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À La Une - Conflit

Sérieux accrocs en Syrie malgré la trêve

Frictions entre Moscou et Washington.

 

Des soldats de l'armée syrienne dans le souk al-Farafira à Alep, le 26 septembre 2016. AFP / Youssef KARWASHAN

La trêve en Syrie a connu vendredi ses plus sérieux accrocs avec des bombardements aériens et des violents combats au moment où s'envenimaient les relations entre les États-Unis et la Russie au sujet de l'aide humanitaire. Le raidissement entre les deux parrains de cette trêve survient juste avant une importante réunion du Conseil de sécurité de l'Onu sur cet accord qui vise à favoriser une solution à un conflit très complexe ayant fait plus de 300.000 morts depuis cinq ans.

Cette trêve a permis une baisse sensible des violences sur l'ensemble des fronts mais elle a été émaillée à son quatrième jour de plusieurs accrocs notables, notamment les premières victimes civiles depuis son entrée en vigueur selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Trois personnes, dont deux enfants, ont en effet péri à Khan Cheikhoun, une localité rebelle de la province d'Idleb (nord-ouest), dans des frappes menées par des avions non identifiés, d'après l'OSDH.

Un raid aérien a aussi visé Atareb, une place forte des rebelles dans la province d'Alep (nord). L'auteur des frappes n'a plus non plus pu être identifié. Une source militaire a par ailleurs fait état "d'affrontements intenses et de tirs de roquettes" dans la périphérie de Damas, où l'armée syrienne a bloqué une tentative des rebelles d'entrer dans la capitale via le quartier de Jobar.
Ce quartier est aux mains de factions rebelles alliées au groupe jihadiste Front Fateh el-Cham (ex-branche syrienne d'el-Qaëda).

 

(Lire aussi : Malgré la trêve, Alep craint toujours le pire)

 

'Retards inacceptables'
Alors qu'une décision est attendue sur la prolongation de la trêve, Moscou et Washington affichaient leurs différences une semaine après avoir conjointement annoncé l'accord.

"Bien que le cessez-le-feu soit un accord bilatéral, seul un des belligérants le respecte véritablement",a déclaré dans un communiqué le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, en allusion au régime syrien, allié de Moscou. Il a toutefois indiqué que son pays était prêt à une prolongation de la trêve de 72 heures.

La Russie accuse notamment Washington de ne pas faire assez pression sur les rebelles pour qu'ils prennent leurs distances avec le Front Fateh el-Cham. Le département d'État a aussitôt réagi en faisant savoir que les États-Unis ne coopéreront pas militairement avec la Russie en Syrie, ce que prévoit l'accord de trêve sous certaines conditions, tant que le régime ne permettra pas aux villes assiégées de recevoir de l'aide humanitaire.

Le secrétaire d'État John Kerry, lors d'un appel téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, a condamné "les retards répétés et inacceptables de l'aide humanitaire" destinée aux populations affectées par la guerre, selon son porte-parole John Kirby. Selon l'accord russo-américain, Moscou doit faire pression sur son allié Bachar el-Assad tandis que Washington doit œuvrer auprès des rebelles syriens.

Une cessation des hostilités pendant sept jours devra, selon l'accord, permettre la création d'un centre inédit de coordination militaire entre Moscou et Washington pour frapper les groupes jihadistes État islamique (EI) et Front Fateh el-Cham.

Selon des diplomates, le Conseil de sécurité de l'Onu devait examiner vendredi (21H30 GMT) l'opportunité de soutenir cet accord, lors d'une réunion à huis clos en présence de MM. Kerry et Lavrov, les artisans de cette entente. Le président américain Barack Obama devait lui réunir son équipe de sécurité nationale, dont M. Kerry et le secrétaire à la Défense Ashton Carter, pour faire le point sur l'accord.

 

(Lire aussi : L’accord Kerry-Lavrov soulève plus de questions que de réponses)

 

'Terriblement frustrant'
L'accord de trêve prévoit la livraison d'aide humanitaire aux villes syriennes assiégées, à commencer par le secteur rebelle d'Alep, principal front du conflit, où les quelque 250.000 habitants manquent de tout. Mais faute de garanties de sécurité, des camions remplis de nourriture et de médicaments pour les habitants d'Alep-Est sont toujours bloqués dans une zone tampon entre les frontières turque et syrienne.

"Le défi auquel nous continuons de faire face est de s'assurer que toutes les parties au conflit et ceux qui ont de l'influence sur elles se mettent d'accord", a dit David Swanson, un porte-parole de l'Onu. "C'est terriblement frustrant".

Pour accéder aux populations dans la zone rebelle d'Alep, l'accord prévoit la démilitarisation de la route du Castello au nord de la ville. Mais selon un correspondant de l'AFP, aucun mouvement n'avait été enregistré sur cet axe routier vendredi en milieu de journée. L'OSDH a affirmé que les troupes du régime y étaient toujours déployées bien que la Russie a soutenu qu'elles avaient commencé à s'en retirer.

La situation en Syrie s'est complexifiée encore plus avec l'annonce par le Pentagone que des forces spéciales américaines avaient été déployées en appui de l'armée turque et de groupes rebelles modérés dans leur offensive contre l'EI dans le nord de la Syrie. Un déploiement qui a été fait "à la demande du gouvernement turc", a précisé le porte-parole du Pentagone Jeff Davis.

 

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