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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Après la victoire de Trump, optimisme prudent à Moscou

Plusieurs responsables espèrent une sortie de crise avec l'élection du milliardaire américain.

Donald Trump et Vladimir Poutine. Carlo Allegri/Maxim Shemetov/Reuters

Alors que les relations russo-américaines se sont considérablement refroidies ces dernières années, notamment sur plusieurs dossiers comme l'Ukraine et la Syrie, Moscou a néanmoins, indirectement, joué un rôle dans la présidentielle américaine. Accusé d'ingérence dans la campagne électorale, et même, par certains, de piratage de sites d'organisations politiques et des systèmes électoraux américains, Moscou a donc porté une attention toute particulière au scrutin du 8 novembre.

La victoire inattendue de Donald Trump à l'élection présidentielle a été accueillie à Moscou comme « un don du ciel », selon les termes du politologue russe Anatoli Baranov, un résultat que personne n'osait espérer. Il faut souligner qu'Hillary Clinton a eu des mots très durs à l'encontre du président russe Vladimir Poutine et n'est pas populaire, loin s'en faut, en Russie. Le leader ultranationaliste Vladimir Jirinovski aurait même, après avoir expliqué qu'on assistait à « une faillite du système américain », organisé un banquet avec champagne pour fêter le résultat de la présidentielle.

Toutefois, au cours des jours qui ont suivi le scrutin, l'euphorie semble être retombée et les responsables russes qui se souviennent des déclarations parfois contradictoires du nouveau locataire de la Maison-Blanche affichent maintenant un optimisme prudent.
Interviewé par l'agence Associated Press à New York où il assistait à l'ouverture du championnat du monde d'échecs, Dimitri Peskov, porte-parole officiel de Vladimir Poutine, s'est montré plutôt réservé. Après avoir rappelé que le président Poutine considérait Donald Trump comme un homme « brillant et talentueux », il a souligné que, malgré les déclarations du président élu affirmant « qu'il aurait de bonnes relations avec Poutine et d'excellentes relations avec la Russie », il ne fallait pas s'attendre à un nouveau « reset » (terme utilisé par le président sortant Barack Obama pour qualifier la remise à plat des relations russo-américaines). « Nous ne devons pas nous attendre à ce qu'ils soient d'accord sur tout car, malheureusement, le contentieux entre nos deux pays est très important ; nous devons nous engager dans un dialogue dans le but de construire un partenariat sur un pied d'égalité et à une coopération profitable aux deux parties », a-t-il également expliqué à l'agence Tass à une autre occasion. Et d'ajouter : « Nous pouvons seulement espérer, au regard des déclarations d'intention exprimées par Donald Trump, que la période houleuse fait partie du passé. »

 

(Lire aussi : La victoire de Trump a-t-elle libéré les démons en Amérique?)

 

Même son de cloche dans le discours du speaker de la Douma (Parlement russe) Sergueï Narychkine qui, après s'être livré à une critique acerbe de la politique de Barack Obama, responsable selon lui de tous les problèmes qui empoisonnent les relations entre les deux pays, appelle à baser les relations bilatérales sur le respect mutuel et la prise en compte par chaque partie des priorités de l'autre. Valentina Matvinienko, speaker de la Chambre haute, a quant à elle accueilli l'élection de M. Trump avec « réserve », pour reprendre ses propres termes : « On peut espérer que nous allons enfin sortir de la crise et que l'arrivée aux affaires d'un homme hors système qui ne porte pas le poids des décisions antérieures lui permettra une approche pragmatique et réaliste. »

Ivan Melnikov, vice-président de la Douma et membre du Parti communiste, est moins confiant. « Nous devons comprendre que ce président est membre d'un parti et qu'il fera la politique américaine décidée par les membres de son parti à l'intérieur et à l'extérieur des frontières. Nous devons mettre en avant nos intérêts et sur cette base tenter d'améliorer nos relations. N'oublions pas que l'impérialisme américain n'est pas né d'hier, il a deux cents ans. »

Au ministère des Affaires étrangères également, la prudence est de mise. « Trump n'est pas russophobe comme Hillary Clinton. Nous avons un petit espoir et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'il se réalise », a déclaré Maria Zakharova, porte-parole officielle du ministère. Peu avant les élections, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lui-même, avait affirmé n'avoir aucune préférence pour l'un des deux candidats, affirmant : « Ce n'est pas le moment de faire des extrapolations. »

Ce que Dimitri Peskov a confirmé cette semaine. « Nous n'avons pas l'intention de prendre langue avec la nouvelle administration américaine avant qu'elle ne soit officiellement installée à la Maison-Blanche. » Et d'ajouter : « Il y a des problèmes urgents comme la Syrie qu'il faut régler et nous continuons à travailler avec le président Obama. »

 

 

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