Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban-Sécurité

Un Grad, oui, mais contre qu(o)i ?

La roquette de Ballouneh visait-elle le palais de Baabda, Yarzé ou la banlieue sud ?

L’armée a bouclé le secteur où ont été trouvées les rampes de lancement des deux roquettes, à Ballouneh.Joseph Eid/AFP

Deux lance-roquettes ont été découverts hier par l’armée à Ballouneh (Kesrouan). Aussitôt, l’armée a confirmé que la roquette de type Grad 122 mm, qui s’est abattue sur un pylône électrique supportant des câbles de haute tension entre Bsous et Jamhour vers 0 heure trente dans la nuit de jeudi à vendredi, avait bien été tirée à partir de la localité kesrouanaise. Un problème technique semble avoir empêché le tir de la seconde roquette.
Trois suspects auraient déjà été arrêtés par l’armée dans le cadre de cette affaire, selon plusieurs sources informées. Deux de ces suspects seraient syriens.
La roquette lancée dans la nuit de jeudi à vendredi a effectivement atteint un câble de haute tension dans une vallée entre Jamhour et Bsous, a confirmé un communiqué de l’armée. D’ailleurs, une très brève défaillance dans l’alimentation en électricité avait été constatée par les habitants de Beyrouth et des régions environnantes. La déflagration avait été entendue jusqu’au Kesrouan. Des habitants de Ballouneh ont assuré hier à la Voix du Liban avoir vu des flammes, vers minuit et demi, dans les pinèdes entre Kahalé et Bsous.
Le commissaire du gouvernement près le parquet militaire, le juge Sakr Sakr, s’est rendu sur place pour suivre l’enquête et inspecter les rampes de lancement à Ballouneh. « Nous n’avons pas terminé le prélèvement des indices, a-t-il déclaré hier. Il n’y a rien de nouveau pour le moment. L’enquête est en cours. »

(Lire aussi : Fermeté notable de l’armée qui tance « ceux qui ne cessent de l’accabler »)


Spéculations sécuritaires et politiques...
Dès que la nature de l’explosion a été connue, les spéculations allaient bon train non seulement sur la partie responsable du lancement de la roquette, mais également sur la véritable cible visée. Selon une source de sécurité la roquette visait en fait la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah. Mais d’autres sources bien informées ont émis l’hypothèse indiquant que c’était le palais présidentiel de Baabda ou le ministère de la Défense à Yarzé qui étaient visés. Selon des sources citées par l’agence al-Markaziya, « la roquette est tombée non loin de zones militaires et politiques sensibles, et sa trajectoire menait vers Baabda et Yarzé ». D’autres sources politiques se sont interrogées « sur le timing de cet incident, qui coïncide avec la virulente campagne menée par certains contre le président de la République ».
Dans ce cadre, si l’hypothèse de la banlieue sud se confirmait, il s’agirait du deuxième tir de roquette vers cette région en moins d’un mois. Le 26 mai dernier, quatre personnes avaient été blessées dans l’explosion de deux roquettes Grad dans la banlieue sud de Beyrouth.

 


Un acte d’intimidation ?
Quoi qu’il en soit, la roquette a donc été tirée de Ballouneh, d’un endroit décrit, par des habitants de la région, comme étant une zone encore peu habitée, où des villas sont en construction. Cette zone se trouve à droite de la route principale dans le sens de la montée. Selon le président du conseil municipal de Ballouneh, Pierre el-Mazouk, les rampes de lancement ont été trouvées non loin de la route principale. Selon des informations techniques le lancement des projectiles a été effectué à partir d’un appareillage sans fil qui permet de le déclencher à distance.
Notons que, selon des spécialistes interrogés, les roquettes de type Grad ont la particularité de n’être pas très précises. Elles sont généralement employées quand l’objectif est un périmètre déterminé et non une cible précise.
« C’est un acte d’intimidation », a estimé une source informée interrogée par l’AFP, qualifiant l’attaque d’« acte terroriste et de sabotage », sans donner plus de précisions. « Tout ce qui se passe est lié aux conséquences du conflit syrien », a également ajouté cette source, qui a trouvé que « cet incident a des portées dangereuses ».
Enfin, selon des informations obtenues par le correspondant de l’Agence nationale d’information (ANI), le câble touché n’influe en aucune façon sur l’alimentation en électricité des régions, étant donné qu’il existe une ligne alternative. 


L’incident de la roquette a suscité hier quelques réactions politiques. Le bureau des Forces libanaises (FL) du Kesrouan a dénoncé « l’utilisation du village de Ballouneh pour le lancement des roquettes, délivrant ainsi des messages qui ne concernent nullement les Kesrouanais ». Les FL ont indiqué que l’incident s’inscrit dans le cadre de la campagne contre le président de la République Michel Sleiman, et annoncé leur soutien au chef de l’État.
Arrivé sur les lieux de lancement des roquettes, le député Farid Élias el-Khazen a estimé que « le Liban subit les tentatives de semer la discorde parmi les Libanais, mais celles-ci n’atteindront pas leurs objectifs ».

Lire aussi
Sur un air de folie, l’éditorial de Issa Goraieb

Les enjeux stratégiques et énergétiques des changements dans la région, l'éclairage de Scarlett Haddad


Ketchup et TNT, le billet de Ziyad Makoul


Descente aux enfers, le billet d'Anne-Marie el-Hage

Deux lance-roquettes ont été découverts hier par l’armée à Ballouneh (Kesrouan). Aussitôt, l’armée a confirmé que la roquette de type Grad 122 mm, qui s’est abattue sur un pylône électrique supportant des câbles de haute tension entre Bsous et Jamhour vers 0 heure trente dans la nuit de jeudi à vendredi, avait bien été tirée à partir de la localité kesrouanaise. Un...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut