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Moyen Orient et Monde - Défense

Tokyo revient discrètement sur le marché des armes

Petit à petit, discrètement mais sûrement, le Japon est en train de revenir sur un marché qu'il s'était interdit en 1967 en tant que vaincu de la dernière guerre : celui des armes et du matériel militaire, à un moment où les tensions régionales sont très vives.
Selon l'agence de presse Kyodo, le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir a l'intention d'assouplir l'interdiction pour le Japon d'exporter des armes ou de participer à des programmes d'armements. Pour ce faire, poursuit Kyodo, le nationaliste Premier ministre Shinzo Abe entend faire approuver en mars par son gouvernement un texte permettant au Japon, par exemple, d'exporter du matériel militaire à des pays qui se situent le long de voies maritimes par lesquelles transitent les indispensables et vitales importations de pétrole et de gaz du Japon. Il pourrait ainsi être question de l'Indonésie, du Vietnam ou des Philippines, pays riverains de la mer de Chine méridionale qui s'inquiètent, comme le Japon, des ambitions maritimes grandissantes de la Chine. Tokyo pourrait leur vendre des navires d'occasion.
Selon les nouvelles règles envisagées, le Japon s'interdirait toutefois les exportations d'armes qui pourraient représenter une menace pour la paix et la sécurité mondiales, et le gouvernement s'assurerait au préalable contre tout risque de réexportation vers un pays tiers. Le Japon produit notamment des munitions, des fusils d'assaut, des chars, des navires, des chasseurs-bombardiers F2, un hydravion quadrimoteur longue portée, l'US-2, qu'il essaye de vendre par exemple en Inde.
Plus qu'une interdiction, la décision de 1967 représentait un interdit quasi moral que le Japon s'infligeait, en ligne avec le pacifisme de la Constitution imposée par le vainqueur américain en 1947 et selon laquelle le Japon renonçait « à jamais » à la guerre. C'est justement cette Constitution que M. Abe entend réformer avec en ligne de mire le fameux article 9 qui consacre ce renoncement à la guerre et empêche les forces nippones de faire autre chose que défendre le territoire national. Le très conservateur Premier ministre Abe entend ainsi promouvoir son idée que le Japon pourrait, au nom d'un principe d'« autodéfense collective », se porter au secours d'alliés en difficulté, au premier rang desquels les Américains.

Une question sensible
Concrètement, le Japon avait décidé en 1967 d'interdire les exportations d'armes vers les pays communistes, vers ceux qui sont sous un embargo de l'ONU sur les ventes d'armes et enfin vers les pays impliqués dans des conflits internationaux ou susceptibles de l'être. Ces restrictions avaient été encore renforcées en 1976, aboutissant à une interdiction totale des ventes d'armes. Mais fin 2011, Tokyo a donné un premier petit coup de canif dans son auto-interdiction en ouvrant la voie à la participation de firmes japonaises à des projets d'armement avec l'étranger. Les nouvelles règles permettent le développement et la production d'armes en partenariat avec les États-Unis (notamment pour le bombardier furtif F-35) et des pays européens, et l'exportation d'équipements militaires à des fins pacifiques et humanitaires, comme dans le cas de missions de maintien de la paix de l'ONU.
Depuis, le Japon a passé des accords avec par exemple l'Angleterre pour des tenues NBC (nucléaire, bactériologique, chimique) et six projets de recherche ou de codéveloppement de systèmes d'armements, envisage une coopération avec la Turquie (moteurs de chars) et s'apprêterait à le faire avec la France (hélicoptères, propulsion sous-marine et drones sous-marins) à l'occasion d'une visite de Shinzo Abe en mai prochain à Paris. « C'est indubitable que le Japon ait changé de braquet en la matière », commente un diplomate en poste à Tokyo sous le couvert de l'anonymat.
Il reste que la question du « pacifisme » officiel du Japon (via sa Constitution), tout comme celle des exportations d'armes ou d'une participation à des projets d'armements internationaux, reste très sensible au Japon. Selon un tout récent sondage réalisé par Kyodo, près de 67 % des Japonais seraient opposés à des exportations d'armes, contre 26 % qui seraient d'accord. Et globalement, une majorité des Japonais reste attachée à leur Constitution pacifiste.

(Source : AFP)

Petit à petit, discrètement mais sûrement, le Japon est en train de revenir sur un marché qu'il s'était interdit en 1967 en tant que vaincu de la dernière guerre : celui des armes et du matériel militaire, à un moment où les tensions régionales sont très vives.Selon l'agence de presse Kyodo, le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir a l'intention d'assouplir l'interdiction pour le...

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