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Liban - L’éclairage

Trois nouveautés dans le discours de Nasrallah préludent à une entente autour du gouvernement

Le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah a laissé entrevoir de nouvelles positions qui ont tranché avec les constantes jadis prônées par Hassan Nasrallah, telles que la résistance, la victoire ou la « moumanaa ».
La nouveauté, soutient un ancien ministre, s’est illustrée par une évolution qualitative autour de trois points : la reconnaissance de la légalité de l’État de manière explicite, la reconnaissance de l’existence d’un courant centriste incarné par le chef de l’État et, enfin, l’acquiescement à l’invitation du chef de l’État à la table de dialogue. La source précitée a estimé que cette intervention a par ailleurs clairement reflété une divergence entre le parti chiite et ses alliés, notamment le président de la Chambre, le chef du CPL et le chef des Marada.


La reconnaissance par le numéro un du parti chiite de la légalité de l’État s’est clairement manifestée lorsqu’il a affirmé que l’État est désormais responsable et peut se substituer aux éléments du parti là où les forces légales peuvent se déployer, comme cela s’est passé lundi dans la banlieue sud. Hassan Nasrallah – qui a dénoncé ouvertement le concept d’autosécurité – s’est engagé à faire de même dans les régions de Baalbeck et de Nabatiyeh lorsque l’État aura la capacité de s’y déployer.


Ce réveil soudain en faveur de l’État s’explique, affirment des sources proches du 14 Mars, par l’irritation ressentie au lendemain de la mobilisation des unités du parti chiite dans la banlieue sud et le mécontentement suscité par certaines exactions commises par les éléments postés aux barrages.
Selon les sources en question, l’acquiescement du Hezbollah à l’entrée des forces légales dans son fief n’est autre qu’une tentative de la part du parti de redorer son blason afin de sauver son image de marque aux yeux de sa communauté et des milieux qui le soutiennent, la pratique des derniers jours ayant affecté sa réputation ainsi que la situation économique dans la banlieue sud, mais aussi à Baalbeck, Nabatiyeh et dans le jurd de Jbeil.

 

(Lire aussi: Déploiement de la « force mixte » dans la banlieue sud : les démocrates chiites entre optimisme prudent et scepticisme)


Deuxième point d’orgue dans le discours de Hassan Nasrallah : le fait que ce dernier ait reconnu publiquement l’existence du camp des centristes, au moment où il a abordé la question de la formation du gouvernement et a fait état de la position du parti concernant les tractations en cours, reconnaissant explicitement la tendance centriste qu’incarnent le chef de l’État Michel Sleiman et le député Walid Joumblatt uniquement, non sans préciser que le Premier ministre désigné, quant à lui, n’est pas considéré par le parti chiite comme un centriste, mais qu’il fait plutôt partie du camp du 14 Mars.
Par conséquent, a laissé entendre le dignitaire chiite, Tammam Salam ne saurait être inclus dans la quote-part allouée aux centristes (8 postes ministériels en tout). Selon les comptes de Nasrallah, la formule des 8x3 équivaut en réalité à la formule des 8 (8 Mars), 10 (14 Mars) et 6 (indépendants). Toutefois, c’est vers l’équation des 6-9-9 que va la préférence du parti chiite, a laissé entendre son leader.

 

(Lire aussi: Aoun : Que Salam aille former le gouvernement avec al-Nosra...)


Pour les observateurs, la reconnaissance par le Hezbollah de l’indépendance de la position du chef de l’État peut être considérée comme une réponse de la part de Nasrallah à ses alliés Michel Aoun et Sleimane Frangié qui refusent d’admettre à ce jour que Michel Sleiman se trouve effectivement au centre, convaincus que le président s’est rallié depuis longtemps aux forces du 14 Mars. C’est ce qui a fait dire à un ministre dans le gouvernement sortant que le clin d’œil de Hassan Nasrallah au centrisme de Michel Sleiman était d’autant plus remarquable que ce dernier avait récemment exprimé des positions considérées par le parti comme le ciblant directement.
La position inédite qui ressort du discours du leader chiite reflète la nouvelle orientation du parti et sa disposition à poursuivre la communication avec la première magistrature, assure un responsable politique informé. Certains ont été même jusqu’à considérer que les propos du leader chiite sont un indice clair en direction de l’échéance présidentielle de 2014 et l’expression de son attachement à un président centriste, ce qui signifie que les chances de MM. Aoun et Frangié ont nettement diminué.

 

(Lire aussi: Le chef de la diplomatie de Bahreïn qualifie Nasrallah de « criminel »)


Troisième et dernière nouveauté dans ce discours, la réponse positive à l’invitation au dialogue formulée par le chef de l’État, Hassan Nasrallah ayant accepté d’y participer indépendamment de la position de parties tierces. Pour le leader chiite, le dialogue devrait toutefois survenir en aval de la formation du gouvernement et non en amont, comme le suggère le président du Parlement. Il a également avalisé l’idée lancée par le chef de l’État selon laquelle la déclaration ministérielle devrait être examinée et convenue à la table de dialogue autour de laquelle pourrait également être discutée toute autre idée, dont la participation du Hezbollah aux combats en Syrie.
Dans les milieux du 14 Mars, on reste convaincu que les dernières prises de position du secrétaire général du parti chiite tranchent avec celles exprimées par Nabih Berry dans le cadre de son initiative en faveur du dialogue, ce dernier devant avoir lieu, selon lui, préalablement à la formation du gouvernement.


Fait marquant dans son intervention, le chef du Hezbollah n’a évoqué à aucun moment la position de distanciation du Liban, la déclaration de Baabda ou la stratégie de défense. Toujours est-il que ses positions concernant le gouvernement pourraient constituer un fondement pour une entente future autour de la formule à adopter, ce qui pourrait faciliter la mise sur pied d’un gouvernement le mois prochain, estime un ancien ministre.

 

 

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Le chef de l’État au « Figaro » : Un gouvernement d’ici à début octobre

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ET N'A ÉVOLUÉ NI MÊME D'UN CHOUÏA !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 10, le 26 septembre 2013

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Commentaires (5)

  • ET N'A ÉVOLUÉ NI MÊME D'UN CHOUÏA !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 10, le 26 septembre 2013

  • L'ENTENTE DES SOURDS-MUETS !

    SAKR LOUBNAN

    13 h 48, le 25 septembre 2013

  • Il n'y a rien a tirer de Hassouna autre que le plan de la remise des armes a l’armée. Tout le reste n'est que perte de temps. Apres la remise des armes nous parlerons de la loi électorale. Apres celle-ci des élections et après il faut laisser la vie démocratique prendre son cours. La pierre angulaire pour la paix au Liban c'est la remise des armes a l’armée. Une fois le Liban sur les rails et l’armée revalorisée, celle-ci retirera les armes de toutes autres parties présentent sur le territoire et assurera la protection des intérêts du pays aux frontières avec Israël mais aussi la Syrie et ce allant de Chebaa a Nahr el bared et par la force si nécessaire. Nous pourrons alors le faire sans problèmes et tous ensemble main dans la main.

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 41, le 25 septembre 2013

  • Rohani à l'ONU,Nasrallah à Beyrouth. Rien que de très logique là-dedans.Comme dirait quelqu'un que je connais bien,if you can't beat them,join them...la pragmatique solution,quoi!

    GEDEON Christian

    09 h 30, le 25 septembre 2013

  • Aucunement.... Car, sur le fond, il n'a évolué même pas d'un iota !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    06 h 51, le 25 septembre 2013

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