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Liban

Avalanche de louanges au discours du chef de l’État

Plusieurs personnalités politiques ont salué au cours du week-end le discours prononcé jeudi par le président Michel Sleiman, à l’occasion de la fête de l’Armée, et ont stigmatisé le tirs de roquettes contre Baabda et Fayadiyé, dans la même nuit. Au niveau ministériel cependant, on a essayé d’interpréter le discours présidentiel, en essayant d’en atténuer la dimension.


Les ministres démissionnaires Marwan Charbel et Panos Manjian ont tous deux relevé que c’est « le Liban dans son ensemble » qui a été visé par les tirs de roquettes, dans la nuit de jeudi à vendredi. Dans une déclaration samedi à l’agence al-Markaziya, M. Manjian a jugé nécessaire d’ « attendre les résultats de l’enquête au sujet de cette attaque, loin de toutes spéculations politiques ». « Il se peut qu’une partie terroriste interne ou externe ait voulu réagir au discours du chef de l’État », a-t-il ajouté, en expliquant que sur base de son expérience, « ce genre de roquettes n’est pas très précis et est normalement employé pour constituer un barrage de feu dans certains points de combats, mais jamais contre un objectif déterminé ». « Pour cette raison, je ne pense pas que des personnes déterminées étaient visées, comme la presse essaie de l’insinuer. Mais parce que les roquettes sont tombées dans une région qui abrite le ministère de la Défense et la présidence de la République, on a voulu considérer qu’elle avaient été lancées contre quelqu’un de particulier », a-t-il ajouté.


Prié de commenter le discours présidentiel, le ministre a rappelé que « le chef de l’État est garant de la Constitution », avant de poursuivre : « Nous n’acceptons pas les interventions étrangères au Liban, surtout que de nombreuses parties en étaient responsables et continuent de se mêler de nos affaires sur les plans politique, de sécurité et militaire. Pour cette raison, certaines parties libanaises se voient contraintes d’intervenir en dehors des frontières. » M. Manjian a ainsi estimé que l’implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie « est une réaction aux interventions étrangères » au Liban, mais sans donner davantage d’explications sur la nature de ces interventions.


Dans une déclaration à la radio, M. Marwan Charbel a, à son tour, essayé d’expliquer les propos tenus par le chef de l’État, en relevant que « ce qu’il a voulu dire est qu’une résistance réussie devrait se situer dans le cadre du Liban ». « Lorsqu’il a évoqué les armes employées en dehors des frontières nationales, il n’a pas seulement fait référence à la Résistance mais à tous ceux qui combattent à l’étranger (en Syrie) et n’a visé personne de particulier », a indiqué M. Charbel, en expliquant que le président « a surtout insisté sur le fait que l’armée représente le principal bouclier pour la protection de l’État » et qu’il avait été « le premier à dénoncer la décision européenne d’inscrire le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes ».


Dans les milieux du 14 Mars, le discours présidentiel continue de susciter des réactions enthousiastes. Le député Nidal Tohmé a ainsi considéré que M. Sleiman a « pu, en dépit de la structure fragile de l’État, restituer aux positions officielles leurs lettres de noblesse, ce qui a donné de l’espoir à beaucoup de Libanais et prouvé qu’il est un véritable homme d’État ». « Il a eu le courage de mettre le doigt sur la plaie, de relever les lacunes et d’appeler à les corriger, parce qu’il est soucieux de l’intérêt du pays », a-t-il ajouté, en estimant que son opposition à l’usage des armes du Hezbollah en dehors des frontières a « contribué à préserver un minimum de dignité libanaise, sans qu’il ne prenne position en faveur d’une partie contre une autre ». « C’est une cause nationale qu’il a défendue parce qu’il est conscient que ces armes sont devenues un lourd fardeau pour le Liban, dans la mesure où elles compromettent son unité et son indépendance », a encore dit le parlementaire, qui a jugé que le discours présidentiel se recoupe avec celui que le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a prononcé vendredi, à l’occasion d’un iftar. « Le Hezbollah pourra-t-il prouver aux Libanais qu’il fait partie d’eux ? » s’est-il interrogé, avant de stigmatiser les tirs de jeudi soir, en les attribuant à « des forces qui croient que l’intimidation peut modifier des positions ».

 


Pharaon : Un nouveau contrat politique
 Mais pour son collègue Michel Pharaon, le tir de roquettes dans le périmètre du palais présidentiel représente « un développement inquiétant dans le cours des événements politiques et de sécurité, notamment à cause des cibles choisies, qui représentent les principales garantes de la légalité en ces temps au cours desquels les abus constitutionnels et de sécurité se répètent ».


Après avoir appelé à démasquer et à arrêter les coupables, Michel Pharaon a estimé que le bombardement de jeudi soir « représente, en raison de son timing, un message on ne peut plus clair ». M. Pharaon a exprimé son appui à la teneur du discours présidentiel. À ses yeux, ce texte « représente une occasion pour une véritable union nationale qui transcende les divisions entre les deux camps du 8 et du 14 Mars et qui pave la voie à un nouveau contrat politique fondateur, en vue d’un État authentique protégé par une armée forte, un État au sein duquel les Libanais seraient tous égaux ». « Non aux armes aux mains d’une partie, alors que les autres n’en ont pas, et non aux privilèges, quels qu’ils soient », a encore affirmé M. Pharaon.


M. Pharaon a appelé en outre les Libanais à se rallier au chef de l’État « en raison de l’importance du rôle qu’il assume pour faire sortir le pays de la crise dans laquelle il se débat depuis des années et qui s’est exacerbée avec la guerre en Syrie ». Selon lui, M. Sleiman essaie surtout de « réorienter la boussole que certains dirigeants chrétiens ont perdue, notamment (le chef du CPL) le général Michel Aoun qui a commis un péché à l’encontre des chrétiens, en signant avec le Hezbollah un document d’entente dont la plupart des clauses n’ont pas été appliquées ». « Un péché d’autant plus grave que le parti de Dieu s’et dérobé à tous ses engagements politiques et légaux, au point de s’enorgueillir de sa participation aux combats en Syrie où des dizaines de victimes libanaises tombent alors que l’État devrait en être responsable et non pas des partis qui les envoient mourir sur une terre et pour une cause qui ne sont pas les leurs », a observé M. Pharaon.
Pour lui, « le comportement du Hezbollah en fait le premier suspect dans tout incident de sécurité au Liban, dont les tirs de roquettes, ce qui rend indispensable son retour, avec ses alliés, à la déclaration de Baabda et à la conférence nationale de dialogue, ainsi qu’à la politique de distanciation », par rapport aux événements de Syrie. « Mais nous craignons, a noté M. Pharaon, que le Hezb n’ait perdu le chemin et se soit mis à lancer des roquettes à l’intérieur du Liban au lieu de les orienter contre Israël. »


Abondant dans le même sens, son collègue des Forces libanaises, Antoine Zahra, a relevé samedi au cours d’un dîner des FL à Qleïat, dans le Kesrouan, que le président Sleiman a « formulé dans son discours toutes les idées dont nous rêvons, à savoir l’unité de l’État, la souveraineté des institutions et l’autorité politique et militaire unique ». « Et même si d’autres ont la capacité de défendre le Liban, cette capacité devrait être mise à la disposition de l’armée », a-t-il ajouté, avant de juger que c’est parce qu’il avait « affirmé qu’il ne plierait pas devant la paralysie, l’intimidation et les accusations de traîtrise et qu’il était prêt à soutenir la formation d’un gouvernement neutre qu’il les a irrités au point qu’ ils ont lancé leurs roquettes contre Baabda ».

 


Samir Frangié
L’ancien député Samir Frangié a, pour sa part, souligné que le discours présidentiel constitue une « intifada dont l’objectif est d’empêcher une guerre civile au Liban ». Selon M. Frangié, le président Sleiman « n’a pas créé un problème mais a confirmé une réalité ». Il a averti que le Liban se trouve au bord d’une guerre civile, notamment entre les chiites et les sunnites, avant de mettre en garde le Hezbollah contre un glissement vers ce genre de discorde.
Le député Hani Kobeyssi, du bloc parlementaire du Développement et de la Libération (Amal), a attribué quant à lui la responsabilité des tirs de roquettes jeudi soir à « des parties occultes qui veulent plonger le Liban dans la discorde et le chaos et tenter de modifier les priorités libanaises, pour faire prévaloir les divisions et les hostilités internes au détriment de l’unité et de la Résistance ». Le parlementaire a réitéré son appel à la reprise de la conférence nationale du dialogue, pendant que son collègue du bloc Joumblatt, Alaeddine Terro, se félicitait, dans le mot qu’il a prononcé à l’iftar de la Fondation al-Irfane, des positions adoptées par le chef de l’État durant la fête de l’Armée. Il a notamment salué un » discours responsable dont l’objectif est d’édifier les institutions et l’État ainsi que son appel à la reprise du dialogue et à l’établissement d’une stratégie nationale de défense.


Samedi, le chef du mouvement de l’Indépendance, Michel Moawad, qui a pris contact avec le président Sleiman, a exprimé son appui à ses positions, notamment pour ce qui a trait à l’implication « de certains » dans des combats en dehors des frontières, à la dualité des armes et à la formation d’un gouvernement » même neutre « pour gérer les affaires du pays. Ces positions représentent l’unique voie vers un retour au pouvoir de l’État et à la stabilité. »

Plusieurs personnalités politiques ont salué au cours du week-end le discours prononcé jeudi par le président Michel Sleiman, à l’occasion de la fête de l’Armée, et ont stigmatisé le tirs de roquettes contre Baabda et Fayadiyé, dans la même nuit. Au niveau ministériel cependant, on a essayé d’interpréter le discours présidentiel, en essayant d’en atténuer la dimension.
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