde responsabilité. Pourtant, à ce stade, on peut faire les constatations suivantes : l'échéance présidentielle arrive après la naissance quasi miraculeuse du gouvernement rassembleur présidé par Tammam Salam. Cette naissance a été rendue possible grâce aux pressions de la communauté internationale, et en particulier les États-Unis, pour former un gouvernement regroupant toutes les parties, y compris et surtout le Hezbollah. Certes, l'Arabie saoudite a pris son temps pour accepter cette idée, mais elle a fini par le faire, surtout après l'échec de ses paris sur la chute du régime syrien et l'affaiblissement du Hezbollah. Pour certains, la naissance du gouvernement dans un tel contexte est un début positif qui va mener jusqu'à l'élection présidentielle à la date prévue. Pour d'autres, elle est au contraire un indice qui montre que l'élection présidentielle est tout à fait secondaire aux yeux de la communauté internationale qui considère avoir accompli son devoir, en assurant un minimum de stabilité au Liban en favorisant la formation du gouvernement rassembleur.
Quelle que soit la version exacte, la formation du gouvernement montre en tout cas l'attachement de la communauté internationale, États-Unis et Russie en tête, à la stabilité du Liban. Certains affirment que la communauté internationale veut ainsi se dédouaner d'avoir inconsidérément poussé le Liban à accueillir les réfugiés syriens, en pensant qu'il s'agissait de quelques centaines de milliers, venus pour quelques mois. Mais, au final, la situation se prolonge et le nombre de réfugiés ne cesse d'augmenter, plaçant le Liban au bord de l'implosion. Toujours est-il que par rapport à la communauté internationale, le maintien de la stabilité au Liban passe par la nécessité de ne pas défier le Hezbollah et, au contraire, d'appliquer à son égard une politique de « containment ». Dans les salons feutrés, les diplomates occidentaux ne cachent d'ailleurs pas leur souhait d'entamer un dialogue profond avec le Hezbollah. De plus, dans leurs déclarations sur le Liban, les chancelleries occidentales ne critiquent plus l'intervention militaire du Hezbollah en Syrie et n'évoquent plus que pour la forme la déclaration de Baabda. Cela ne les a pas empêchées de pousser le 14 Mars et en particulier le courant du Futur à accepter de former un gouvernement avec le parti chiite, sans plus réclamer son retrait de Syrie ou son désarmement...
Si l'on cherche à appliquer ces données au choix du futur président du Liban, on en déduit que ce dernier ne devrait pas représenter un défi pour le Hezbollah. Au contraire, il devrait être en mesure de le mettre en confiance et de dialoguer avec lui, tout en ayant en même temps de bonnes relations avec le courant du Futur pour pouvoir opérer un rapprochement entre ces deux grandes formations, qui si elles devaient s'affronter, provoqueraient un nouveau bain de sang et un conflit qui pourrait s'étendre au-delà des frontières. Or c'est aujourd'hui ce qui est en train de se passer, même si c'est encore au tout début, entre le courant du Futur et le Hezbollah par le biais du général Michel Aoun et du CPL. Si cette démarche se précise, elle pourrait assurer au Liban un filet de sécurité qui le mettrait à l'abri des secousses, quels que soient les développements dans la région. Il faut relever à cet égard la soudaine application du plan de sécurité à Tripoli et dans la Békaa-Nord et la possibilité pour l'armée libanaise de pénétrer à Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen et d'arrêter certains combattants. On peut donc voir dans ce développements quasi miraculeux une volonté réelle internationale et régionale de restaurer la sécurité au Liban et d'en éliminer les foyers potentiels de tension. En même temps, comme il est clair que la crise syrienne n'est pas sur le point de connaître une issue rapide, et que le président Bachar el-Assad devrait rempiler pour un nouveau mandat au mois de juin, reconnu ou non par les pays occidentaux, le nouveau président du Liban devrait être en mesure d'établir un dialogue avec le régime syrien, ne serait-ce que pour régler une partie du problème des réfugiés syriens sur son territoire. Or, là aussi, le général Michel Aoun a une vision et un plan pour une solution par étapes de ce dossier épineux.
Pour toutes ces raisons, les partisans du chef du CPL sont convaincus que ce dernier est aujourd'hui le candidat qui a le plus de chances d'être élu. Mais ses détracteurs pensent que les États-Unis ne feront jamais ce cadeau au Hezbollah, même s'ils veulent aujourd'hui une forme d'apaisement avec lui. Après tout, le général Aoun est celui qui a fait avorter le plan concocté en 2005 qui visait à l'isolement du Hezbollah et à sa condamnation quasi unanime, en prélude à son affaiblissement. L'ancien secrétaire d'État adjoint Jeffrey Feltman avait reconnu devant la commission du Congress que plus de 250 millions de dollars avaient été consacrés à cette mission et Aoun avait résisté à toutes les pressions et les tentations pour maintenir la relation avec le Hezbollah qu'il considérait dans l'intérêt du pays. Comment, dans ce cas, les Américains pourraient-ils accepter qu'il devienne président ? D'autres pensent plutôt que c'est le général Kahwagi qui a le plus de chances, surtout avec l'appui international à l'armée et le succès des plans de sécurité à Tripoli, dans la Békaa ainsi que celui de la lutte contre les cellules takfiristes... Enfin, il y a ceux qui croient que c'est un centriste, accepté de toutes les parties, qui apportera du sang nouveau à la République qui a le plus de chances... Sans parler de ceux qui croient à une vacance de quelques mois ! Le profil du nouveau président se précise, mais les options restent donc multiples.

Alors que le président de la Chambre Nabih Berry a promis de convoquer le Parlement à une séance pour l'élection présidentielle le 22 ou le 23 avril, la confusion reste totale au sujet de cette échéance. À un mois et deux semaines de l'expiration du mandat de l'actuel président, toutes les options sont ouvertes et chacun des nombreux candidats croit avoir toutes ses chances....

commentaires (3)

On dira du phare Aoun si ce n'est lui , c'est donc son frère . Seul homme de vision qui pourrait sortir le pays de l'impasse . Les libanais savent ce ui est bon pour eux et ils le feront savoir aux donneurs de lecon , chauque fois que neccessite se fera sentir . On a donc des options multiples et toutes sur la table , nous aussi , grace a qui ??? merci !

FRIK-A-FRAK

23 h 44, le 12 avril 2014

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Commentaires (3)

  • On dira du phare Aoun si ce n'est lui , c'est donc son frère . Seul homme de vision qui pourrait sortir le pays de l'impasse . Les libanais savent ce ui est bon pour eux et ils le feront savoir aux donneurs de lecon , chauque fois que neccessite se fera sentir . On a donc des options multiples et toutes sur la table , nous aussi , grace a qui ??? merci !

    FRIK-A-FRAK

    23 h 44, le 12 avril 2014

  • Merci madame Haddad, Espérons que le bon Dieu ait réservé pour le Liban un BON Président cette fois-ci. Continuez ainsi de nous éclairer.. sans chichi ni langue de bois (au contraire, c'est de l'OR, pour les connaisseurs). Mais quelles sont donc vos sources? A force d'etre aussi perspicace voire prophétique chaque fois, vous allez finir par devenir mon Gourou.. le maitre à penser (bon d'accord, vous préférez peut-etre modestement analyser) déjà que j'ai une adoration sans limite pour une Haddad (Nohad). Suivant donc le principe du ying et du yang oriental, je dis donc merci également à OLJ.

    Ali Farhat

    23 h 02, le 12 avril 2014

  • DE QUELLES OPTIONS MULTIPLES PARLEZ-VOUS, MADAME SCARLETT HADDAD ? IL FAUT PLUTÔT PARLER DE : PRESSIONS MULTIPLES DES UNS ! DE VERBIAGES ET DE BARATIN ET DE PAROLES DANS LES AIRS DES AUTRES ! ET... DE MAINMISE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 33, le 12 avril 2014

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