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À La Une - Violences

Pour l’ONU, l’Irak se trouve à un « tournant »

Les affrontements ont fait plus de 200 morts en 4 jours.

Les manifestants sunnites sont appuyés par des hommes armés et des membres de tribus hostiles au gouvernement de Nouri el-Maliki. Azhar Shallal/AFP

Les Nations unies ont averti hier que l’Irak était à un « tournant », appelant à la retenue après quatre jours de violences, aux dires de l’émissaire de l’ONU Martin Kobler. « J’en appelle à la conscience des dirigeants religieux et politiques qui ne doivent pas laisser la colère l’emporter sur la paix et doivent faire preuve de sagesse », a-t-il ainsi déclaré dans un communiqué.


Cette vague de violences a été déclenchée par un assaut mardi des forces de sécurité, près de la ville de Houweijah, contre un camp monté de manifestants sunnites qui protestent depuis décembre contre M. Maliki, provoquant des affrontements armés ayant fait 53 morts, en grande majorité des protestataires. L’assaut a été décidé après la mort la semaine dernière à proximité du camp d’un soldat et le refus des auteurs du meurtre, soupçonnés par l’armée de venir de ce camp, de se rendre. Les forces de sécurité ont affirmé qu’elles visaient l’« Armée des Naqchbandis », un mouvement sunnite armé. En représailles, Hamed el-Joubouri, un porte-parole du mouvement de contestation de Houweijah, a prêté « allégeance » à l’Armée des Naqchbandis pour « nettoyer ensemble l’Irak des milices safavides », un terme péjoratif pour désigner les chiites. Cet assaut et les accrochages qui ont suivi ont provoqué une série d’attaques contre les forces de sécurité et des affrontements armés qui ont fait 202 morts et 300 blessés, selon des responsables. La plupart des victimes ont été enregistrées lors de heurts entre, d’un côté, les forces de l’ordre, et de l’autre des manifestants sunnites appuyés par des hommes armés et des membres de tribus, tous hostiles au Premier ministre chiite Nouri el-Maliki qui a mis en garde contre une nouvelle « guerre civile confessionnelle ». L’Irak, où les chiites sont majoritaires, est formé de multiples ethnies et confessions et a déjà payé un lourd tribut lors d’affrontements sectaires en 2006 et 2007, après l’invasion en 2003 du pays par les troupes américaines qui s’en sont retirées fin 2011.


Pour tenter de contenir cette vague de violences, les dignitaires religieux Abdelghafour el-Samarraï et Saleh el-Haidari, qui dirigent respectivement des fondations sunnite et chiite, avaient appelé les leaders politiques à se réunir hier. Mais cette rencontre n’a finalement pas eu lieu en raison du refus de dirigeants tribaux et dignitaires religieux sunnites d’y participer dans l’immédiat, selon des responsables.
Et hier, ce sont quatre mosquées sunnites à Bagdad et dans ses alentours qui ont été la cible d’attaques dans lesquelles quatre personnes ont été tuées et 50 blessées à l’issue de la prière musulmane hebdomadaire, d’après des sources de sécurité, huit morts selon d’autres sources. En outre, des hommes armés qui avaient pris le contrôle de la localité turkmène sunnite de Souleimane Bek dans le Nord s’en sont retirés après un accord entre chefs tribaux et responsables gouvernementaux. Et les forces de sécurité y sont entrées.

 

« Il s’agit de la crise la plus profonde et la plus dangereuse (...) depuis 1921 », a jugé Mouaffaq el-Roubaie, ancien conseiller pour la sécurité nationale, faisant référence à l’année qui a vu naître l’État irakien. Il a prévenu que la situation actuelle « pourrait mener à un conflit confessionnel, puis à la division ». Rappelons que le pays est déjà en proie à une grave crise politique et à des attentats sanglants menés en grande partie par les extrémistes sunnites, dont la branche irakienne d’el-Qaëda, contre les forces de sécurité et la communauté chiite.
(Sources : agences)

 

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