Le 1er octobre 2004, il y a douze ans, au plus fort de la dynamique visant à mettre fin à la tutelle syrienne sur le pays, une voiture piégée explosait à Aïn el-Mreissé, blessant grièvement le député Marwan Hamadé, l'un des piliers du mouvement souverainiste et point de jonction entre Walid Joumblatt et Rafic Hariri. L'explosion devait tuer son garde du corps, Ghazi Bou Karroum.
L'attentat, perpétré à quelques heures du rapport du secrétaire général de l'Onu de l'époque, Kofi Annan, sur la résolution 1559 et au lendemain d'une rencontre entre Jacques Chirac et Rafic Hariri à l'Élysée, marquait le début d'une série d'attentats qui allaient frapper, durant les cinq années suivantes, plusieurs des symboles de l'intifada de l'indépendance.
« Immédiatement après l'attentat, j'ai été soigné pour le stress postraumatique – ravivé ensuite, du reste, à travers les sacrifices de Rafic Hariri, Samir Kassir, Georges Haoui, Gebran Tuéni, Pierre Gemayel, Walid Eido, Antoine Ghanem, Wissam Eid, Wissam el-Hassan et Mohammad Chatah. Cependant, j'ai réussi à surmonter ce stress dans le combat, superbe à l'époque du 14 Mars. C'est la foule bariolée sous le drapeau libanais, le 14 mars 2005, qui m'a guéri », affirme Marwan Hamadé à L'Orient-Le Jour, à l'occasion de la douzième commémoration de sa tentative d'assassinat.
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« Aujourd'hui, je souffre d'un nouveau stress traumatique à la vue du massacre qui se déroule en Syrie, où un véritable génocide est en cours sous les yeux impassibles des Arabes et du monde, massacre auquel des Libanais participent sans que personne ne trouve à redire », s'indigne M. Hamadé.
« Je pressens aussi un nouveau traumatisme politique à venir si jamais nous devions retomber dans cet abîme de désillusion, de dépit et de colère, qui serait une nouvelle mainmise, syrienne ou iranienne, sur le Liban, souligne M. Hamadé. Or cette nouvelle mainmise paraît désormais possible du fait de la résignation de mes meilleurs amis face à l'insolence, l'agressivité et la vilenie de ceux qui veulent soit s'approprier à tout prix la présidence de la République, soit en empêcher à tout prix l'accès aux plus méritants et aux moins soumis », souligne le député du Chouf.
À l'occasion de cette douzième commémoration douloureuse, Marwan Hamadé souhaite surtout diffuser un message, par le biais de L'Orient-Le Jour : « J'en appelle à tous les Libanais, ceux qui ont la nostalgie d'un Liban convivial et ceux qui entretiennent le rêve d'un Liban moderne, laïque et indépendant, à se réunir au-delà des alignements communautaires et partisans actuels, un peu comme en 2004, à Kornet Chehwane, au Bristol ou à la place des Martyrs, pour empêcher l'irréparable qui pourrait se produire et qu'il faudra plusieurs années pour réparer. »
« Une erreur de présidence, une reddition devant les armes, une renonciation à l'indépendance et la vocation d'ouverture du Liban, en sus de son système démocratique et de son arabisme humaniste, pourraient signifier la fin du "message" au monde qu'il représente, décrit par le pape Jean-Paul II. Ce serait aussi l'aboutissement, chez nous, de la guerre des civilisations par la fin de l'histoire, d'une si belle histoire qui s'appelle le Liban », ajoute M. Hamadé.
Et de conclure : « Ce qui est requis, c'est plus que jamais une vision tenace face à l'adversité. »
Pour mémoire
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commentaires (11)
Pardon... c'est qui exactement "tous les Libanais qui doivent s'unir" et à cause de qui "l'irréparable peut se produire"????
NAUFAL SORAYA
16 h 18, le 04 octobre 2016