En tournée au Liban, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a soutenu samedi que le pays ne devait pas être « entraîné dans un conflit régional », sur fond d'affrontements dans le sud du pays entre le Hezbollah et l'armée israélienne.
La visite de M. Borrell s'inscrit dans le cadre d'un effort diplomatique visant à éviter un débordement du conflit entre Israël et le Hamas déclenché par une attaque d'une ampleur sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre, mais aussi à appeler à une solution à la guerre.
« Il est impératif d'éviter une escalade régionale au Moyen-Orient, il est absolument nécessaire d'éviter que le Liban ne soit entraîné dans un conflit régional », a dit M. Borrell lors d'une conférence de presse conjointe à Beyrouth avec son homologue libanais, Abdallah Bou Habib, avec lequel il s'était entretenu plus tôt. « J'envoie également ce message à Israël : personne ne sortira gagnant d'un conflit régional », a-t-il ajouté.
« Je pense que la guerre peut être évitée, qu'elle doit être évitée et que la diplomatie peut l'emporter », a encore dit Josep Borrell. « Les voies diplomatiques doivent être ouvertes pour signaler que la guerre n'est pas la seule option, mais qu'elle est la pire », a-t-il martelé. « (...) Israël a proclamé son objectif d'éradiquer le Hamas. Il doit y avoir un autre moyen d'éradiquer le Hamas qui ne provoquerait pas autant de morts ».
Abdallah Bou Habib, lui, a assuré que « seule la solution politique permettra de mettre un terme à des décennies de violence », selon des propos rapportés par la chaîne locale MTV. « Les Libanais sont attachés à la paix », a-t-il encore dit. « Nous avons discuté des moyens d'appliquer la résolution 1701 », a aussi déclaré le chef de la diplomatie libanaise, cité par l'agence Reuters.
Le Liban-Sud est le théâtre d'échanges de tirs quasi-quotidiens entre le Hezbollah et l'armée israélienne, depuis le 8 octobre, qui a fait 76.018 déplacés, selon un rapport publié jeudi par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les violences transfrontalières ont fait 175 morts au Liban, parmi lesquels 129 combattants du Hezbollah et plus de 20 civils incluant trois journalistes, selon un décompte de l'AFP, 149 combattants du parti chiite selon notre décompte.
La résolution 1701, adoptée pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, prévoit un déploiement de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) et de l’armée libanaise et le retrait du Hezbollah de la région frontalière.
Risques d'escalade
Plus tôt dans la journée, Josep Borrell, a été informé « des risques d’escalade actuels le long de la Ligne bleue », au Liban-Sud, lors d’une rencontre avec le commandant en chef de la Finul, le général Arnoldo Lazaro. « J'ai réaffirmé le soutien résolu de l'UE à la mission des Nations unies, qui joue un rôle crucial dans la prévention et l'atténuation des risques d'escalade », a écrit M. Borrell sur la plateforme X.
Samedi matin, le Hezbollah a tiré 62 roquettes contre la base israélienne de Meron, dans ce qu'il qualifié de « première riposte » à l'attaque imputée à Israël, qui a tué mardi le numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, dans la banlieue-sud de Beyrouth.
Vendredi, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a toutefois ouvert la porte à d’éventuelles négociations après la guerre de Gaza, lors d'un discours télévisé. Il y a évoqué une « opportunité historique » pour le Liban de libérer tout son territoire, « une fois que la page de la guerre sera tournée ». Un message adressé aux États-Unis, et plus particulièrement à leur émissaire présidentiel Amos Hochstein qui se trouve actuellement à Tel-Aviv pour poursuivre les négociations en vue d’aboutir à un règlement politique du conflit avec le Liban.
Mettre en oeuvre la 1701
La question de la guerre à Gaza et au Liban-Sud a également été au menu des discussions entre le chef de la diplomatie européenne et le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati.
« Nous aspirons à la stabilité et nous établissons les contacts nécessaires à cet égard, car toute explosion à grande échelle au Liban-Sud conduira la région à une explosion globale », a affirmé M. Mikati, selon un communiqué de son bureau de presse. Le chef du gouvernement a par ailleurs mis l’accent sur « l’engagement du Liban à mettre en œuvre la résolution 1701 » de l'ONU, soulignant que « la pleine mise en œuvre de cette résolution nécessite d’abord de mettre fin aux violations israéliennes de la souveraineté libanaise, ainsi qu'un retrait (israélien) des territoires libanais occupés ».
Le chef de la diplomatie de l'UE s’est également entretenu avec le président du Parlement libanais Nabih Berry. Il a exprimé « sa grande inquiétude face à la poursuite de la guerre dans la bande de Gaza et sa crainte de voir ce conflit s’étendre au Liban », selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle).
M. Borrell a par ailleurs exprimé « sa crainte d'une escalade israélienne, soulignant que la priorité doit être accordée à l’arrêt de la guerre à Gaza, qui constitue une porte d'entrée vers un retour au calme au Liban ». Il a aussi appelé à la pleine application de la résolution 1701.
Nabih Berry a pour sa part fait savoir que la mise en œuvre de la résolution 1701 « commence par l'arrêt de l'agression israélienne et le retrait de l’Etat hébreu de l'ensemble du territoire libanais occupé ».
Si seulement vous répondez à mon commentaire. Merci bien. Le Hamas meurt et ne se rend pas. Pourvu que Ismael Haniyé se met à la disposition du CPI pour donner l’exemple à Netanyahu de faire de même. Et si le CPI accepte que je me présente à à la place de Ismaël Haniyé, ce serait trop d’honneur pour moi.
21 h 27, le 08 janvier 2024