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Liban - Liban

Élan de solidarité civile pour restaurer la bibliothèque el-Sa’eh de Tripoli

Les flammes avaient à peine eu le temps de s'éteindre que nombreux sont les volontaires qui ont voulu mettre la main à la pâte.

Un paysage de désolation après l’incendie de la vieille bibliothèque, très connue à Tripoli.

L'incendie criminel qui a consumé une partie de la vieille bibliothèque el-Sa'eh (le touriste), dans la nuit de samedi à dimanche, a été l'étincelle qui a provoqué une solidarité civile extraordinaire dans la ville de Tripoli. Dès le premier soir, des dizaines de jeunes se sont rassemblés pour décider de se lancer dans la restauration de la vieille bibliothèque, tenue par le père Ibrahim Sarrouj, bien connu et apprécié des habitants de la ville. C'est ce que nous apprend l'un de ces jeunes, Mohtaz Salloum. Il prend le soin de préciser que les participants à ce mouvement n'appartiennent à aucun courant politique et ne sont pas dans une association donnée, mais qu'ils ont à leur actif l'organisation de l'événement « Noël à Tripoli » le 22 décembre dernier.
« Dès le lendemain de l'incendie, nous avons commencé le nettoyage de la bibliothèque, raconte Mohtaz. À 15h30, nous avons été rejoints par de nombreux habitants qui ont participé à un sit-in de protestation devant la bibliothèque. Le lendemain, il y avait plus de volontaires encore. Nous avons trié les livres entre ceux qui sont encore en bon état, ceux qui doivent être restaurés et ceux qui sont irrécupérables. Nous avons tout stocké dans des cartons dans le jardin, sur une estrade surélevée. Plus tard, nous avons vidé un appartement appartenant à l'un d'entre nous, pour y restaurer les livres qui doivent l'être. »


La bibliothèque el-Sa'eh porte ce nom entre autres parce qu'elle est fréquentée par des étrangers autant que par des Libanais, attirés par la présence de livres rares et introuvables ailleurs. Mohtaz précise que « 15 à 20 % seulement des livres ont été perdus, parmi eux pas d'ouvrages d'une grande importance, à part deux manuscrits très précieux qui se trouvaient dans le bureau du prêtre ».


Les volontaires comptent donc poursuivre leurs travaux après le nettoyage de base effectué. Une réunion avec le fondateur d'Offre-Joie, Melhem Khalaf, a été organisée. Main dans la main, l'association et les jeunes volontaires entameront la seconde phase de rénovation demain et les week-ends suivants. « Sur notre page Facebook (chercher l'expression "Kafana Samtan" en arabe), les volontaires qui le désirent trouveront un formulaire qui leur permettra de nous transmettre leur volonté de participer à notre action et de nous préciser leur disponibilité, souligne Mohtaz. Deux experts en restauration de livres, venant de l'Université Saint Esprit de Kaslik (USEK) et de l'Université Saint-Joseph (USJ), viendront former les bénévoles qui travailleront sur les ouvrages. D'autres experts prêteront main forte aux volontaires qui seront actifs dans le nettoyage des pierres de la vieille bibliothèque. »


Selon Mohtaz, dès les premières heures, des civils ont avancé des dons pour permettre de financer la campagne de restauration. « Nous collectons d'autres dons actuellement, dit-il. Nous avons posté une vidéo de notre activité sur le site Zoomal à cette fin. » Pour tous ceux qui voudraient entrer en contact avec ces jeunes, il est possible d'appeler Mohtaz Salloum au 70/583999, ou encore Jihad Jneid au 03/489970.


Seul bémol : ce que Mohtaz qualifie de « guerre des hommes politiques » menée contre eux. Déjà au premier sit-in, les organisateurs avaient signifié aux députés présents que « leur place est au Parlement, pas avec nous ». Les députés, au nombre de deux, se sont retirés. Plus tard, une chaîne appartenant à un courant adverse a exploité l'incident, assurant que ce courant est présent dans la campagne de restauration depuis le début. « C'est faux, assure Mohtaz. Tous les hommes et courants politiques ne sont pas les bienvenus, parce que nous les tenons pour responsables de l'état actuel du pays. Et nous ne voulons pas politiser l'affaire. » Qu'en est-il des coupables de l'incendie qui n'ont toujours pas été arrêtés ? « L'un des rôles que nous comptons jouer est de suivre cette affaire auprès des services de sécurité, afin qu'elle ne soit pas classée », affirme-t-il.

 

À vos livres !
Dès les premiers instants après l'incendie de la librairie, l'élan spontané de solidarité s'est concrétisé par l'envoi de dizaines d'ouvrages aux organisateurs de la campagne, comme nous l'a souligné Mohtaz. Toutefois, une campagne plus organisée pour la collecte de livres a été lancée peu après par les scouts du Liban, groupe CJC Tripoli, dont le local se trouve à la rue Saint-Maron dans la ville. Yvonne Mourani, l'une des coordinatrices de la campagne, nous apprend que tous les livres de philosophie, histoire, religion ou littérature classique, dans les trois langues arabe, française et anglaise, sont les bienvenus. À condition qu'ils soient en bon état.
Tous ceux qui aimeraient faire un don de livres peuvent appeler Yvonne Mourani au 03/684018.

Pour mémoire

Hypercondriaques, le billet de Ziyad Makhoul

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