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Lifestyle - Salon du livre francophone

Les conteurs d’histoires n’arrêtent jamais

Jean Van Hamme, auteur, écrivain, scénariste de bande dessinée, fait escale à Beyrouth à l'invitation de l'Institut français du Liban (en collaboration avec Wallonie-Bruxelles International) pour présenter ses « Mémoires ». Rencontre avec le père de « Largo Winch à XIII », en passant par « Thorgal » ou « Les Maîtres de l'Orge ».

Jean Van Hamme. Joel Saget/AFP

Globe-trotter et écrivain, Jean Van Hamme possède une étiquette (bulle ?) qui lui colle à la planche, celle de businessman de la bande dessinée. Pas évident, sans doute, pour un artiste qui a collaboré à l'essor d'un certain art de dessiner et de raconter des aventures en images, et qui s'est imposé depuis presque 50 ans comme une des figures emblématiques de la BD mondiale. Quoi qu'il en soit, l'homme paraît plutôt serein et aborde sa carrière, ses Mémoires, dans un ouvrage qu'il signe au Salon du livre sur le stand de la Librairie Antoine. Il participe également à une table ronde sur le thème « Finance et BD » avec Stéphane Attali, le directeur de l'École supérieure des affaires (ESA), aujourd'hui samedi, à 16h. Le voyage est le péché « plus que mignon » du globe-trotter et de sa femme (plus de 120 pays visités), à l'instar de la plupart de ses personnages qui traversent leur monde en long et en large. Mais entrons dans le vif...

Est-ce votre première visite au Liban ?
Oh que non, je suis venu une première fois en 1964 ou 65. Je suis revenu une deuxième fois en 1995, pour la troisième édition du Salon du livre francophone. En fait, c'est ma troisième visite au Liban. Mais, quand je suis venu dans les années soixante, je me suis dit ça : c'est la ville où j'ai envie de vivre. Avant tous les problèmes, il y avait cette multiculturalité, les plages, les Cèdres, le ski, tout ce qu'il fallait. J'étais vraiment tombé sous le charme, mais je n'avais pas les moyens de déménager à l'époque.

Parlons BD...
Même si je n'en fais plus beaucoup ! (coupe-t-il assez ironiquement).

Alors justement quels sont les projets à venir ?
Le théâtre. La première pièce est écrite. Un producteur essaye de la refiler à un théâtre, sans succès pour le moment. Problème, il me faut cinq comédiens et un décor, cela coûte beaucoup d'argent, et, dans le théâtre, je ne suis personne. La seconde est en cours d'écriture. Je ne veux pas produire la pièce en France, où le théâtre se focalise sur les têtes d'affiche et non pas sur le contenu, à l'inverse de la Belgique.

C'est vraiment fini la BD ?
Ma vanité voulait que je fasse un treizième scénario pour XIII qui soit meilleur que les autres que j'ai coachés (écrits par différents auteurs). On verra. Mais il y a encore autre chose. Un scénario adapté du livre L'homme qui réparait les femmes. Le livre tire le portait du Dr Denis Mukwege, qui, depuis plus de dix ans, soigne gratuitement – dans son hôpital de Panzi dans le Sud-Kivu au Congo – les femmes violées et mutilées, suite notamment aux instabilités liées à la guerre du Rwanda, pays limitrophe, et aux richesses que contient le sol de cette région. L'ouvrage sera dessiné par un illustre inconnu, Christophe Simon (Alix et le dernier Corentin).
Aujourd'hui, vous gardez contact avec la bande dessinée avec votre participation au jury de Diagonale, prix international de bande dessinée belge.
Ce qui me permet de recevoir, je n'ai pas dit lire, une centaine d'albums par an. Ce qui m'a effrayé ces dernières années, ce sont deux choses. Pratiquement, la moitié des ouvrages sont adaptés d'un roman ou d'une histoire vraie. On n'invente plus. La seconde chose qui m'agace est que la plupart de ces albums ont plus de cent cinquante pages. Avec un dessin souvent minimaliste, hyperminimaliste.

Différence générationnelle peut-être ?
Peut-être. Mais peut-être de la flemmardise aussi. Moi, qui suis un vieux de la vieille de la BD réaliste, j'aime un vrai dessin avec un vrai décor.
Vous décidez donc de trouver un nouveau métier. N'ayant plus la frite pour continuer des scénarios de BD...
Le pire danger est de ne pas savoir quand on fait du mauvais travail. De ne plus avoir de recul. La question n'est pas de savoir si j'aurais pu continuer. Avec le métier, je pourrais tout rendre passable, mais je n'ai plus la motivation nécessaire pour trouver quelque chose de vraiment nouveau, pas envie de faire du « ronron ». Les derniers XIII et Thorgal étaient peut-être déjà les albums de trop...

Qu'en est-il des séries qui poursuivent leur chemin sans vous ?
Les derniers Thorgal sont complètement à côté de la plaque. Pour SOS Bonheur (repris par Desberg et Griffo), j'ai vu les scénarios, ce n'est pas mal, mais ça n'a plus la nouveauté.

Ce n'est pas nouveau non plus de voir des éditeurs poursuivre des séries après l'arrêt de leur auteur original. C'est la loi du marché ?
C'est une question de gros sous. Quand je dis à mon éditeur que j'arrête XIII, alors que les précédents se sont vendus à plus de 500 000 exemplaires, il fait une crise cardiaque. Ce que Sente en a fait (qui a repris la série depuis) est peut-être différent, mais ça se vend encore à 150 000 exemplaires. Mais, effectivement, ça s'est toujours fait. Et parfois c'est une bonne chose, comme le Spirou de Franquin par exemple.

Car, même si vous arrêtez la bande dessinée, vous êtes toujours d'actualité dans et en dehors de la sphère bédéiste. Certainement un Largo Winch 3, des séries télévisées pour Lady S et SOS Bonheur (dont vous détenez toujours les droits). Et, bien sûr, un projet pour Thorgal, un temps annoncé comme une série télé, mais qui finalement pourrait être un film, réalisé par Florian Henckel von Donnersmarck.
Thorgal, c'est le balai que tout le monde se repasse. Je ne sais pas du tout où cela en est. Maintenant, si on me demande de participer au scénario, je le ferai et avec plaisir. Mais, pour le moment... rien n'est très sûr.

Globe-trotter et écrivain, Jean Van Hamme possède une étiquette (bulle ?) qui lui colle à la planche, celle de businessman de la bande dessinée. Pas évident, sans doute, pour un artiste qui a collaboré à l'essor d'un certain art de dessiner et de raconter des aventures en images, et qui s'est imposé depuis presque 50 ans comme une des figures emblématiques de la BD mondiale. Quoi qu'il...

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