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Liban - Tribune

La Journée mondiale de la responsabilité sociale : quel bilan pour le Liban ?

À l'occasion de la Journée mondiale de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), le 25 septembre, plusieurs questions se posent concernant la situation de la RSE au Liban et les perspectives de son évolution.
Tout d'abord, il faut savoir que le concept de la RSE amène l'entreprise à dépasser l'objectif économique traditionnel ultime qui consistait en la maximisation du profit, afin de prendre en considération les répercussions sociales et environnementales de ses activités ainsi que sa contribution au développement durable. L'idée-clé de ce concept estime qu'actuellement la réussite d'une entreprise est fortement liée à l'attention qu'elle accorde à ses parties prenantes, c'est-à-dire aux entités et personnes avec lesquelles elle a des relations contractuelles.
Selon la Commission de l'UE, être socialement responsable ne se limite pas à respecter les lois en vigueur qui sont indispensables pour éviter les poursuites devant les tribunaux, mais nécessite d'investir davantage dans les relations avec les parties prenantes, environnement, capital humain...
Dans les pays arabes, malgré la vision générale positive pour le développement des activités sociales des entreprises et leur contribution au développement durable (DD), depuis le sommet de la RSE en 2015, à travers essentiellement le soutien des catégories les plus défavorisées et le soutien des jeunes aux niveaux académique et professionnel, beaucoup d'obstacles persistent au niveau de la réalisation des résultats souhaités. Sachant que les résultats indispensables en matière de développement durable ne peuvent être réalisés qu'en collaboration entre les trois entités : les entreprises du secteur privé, les organisations non gouvernementales (ONG) et les institutions publiques...
Quant au Liban, l'introduction récente de la RSE a résulté en une initiative volontaire prometteuse de la part de plusieurs entreprises privées. Toutefois, récemment, Libnor (institution publique attachée au ministère de l'Industrie au Liban et également membre d'Iso internationale) a lancé un projet important sur la responsabilité sociale des entreprises sur la période 2011-2014.
Ce projet « officiel » d'introduction de la RSE s'inscrit dans le cadre d'un programme plus large adressé à la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena) pour l'introduction et l'application des critères Iso 26000. Il a été financé par l'Agence suédoise internationale pour le développement (ASDI) pour introduire les critères Iso 26000 de la RSE dans 8 pays arabes pilotes dont le Liban en plus de l'Algérie, l'Égypte, l'Irak, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et la Syrie (parmi lesquels 2 pays se sont retirés : la Syrie et l'Irak).
Jusqu'à présent, la collecte d'informations sur la RSE au Liban est difficile, les initiatives privées et leur évaluation sont faites librement par les entreprises. De plus, les données sont dispersées en l'absence d'une entité commune qui rassemble les informations, qui oriente les projets vers les besoins prioritaires des parties prenantes, qui empêche le gaspillage et la redondance entre les projets réalisés et qui collecte et évalue les résultats et les rapports de la RSE permettant d'avancer des propositions et des recommandations envers le secteur public. De plus, contrairement aux pays arabes où la promotion de la RSE se base sur l'intervention de l'État qui l'encadre et l'oriente, c'est le secteur privé qui prend l'initiative au Liban par des efforts individuels et dispersés en l'absence de tout encadrement de la part de l'État ou toute mesure incitative.
Étant donné que la RSE reste conçue par les États comme étant facultative et non pas obligatoire, la principale voie incitative officielle consiste à encourager cette démarche par quelques mesures (exemptions fiscales, crédits à taux d'intérêt réduits...) dans certains pays. Toutefois, de telles mesures ne peuvent être suffisantes s'il n'y a pas un recours à des référentiels et des dispositifs assurant le cadre nécessaire pour le développement et l'évolution de la RSE, comme notamment le Global Compact, les normes Iso 26000. L'adhésion à de tels dispositifs importe aux entreprises notamment pour bien se positionner par rapport aux parties prenantes, dont surtout les concurrents et les clients, qui influencent directement leurs parts de marché. D'autant plus que la publication de rapports de RSE (CSR reporting) joue également un rôle important dans la définition d'indicateurs et la mise en place de systèmes internes facilitant l'avancement dans la lignée de la RSE.
Toutefois, plusieurs critères de mesure de la participation sociale de l'entreprise envers ses employés sont connus et retenus déjà dans plusieurs pays de la région qui appuient la démarche vers la responsabilité sociale des entreprises... Notons principalement les critères de mesure de la participation sociale de l'entreprise envers ses employés, les critères de mesure des coûts des activités relatives à l'amélioration de la relation avec les parties prenantes (agents) et les critères de mesure de contribution de l'entreprise envers la société et l'environnement...
Une enquête menée par l'auteure auprès de plusieurs entreprises engagées dans des projets de RSE au Liban montre la faiblesse du Liban dans ce domaine par rapport à plusieurs autres pays de la région en raison de plusieurs obstacles qui empêchent l'institutionnalisation et le développement de la RSE.
Si l'initiative du secteur privé libanais en matière de RSE est prometteuse, plusieurs difficultés empêchent aujourd'hui son évolution... L'absence de dialogue entre le secteur privé et le secteur public sur ce thème actuel qui est au centre des débats socioéconomiques à l'échelle régionale et internationale, la dispersion des données concernant la RSE au Liban, le manque de collaboration entre les entités concernées (chercheurs, professionnels, ministères, syndicats...) et par la suite le faible lobbying de la part des acteurs de la société civile ne font que ralentir le processus de la RSE... Il est vrai que la situation actuelle au Liban met en relief d'autres dossiers prioritaires (le dossier présidentiel et électoral, le blocage des institutions publiques, l'assistance indispensable aux réfugiés...). Toutefois, les défaillances de l'État surtout à répondre aux besoins sociaux et environnementaux croissants exigent des efforts plus pertinents pour inciter davantage le secteur privé à intervenir auprès des acteurs de la société civile pour assurer le succès de la RSE au Liban.

Par Siham RIZKALLAH
Maître de conférences à l'Université Saint-Joseph

À l'occasion de la Journée mondiale de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), le 25 septembre, plusieurs questions se posent concernant la situation de la RSE au Liban et les perspectives de son évolution.Tout d'abord, il faut savoir que le concept de la RSE amène l'entreprise à dépasser l'objectif économique traditionnel ultime qui consistait en la maximisation du profit, afin...

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