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À La Une - Éclairage

Berry et la peur du vide

Le président de la Chambre Nabih Berry ne cache pas devant ses visiteurs son inquiétude par rapport à la situation actuelle. Il estime ainsi que les incidents sécuritaires qui se multiplient devraient constituer un indice suffisant pour pousser les protagonistes à accélérer la formation d’un nouveau gouvernement, pour resserrer quelque peu les vis sécuritaires du pays. Selon lui, l’explosion de la voiture piégée dans la banlieue sud pourrait bien être le début d’une série d’incidents de ce genre, surtout après les informations sécuritaires qui font état de l’introduction d’une quantité importante d’explosifs au Liban et l’arrestation par l’armée d’un groupe transportant des ceintures explosives. Toujours selon ses visiteurs, M. Berry évoque fréquemment la crainte d’un vide au niveau de toutes les institutions, en particulier au niveau du commandement de l’armée, qui serait de nature à paralyser cette institution cruciale pour les Libanais, surtout en une période aussi délicate.


Avec ses conseillers, M. Berry serait en train de chercher une formule qui permettrait d’éviter ce vide à la tête de l’armée, d’autant que le chef d’état-major atteint l’âge de la retraite au début du mois d’août, et le commandant en chef le 24 septembre. Les milieux de la présidence de la République expriment aussi le même son de cloche, laissant entendre qu’il existe une possibilité sur laquelle les responsables travaillent actuellement et qui permettrait d’éviter la vacance à la tête de l’armée. Mais le scénario n’a pas encore été divulgué pour augmenter les chances de son aboutissement.


Les milieux de M. Berry reflètent aussi son inquiétude au sujet de la possibilité de l’existence d’un plan destiné à paralyser l’armée, après le gouvernement et d’une façon ou d’une autre le Parlement, pour permettre aux groupes extrémistes de plus en plus nombreux au Liban de bien s’y implanter pour affronter ensuite le Hezbollah et plonger ainsi le Liban dans une confrontation entre sunnites et chiites, qui fait avant tout le jeu d’Israël. Selon les proches de M. Berry, rien ne justifie ainsi la campagne menée par le courant du Futur contre l’armée libanaise à la suite de l’opération de Abra contre cheikh Assir, surtout après les extraits de films diffusés par le commandement de l’armée pendant la dernière réunion de la commission parlementaire de la Défense et qui montrent clairement comment Assir et ses hommes ont attaqué le barrage de l’armée avec des instructions précises de « déchiqueter les militaires ».


Les milieux proches de M. Berry relèvent aussi le fait qu’au cours de cette réunion – qui doit d’ailleurs être suivie d’une autre jeudi – c’est un député chrétien membre du 14 Mars qui a été le plus virulent contre l’armée, accusant clairement le Hezbollah d’avoir participé aux combats contre les hommes de cheikh Assir aux côtés de l’armée. Ces mêmes milieux se demandent d’ailleurs comment le 14 Mars, dans toutes ses composantes, ne cesse de réclamer la remise des armes du Hezbollah à l’armée libanaise, considérée comme étant en mesure de protéger le pays des ambitions et des visées israéliennes et en même temps, il estime que cette armée est incapable de mener seule une opération contre cheikh Assir et ses hommes, au point d’avoir besoin de l’aide du Hezbollah...


En ce qui les concerne, les milieux de Berry estiment que si l’armée affirme qu’elle a mené cette opération seule, il faut la croire et la soutenir car elle est la seule institution en mesure d’assurer la sécurité de tous les Libanais. En même temps, ces milieux rappellent que le chef du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Saad Hariri, avait été le premier à soutenir l’armée par le biais d’un coup de fil au commandant en chef au cours duquel il l’avait félicité d’avoir mis un terme aux exactions de cheikh Assir, avant de proposer la prorogation de son mandat à la tête de la troupe. À peine cette phrase lancée, le chef du bloc parlementaire du Futur, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, a déclenché une campagne contre l’armée, en invoquant le rôle supposé du Hezbollah dans la bataille de Abra. C’est un peu comme si Siniora avait voulu court-circuiter l’initiative de Saad Hariri, estiment les milieux proches de M. Berry. Et aujourd’hui, la campagne est devenue si violente qu’il est difficile d’assurer un quorum parlementaire pour la séance plénière prévue ce matin. Les proches de M. Berry insistent ainsi sur le fait qu’il ne compte pas renoncer à sa décision de convoquer des séances plénières successives, tant qu’il le faudra jusqu’à ce qu’elles se tiennent, car il est convaincu qu’il ne faut pas céder à la tentation du vide, à n’importe quel prix.


Fidèle à son habitude, M. Berry poursuivra donc ses tentatives de lancer un dialogue, précisent ses proches, car il ne voit pas d’autre moyen pour aider le Liban à sortir de la crise actuelle dans laquelle il se débat. Dans ce contexte complexe, il estime que la paralysie des institutions et la fermeture des canaux de contact et des lieux de rencontre doivent être évitées pour empêcher chaque camp de rester sur ses positions, sans entendre celles des autres. Même s’il a parfois le sentiment de prêcher dans le désert, il ne se laissera pas aller au découragement, car il ne voit pas pour les Libanais d’autre destin que le dialogue entre eux.

 

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