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À La Une - Égypte

Le Caire à nouveau à feu et à sang, comme chaque jour désormais

Plus de 75 morts dans les violences lors de manifestations pro-Morsi ; les partisans des Ikhwane appellent à manifester tous les jours.

Les dirigeants des principaux pays européens ont entamé hier des consultations pour « porter un message européen fort » et réexaminer leurs relations avec l’Égypte. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne devraient d’ailleurs se réunir la semaine prochaine dans ce but, alors que les heurts entre des milliers de partisans du président islamiste déchu Mohammad Morsi et les forces de l’ordre ont fait au moins 75 morts hier à travers le pays. Amr Abdallah Dalsh/Reuters

Chaque jour se suit et semble se ressembler...


Les violences entre partisans du président islamiste déchu Mohammad Morsi, mobilisés par milliers, et forces de l’ordre ont fait au moins 75 morts hier en Égypte. Dans la capitale verrouillée par l’armée déployée en masse et quadrillée par des « comités populaires » propouvoir, des tirs d’armes automatiques ont été entendus dans l’après-midi dans différents quartiers, notamment autour de la place Ramsès où étaient massés des milliers de pro-Morsi. Dans deux morgues improvisées dans des mosquées attenantes, un correspondant de l’AFP et des témoins ont compté au moins 39 corps. Dans le centre de la capitale, des témoins ont rapporté avoir vu un homme sauter d’un pont pour éviter les balles alors que les chars se dirigeaient vers les manifestants. Les télévisions égyptiennes ont montré des hommes tirer au fusil d’assaut Kalachnikov depuis un pont du Caire mais il était impossible de savoir s’il s’agissait de manifestants ou de policiers en civil. Le Parti de la liberté et de la justice, le bras politique des Frères musulmans, a fait état de 130 morts dans la capitale seule.


En outre, des sources médicales et de sécurité ont affirmé que 31 personnes avaient été tuées dans différentes provinces. Des tirs ont également été entendus dans d’autres grandes villes du pays où les pro-Morsi manifestaient comme à Alexandrie, où les violences auraient fait cinq morts au moins, Beni Soueif et Fayoum au sud du Caire, et dans la ville touristique de Hurghada sur la mer Rouge. Le ministère de l’Intérieur a aussi fait état de plusieurs attaques des pro-Morsi contre des postes de police. Et dans la soirée, à Suez, cinq personnes ont été tuées par les forces de l’ordre et des dizaines blessées lors d’une manifestation bravant le couvre-feu, selon des sources de sécurité.

 

(Lire aussi : Davantage de division et de violences à craindre en Egypte)


Alors que des quartiers entiers du Caire ont été transformés en champs de bataille tout au long de la journée durant laquelle les pro-Morsi se sont mobilisés en masse à travers le pays, les manifestations ont quasiment cessé une heure après l’entrée en vigueur du couvre-feu nocturne, à l’appel de « l’Alliance contre le coup d’État ». La coalition a toutefois appelé à des manifestations quotidiennes durant une semaine à compter d’aujourd’hui pour dénoncer le « massacre » de mercredi, journée la plus sanglante depuis la chute du régime Moubarak en février 2011 avec 578 morts et plus de 3 000 blessés, en majorité des islamistes tués dans la dispersion par l’armée et la police de leurs camps au Caire.


Selon une porte-parole de la Coalition pro-Morsi contre le « coup d’État », des membres des Frères musulmans, dont au moins deux parlementaires, ont été encore arrêtés. Depuis le coup de force des militaires, la majorité des dirigeants de la confrérie ont été interpellés ou sont en fuite. M. Morsi est lui-même toujours détenu au secret. Le guide suprême des Frères Mohammad Badie, en fuite, a promis hier dans sa lettre hebdomadaire à ses partisans que les responsables des « massacres » allaient devoir payer. Les Frères musulmans ont évoqué 2 200 morts et plus de 10 000 blessés mercredi.

La presse déchaînée
De son côté, le pouvoir mis en place par l’armée après la destitution de M. Morsi le 3 juillet affirme désormais se battre contre un « complot terroriste malveillant des Frères musulmans » et a autorisé ses hommes à ouvrir le feu sur les manifestants. La presse égyptienne, quasiment unanimement acquise à l’armée, s’est quant à elle déchaînée contre la confrérie. « Les milices des Frères détruisent les biens du peuple », titrait le journal privé al-Masry al-Youm au-dessus d’une photo du siège de la province de Guizèh ravagé par les flammes. La télévision publique égyptienne a, elle, salué hier en héros quatre policiers tués au cours des violences de l’avant-veille, renforçant l’inquiétude du camp libéral qui craint un retour à la toute-puissance policière de l’époque de l’ancien président Hosni Moubarak. Mohammad Ibrahim, le ministre de l’Intérieur, a dans la foulée annoncé que 43 policiers avaient été tués au cours des heurts de mercredi entre les forces de sécurité et les partisans des Frères musulmans. Vingt-quatre policiers égyptiens auraient également été tués dans les violences au cours des vingt-quatre heures écoulées, d’après un responsable des services de sécurité hier soir.

 

(Lire aussi : L’Europe veut réexaminer ses relations avec l’Égypte)


Parallèlement aux violences, de nouvelles révélations concernant les affrontements meurtriers de mercredi continuaient de voir le jour hier. Ainsi, trois journalistes, deux Égyptiens et un caméraman britannique de Sky News, auraient été tués le 14 août en couvrant les violences, et plusieurs autres ont été blessés, menacés ou interpellés, a rapporté hier Reporters sans frontières (RSF). Les forces de l’ordre ont également interpellé de nombreux reporters et photographes égyptiens et étrangers, les empêchant de couvrir la violente dispersion des sit-in pro-Morsi.

 

 

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