Rechercher
Rechercher

Liban - Interview

Souhaid à « L’OLJ » : Le 14 Mars a imposé au Hezbollah le débat sur ses armes

 « Une éventuelle démission du Premier ministre ne sauverait pas le parti chiite du débat sur les rapports entre la Résistance et l'État. »

À la veille du 6e congrès du 14 Mars au BIEL, le coordinateur de la coalition, l'ancien député Farès Souhaid, relève « l'importance cruciale de cet événement », à l'heure où s'exacerbe, sur la scène libanaise, la confrontation politique autour de la Résistance et de ses rapports avec l'autorité de l'État. La tribune sera occupée demain par les Forces libanaises, le Futur et les Kataëb, en présence des indépendants du 14 Mars.
« Le débat actuel entre ceux qui veulent une indépendance complète de la Résistance et ceux qui considèrent que celle-ci ne peut échapper à la tutelle directe de l'État » dépasserait en effet « les tournures sémantiques et le caractère ponctuel de la déclaration ministérielle ». Le débat, amorcé par un durcissement de la position du 14 Mars, serait une tentative de réajuster, en faveur de l'État, ses rapports avec les armes illégales.
« Cette confrontation avait été engagée au Liban en 1969 avec les accords du Caire, en vertu desquels l'État avait cédé une partie de sa souveraineté en faveur de l'Organisation pour la libération de la Palestine, sous le couvert d'un compromis qui n'a fait en réalité que retarder le déclenchement de la guerre civile en 1975 », rappelle l'ancien député dans une interview à L'Orient-Le Jour. Il énumère ensuite « la guerre civile et le compromis entre les armes des milices et l'autorité de l'État, suivie par les accords de Taëf, porteurs d'un autre compromis de même nature entre les armes syriennes et l'État libanais ».
Un dernier compromis, « entre l'État et les armes iraniennes », a abouti dans un premier temps, à partir du 7 mai 2008, à un « équilibre des forces en faveur des armes illégales ».

Un nouvel équilibre des forces
Or, l'implication du Hezbollah en Syrie l'aurait contraint à s'associer au camp opposé au sein du gouvernement, « par le besoin d'un parapluie libanais et surtout sunnite ». « Ce souci d'apaiser ses relations avec les sunnites allait de pair avec le besoin du 14 Mars de réintégrer le pouvoir », ajoute-t-il.
Mais le débat n'est plus là. Le conflit a effectivement été transposé au niveau de la déclaration ministérielle, intégrant « pour la première fois, dans toute sa complexité, les débats au sein de l'exécutif ».
La « crise actuelle conduirait à deux scénarios possibles, qui devraient se clarifier au cours des prochains jours ». « Pour les plus optimistes, il s'agirait d'une complication passagère, qui se résoudrait en arrondissant les angles ; d'autres renvoient cette complication au durcissement d'une aile du 14 Mars, représentée par les Forces libanaises, sous-tendue surtout par de nouvelles données régionales, peu favorables à la continuité d'un cabinet que l'entente régionale avait pourtant permis de former. »
Indépendamment de l'aboutissement de l'un ou l'autre de ces scénarios, l'essentiel réside dans le fait que « cette complication a mis en relief le problème essentiel de l'autonomie des
armes illégales qui a fragilisé le processus d'édification de l'État de 1969 à nos jours », insiste Farès Souhaid.

La Résistance, un débat incontournable
C'est à ce niveau, strictement national, que le 14 Mars aurait engagé sa bataille, « à condition toutefois que les ministres qui la mènent ne reviennent pas sur leur position de principe ».
Le coordinateur du 14 Mars estime en tout cas qu'il « ne sera plus possible de contourner ce débat ». « Ni la démission du Premier ministre Tammam Salam ni l'élection d'un nouveau président de la République, ne parviendront désormais à occulter ce débat. » L'abandon du triptyque de la Résistance et l'élan renouvelé des ministres du 14 Mars auraient presque institutionnalisé ce débat. Dans cette logique, Farès Souhaid va jusqu'à qualifier de « manœuvre » le choix des ministres du 14 Mars de prendre part au gouvernement. « Ils ont réussi en effet à mettre le Hezbollah devant le fait accompli d'un débat dont il ne peut plus se désengager. »
Cette démarche conforterait les principes invoqués, malgré la lassitude des déceptions accumulées, par la base civile et indépendante du 14 Mars. C'est d'ailleurs la question de savoir « ce que signifie de faire partie du 14 Mars en 2014 » qui sera le thème de la cérémonie du BIEL.
Prié d'y répondre d'ores et déjà, Farès Souhaid revient d'abord sur « l'effondrement en 2013 de la frontière politique, morale, militaire et géographique entre nous et la Syrie, qui se transpose au niveau du panorama politique intérieur ».
« Cet effondrement est lié à la volonté du régime syrien d'appliquer la politique de la terre brûlée aussi bien en Syrie qu'au Liban, ce qui explique les rounds de violences à Tripoli, le double attentat contre les mosquées al-Takwa et as-Salam, les assassinats politiques, y compris peut-être aussi les liquidations au sein du Hezbollah, voire les attentats perpétrés contre la banlieue sud ». Cette volonté serait confortée par celle du Hezbollah engagé en Syrie.
Le rôle du 14 Mars face à ce schéma serait de remédier à « la panique nationale qui en découle, cette panique étant ressentie au sein de chaque communauté sans exception, quoique différemment ». Les minorités, à savoir les chrétiens et les druzes, « vivent cette situation d'une manière démissionnaire, convaincues que la guerre, de nature chiito-sunnite, les dépasse ». « Non seulement cette démission fait fi de leur rôle historique au sein du pays depuis 1920, mais elle finira par porter un coup fatal au Liban. »
Les sunnites, eux, mèneraient deux batailles parallèles, contre la dictature et contre le fanatisme sunnite que cette dictature sécrète. « Les chiites sont également en crise, craignant l'affrontement direct avec les sunnites, sous l'influence iranienne. »

L'unité du 14 Mars démontrée
Dès lors, le 14 Mars préconiserait « un remède national pour toutes les communautés, alimenté par la volonté de sortir de l'angoisse partagée. Et ce remède, seuls les modérés de toutes les confessions seraient à même de l'administrer ». Autrement dit, l'entente serait mue « non par la volonté de toutes les communautés de vivre ensemble, mais par l'impossibilité pour elles de vivre isolées ».
La même règle s'appliquerait en tout cas aux différentes composantes du 14 Mars. « Aucune force politique ne peut se désengager du 14 Mars : en dehors de ce camp, le Futur serait réduit à un mouvement sunnite et les Forces libanaises à un parti chrétien parmi d'autres. » Farès Souhaid estime dans ce cadre que la possibilité d'un appui du Futur au général Michel Aoun pour la présidence, quand bien même cet appui serait favorisé par les protagonistes régionaux, relève « d'une pure science- fiction politique ». « Cette logique, qui consiste à accorder la présidence à un homme capable de maintenir la stabilité grâce à son alliance avec le Hezbollah, et à confier la gestion de l'économie au Premier ministre issu du Futur, rappelle le scénario de la coexistence Émile Lahoud-Rafic Hariri, qui avait abouti au 14 février 2005. »

À la veille du 6e congrès du 14 Mars au BIEL, le coordinateur de la coalition, l'ancien député Farès Souhaid, relève « l'importance cruciale de cet événement », à l'heure où s'exacerbe, sur la scène libanaise, la confrontation politique autour de la Résistance et de ses rapports avec l'autorité de l'État. La tribune sera occupée demain par les Forces libanaises, le...

commentaires (3)

PROPOSÉ... OUI ! IMPOSÉ... NON ! L'HUMILITÉ EST UNE VERTU... NE COPIONS PAS L'ARROGANCE !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 05, le 13 mars 2014

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • PROPOSÉ... OUI ! IMPOSÉ... NON ! L'HUMILITÉ EST UNE VERTU... NE COPIONS PAS L'ARROGANCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 05, le 13 mars 2014

  • À QUATRE PAS D'ICI... PARLE SANS T'ÉMOUVOIR... TE MESURER À MOI ? MES PAREILS ENTERRÉS NE SE FONT POINT CONNAÎTRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 36, le 13 mars 2014

  • Pas mal analysé, par notre chevalier blanc, malgré son propre optimisme débordant !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 41, le 13 mars 2014

Retour en haut