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Liban - La situation

Déclaration ministérielle : de légers progrès, mais l’essentiel demeure en suspens

Réunie hier soir au Grand Sérail sous la présidence du Premier ministre Tammam Salam, la commission ad-hoc chargée de plancher sur la teneur de la déclaration ministérielle reprendra ses travaux demain, vendredi.

Les membres de la commission ad-hoc qui planche depuis plusieurs jours sur la teneur de la déclaration ministérielle du nouveau gouvernement ont tenu hier en début de soirée leur sixième réunion au Grand Sérail sous la présidence du Premier ministre Tammam Salam. Cette séance de travail s'est déroulée dans une atmosphère « sérieuse » et « constructive », selon l'un des membres de la commission, ce qui a permis d'enregistrer de légers progrès concernant les principaux points de divergence entre les deux camps du 14 et du 8 Mars. Il reste que l'essentiel demeure encore en suspens. Ou presque...


Une source ministérielle a indiqué hier soir dans ce cadre à L'Orient-Le Jour que les discussions au sein de la commission ad-hoc sont axées principalement sur trois points fondamentaux qui devraient constituer l'ossature de la déclaration ministérielle, à savoir : la stratégie de défense ; la déclaration de Baabda ; et le problème de la mention – ou non – de la « résistance » (en clair, le bras armé du Hezbollah).


Au cours de la réunion d'hier, les membres de la commission ont clôturé leurs débats au sujet du premier point, souligne la source ministérielle susmentionnée. Ils ont, d'autre part, franchi « la moitié du chemin » concernant la question, litigieuse, de la déclaration de Baabda (adoptée en juin 2012 dans le cadre de la conférence de dialogue réunie au palais de Baabda et qui stipule, rappelle-t-on, que le Liban devrait se tenir à l'écart des conflits régionaux, et plus particulièrement de la crise syrienne). Les discussions relatives à ce deuxième point du document en gestation portent sur une formule de compromis proposée par le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, et transmise à la commission par le ministre joumblattiste Waël Abou Faour. La proposition de M. Joumblatt, indique à L'Orient-Le Jour une source autorisée, vise à concilier les deux points de vue, antagonistes, en présence : d'une part, celui du 14 Mars (appuyé en cela par le chef de l'État) qui insiste pour que la déclaration de Baabda constitue une clause essentielle de la déclaration ministérielle car le gouvernement, et l'État libanais en général, ne saurait agréer et légitimer le fait qu'un seul parti (en l'occurrence le Hezbollah) entraîne de manière unilatérale le pays tout entier dans un conflit externe (la guerre syrienne) qui ne le concerne pas directement ; d'autre part, et face à cette position de principe, le Hezbollah refuse que la déclaration de Baabda soit incluse explicitement dans la déclaration ministérielle car cela aurait pour résultat d'ôter toute légitimité et toute couverture à son implication dans la guerre syrienne, qu'il considère comme une décision hautement stratégique à portée géopolitique régionale.


Face à ces deux attitudes de principe, le leader du PSP propose la formule de compromis suivante : les termes de la déclaration de Baabda seraient repris dans la déclaration ministérielle dans le cadre de l'engagement du gouvernement à respecter les résolutions des différentes conférences de dialogue qui se sont tenues ces dernières années au palais de Baabda et au Parlement ; la déclaration de Baabda ne serait pas mentionnée explicitement en tant que telle (ce qui donne satisfaction au Hezbollah) ; le principe de la distanciation du Liban à l'égard des crises régionales serait mentionné dans une clause à part, indépendante de la mention des termes de la déclaration de Baabda (ce qui donne satisfaction au 14 Mars). En « clair » (si tant est que cela soit possible ...), cette formule revient à faire état des termes du document de Baabda, à l'exception du principe de la distanciation, sans que la mention « déclaration de Baabda » soit adoptée explicitement, et parallèlement, le principe de distanciation serait évoqué dans une clause à part, détachée de la mention (implicite) de la teneur du document de Baabda. C'est ce qu'on appelle couramment un « compromis à la libanaise »... Ou, en langage moins diplomatique, c'est ce qu'on appelle noyer le poisson dans l'eau en pratiquant une politique de l'autruche ...


En tout état de cause, la source ministérielle susmentionnée a précisé tard en soirée à L'Orient-Le Jour que la discussion sur cette formule de compromis n'a pas été tranchée et aucune entente à ce propos n'a encore été dégagée. D'où l'indication que les membres de la commission ad-hoc ont effectué « la moitié du chemin » concernant ce deuxième point portant sur la Déclaration de Baabda.

 

L'écueil de la « résistance »
Reste le troisième point, problématique et épineux, relatif à la mention explicite de la « résistance », réclamée obstinément par le Hezbollah. La source ministérielle précitée indique à cet égard qu'aucun progrès notable n'a été enregistré sur cette question. Là aussi, des formules de compromis sont avancées pour tenir compte aussi bien de la position du Hezbollah que de l'attitude ferme du 14 Mars qui refuse catégoriquement toute mention du tristement célèbre triptyque « armée-peuple-résistance », lequel constitue un véritable crédo pour le Hezbollah car il revient à légaliser et légitimer son statut autonome par rapport à l'État et l'armée.


La formule « à la libanaise » suggérée pour contourner cet antagonisme prévoit d'abandonner le triptyque et de mentionner en contrepartie « le droit des Libanais à la résistance par tous les moyens disponibles ». Mais une telle formulation constituerait un moyen détourné, et hypocrite, de légaliser le statut autonome du Hezbollah qui ne manquerait pas de brandir, de façon hautaine et arrogante, la reconnaissance du « droit des Libanais à la résistance » pour s'en tenir à son arsenal militaire échappant à tout contrôle de la part de l'État. D'où le fait qu'une source ministérielle du 14 Mars soulignait en soirée, en réponse à une question de L'Orient-Le Jour à ce sujet, que la mention « le droit des Libanais à la résistance » est irrecevable.


Ces points (fondamentaux) de litige qui demeurent ainsi en suspens seront discutés au cours de la réunion que la commission ad-hoc tiendra demain, vendredi. La pause enregistrée aujourd'hui devrait permettre aux âmes de bonne volonté (notamment berrystes) de créer le climat propice à la maturation de la sémantique à la libanaise, susceptible de bétonner quelque peu la politique de l'autruche, si chère à certains pôles de la scène politicienne locale.

 

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Les membres de la commission ad-hoc qui planche depuis plusieurs jours sur la teneur de la déclaration ministérielle du nouveau gouvernement ont tenu hier en début de soirée leur sixième réunion au Grand Sérail sous la présidence du Premier ministre Tammam Salam. Cette séance de travail s'est déroulée dans une atmosphère « sérieuse » et « constructive », selon l'un des...
commentaires (6)

Mes chers Ami(e)s, Je voudrais vous dire en deux mots pourquoi je déborde d'optimisme pour le Liban. La constitution interdit au Général Michel Sleiman de se représenter deux fois de suite consécutivement à la présidence du pays. Alors de deux choses l'une : - Ou bien le Général Michel Sleiman quitte le pouvoir au terme de son mandat, auquel cas rien n'interdit à un autre homme politique de se faire élire et de démissionner dans la foulée permettant ainsi au Général Michel Sleiman de reprendre les rênes du pays. - Ou bien le peuple libanais se décide enfin à modifier la Constitution, auquel cas le Parlement vote une disposition nouvelle autorisant par là-même le Général Michel Sleiman à briguer un nouveau mandat sans attendre l'échéance fatidique des six ans. Ainsi, dans tous les cas de figure, le maintien à son poste du Général Michel Sleinan deviendra possible, sa seule présence à la tête de l'Etat préservera le peuple libanais de connaître à nouveau les affres du désordre et de l'anarchie qui suivront immanquablement son départ, la cohésion nationale sera préservée et le Liban sera définitivement sauvé. Certes, nul n'est irremplaçable. Mais nous savons d'expérience que le Général Michel Sleiman est un immense Président. Alors pourquoi chercher au loin puisque que nous avons déjà à portée de main. Très fidèlement, Antoine Hakim-Ged

Ged Antoine

05 h 18, le 28 février 2014

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Commentaires (6)

  • Mes chers Ami(e)s, Je voudrais vous dire en deux mots pourquoi je déborde d'optimisme pour le Liban. La constitution interdit au Général Michel Sleiman de se représenter deux fois de suite consécutivement à la présidence du pays. Alors de deux choses l'une : - Ou bien le Général Michel Sleiman quitte le pouvoir au terme de son mandat, auquel cas rien n'interdit à un autre homme politique de se faire élire et de démissionner dans la foulée permettant ainsi au Général Michel Sleiman de reprendre les rênes du pays. - Ou bien le peuple libanais se décide enfin à modifier la Constitution, auquel cas le Parlement vote une disposition nouvelle autorisant par là-même le Général Michel Sleiman à briguer un nouveau mandat sans attendre l'échéance fatidique des six ans. Ainsi, dans tous les cas de figure, le maintien à son poste du Général Michel Sleinan deviendra possible, sa seule présence à la tête de l'Etat préservera le peuple libanais de connaître à nouveau les affres du désordre et de l'anarchie qui suivront immanquablement son départ, la cohésion nationale sera préservée et le Liban sera définitivement sauvé. Certes, nul n'est irremplaçable. Mais nous savons d'expérience que le Général Michel Sleiman est un immense Président. Alors pourquoi chercher au loin puisque que nous avons déjà à portée de main. Très fidèlement, Antoine Hakim-Ged

    Ged Antoine

    05 h 18, le 28 février 2014

  • ÇA PRENDRA DU TEMPS C'EST NORMAL. TOUS CES GENS RÉUNIS AU GRAND SÉRAIL N'ONT AUCUN POUVOIR D'UN DÉCIDEUR. ILS DOIVENT TRANSMETTRE, CHACUN DE SON CÔTÉ, LES INFORMATIONS DIABOLIQUES QUI ARRIVENT RÉGULIÈREMENT DE L'EXTÉRIEUR DE LA SALLE À LEUR MAÎTRE. LA PROPOSITION DE JOUMBLATT VIA WAËL ABOU FAOUR VA ÊTRE TRANSMISE AUTOMATIQUEMENT À NASRALLAH ET HARIRI. EN FAIT, C'EST UNE RÉUNION À DISTANCE ENTRE CES MÊME MERCENAIRES QUI DOIVENT À LEUR TOUR CONSULTER LES VRAIS DÉCIDEURS QUI SONT L'IRAN ET L'ARABIE SAOUDITE. PAUVRES BOUTROS HARB ET TAMMAM SALAM QUI CROIENT POUVOIR FAIRE QUELQUE CHOSE. DONC ON PEUT TOUJOURS ATTENDRE.

    Gebran Eid

    12 h 22, le 27 février 2014

  • Prenez votre temps chers ministres rien ne presse pour finir cette mascarade de Déclaration ministérielle le pays va vivre son plus beau printemps qui arrivera bientôt .

    Sabbagha Antoine

    11 h 43, le 27 février 2014

  • Depuis 1958 la politique de l'autruche et des stupides compromis nous ont mene la ou on est aujourd'hui, c'est a dire droit dans le mur. D'autres pays tirent les leçons de leur histoire et vont de l'avant. Ici c'est l'inverse. On s'engouffre encore plus et rien ni personne n'y feront tant que la sclérose qui caractérise nos politicards de tout bord ne disparaitra pas. C'est a dire tant qu'un changement profond des mentalités ne prendra pas le dessus. A quand le grand coup de balai ?

    Tabet Karim

    09 h 24, le 27 février 2014

  • Ce n'est plus du tout "la politique de l'autruche", c'est du pur et écoeurant "nifaq". La déclaration ministérielle d'un gouvernement qui se respecte devrait dire : SEUL L'ETAT LIBANAIS A LE DEVOIR, LE DROIT ET LA LEGITIMITE DE RESISTER A L'ENNEMI ISRAELIEN, ET DANS CE BUT LE GOUVERNEMENT FERA TOUT LE POSSIBLE POUR RENFORCER L'ARMEE, A COMMENCER PAR LA DOTER DES ARMES DE LA FRANCE EN NEGOCIATION AVEC LE GOUVERNEMNT FRANCAIS, DANS LE CADRE DE L'AIDE DE l'ARABIE SAOUDITE. Wnoqtat 3ala alsatr !

    Halim Abou Chacra

    07 h 02, le 27 février 2014

  • Bon, ces "anges" ou démons, quels "sexe" auront-ils en fin de compte ? !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 39, le 27 février 2014

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