Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Infrastructures

EDL se donne 4 mois de plus pour évaluer ses prestataires

Alors que son partenariat avec Bus, KVA et NEUC arrivait à échéance hier, le fournisseur d'électricité décidera d'ici à décembre s'il le prolonge de trois ans supplémentaires.

Ce partenariat conclu en avril 2012 permet à EDL de déléguer l’essentiel des opérations de maintenance du réseau de distribution d’électricité. Photo P.H.B.

Après plusieurs mois d'attente, le conseil d'administration d'Électricité du Liban (EDL) a décidé, samedi soir, de prolonger de 4 mois le contrat par lequel il confie la gestion du réseau à trois prestataires privés, National Electricity Utility Company (NEUC, groupe Debbas), Bus (groupe Butec) et KVA (détenu par la joint-venture Arabian Construction Company et Khatib & Alami).

Cette décision, qui est intervenue juste avant l'échéance du contrat – fixée à hier –, vient conclure plusieurs semaines de discussions entre le fournisseur d'électricité, les trois sociétés et le ministère de l'Énergie et de l'Eau. Elle doit en outre permettre à EDL « de négocier les termes d'un possible renouvellement de ce contrat pour 36 mois supplémentaires », a déclaré à L'Orient-Le Jour une source à la direction du fournisseur d'électricité. Elle précise également que l'éventuelle extension de trois ans nécessitera l'accord préalable des ministères de l'Énergie et des Finances.

Conclu en avril 2012 et doté d'une enveloppe de 780 millions de dollars – partagée de façon à peu près égale entre les trois sociétés –, ce partenariat permet à EDL de déléguer l'essentiel des opérations de maintenance du réseau de distribution d'électricité – de l'entretien des lignes à haute tension à la collecte des factures – et sa modernisation.

 

Pénalités de retard
Selon la source précitée, EDL a pris sa décision « à la lumière du rapport de la société suisse AF Consult, mandatée le 21 avril pour évaluer l'efficacité des prestataires dans l'exécution de leurs missions » et après « avoir négocié les termes de cette extension » avec les représentants de ces sociétés. « Les discussions ont surtout concerné les pénalités qui sanctionnent les retards dans l'exécution de certaines obligations contractuelles fixées par le partenariat, ainsi que les exigences financières des prestataires dans ce cadre », précise-t-elle. Interrogé à ce sujet, la direction d'EDL n'a pas souhaité s'exprimer sur ces questions afin « de ne pas perturber les négociations à venir », pas plus qu'elle n'a accepté de communiquer sur les conditions de cette extension ou son volet financier.

De fait, ces discussions futures pourraient être bien plus simples pour Bus – qui gère le réseau dans le nord du Mont-Liban et le Nord –, que pour NEUC et KVA – respectivement en charge du sud du Mont-Liban et du Liban-Sud pour le premier ; et de Beyrouth et de la Békaa pour le second.
Le 19 août, la direction d'EDL avait en effet affirmé sa volonté de prolonger le contrat de Bus au regard des « résultats positifs » obtenus par ce prestataire depuis 2012, faisant simplement état de « négociations en cours » pour évoquer ses rapports avec les deux autres prestataires. « Nous avons effectivement obtenu de bons résultats, que ce soit au niveau de la collecte des factures ou de l'entretien du réseau », se réjouit le directeur de Bus, Fadi Abou Jaoudé, sans donner plus de précisions.

Dans son édition d'hier, le quotidien al-Akhbar suggérait pour sa part qu'EDL envisageait de réclamer à NEUC et KVA le remboursement de « 30 % des montants versés à ces sociétés par tranche de 100 millions de dollars », pour sanctionner leur manque d'efficacité dans l'exécution des objectifs du contrat. Une hypothèse que le fournisseur n'a pas confirmée ; alors que ni le ministre de l'Énergie, Arthur Nazarian, ni les directions de NEUC et KVA n'étaient disponibles dans l'immédiat pour répondre à nos questions.

Malgré ces difficultés, une éventuelle extension de trois ans du contrat, à compter de décembre, pourrait permettre aux prestataires d'atteindre l'un des objectifs principaux du partenariat : l'installation des compteurs communicants – devant notamment permettre de limiter les pertes non techniques – sur l'ensemble du réseau. Un projet pour lequel ces sociétés devaient en principe consacrer une partie des 350 millions de dollars qu'elles s'étaient engagées à investir pendant la durée du contrat échu hier ; et dont l'exécution a été retardée de près de deux ans par EDL, notamment en raison d'un désaccord concernant le choix du fournisseur proposé par la société Bus. Une autre source proche du dossier a révélé qu'EDL « pourrait donner son feu vert au lancement de l'installation de ces compteurs dès que le renouvellement du contrat pour trois ans supplémentaires sera acté ». La direction d'EDL n'a pas confirmé cette information.

 

(Pour mémoire: Les journaliers d'EDL font encore monter la tension)

 

 

Opposition des syndicats
Il reste que l'accord sur l'extension du contrat est toujours aussi mal accueilli par les travailleurs journaliers d'EDL, dont plus de 1 800 avaient été embauchés en 2012 par les prestataires de services alors qu'ils réclamaient depuis des années d'être intégrés aux effectifs de l'établissement public.

« Nous sommes toujours opposés à ce partenariat qui sert de prétexte à EDL pour empêcher ces travailleurs de bénéficier des mêmes avantages que les fonctionnaires réguliers », a déclaré l'un de leurs représentants, Loubnan Makhoul. En 2015, EDL avait été obligé d'accorder une première extension à NEUC, Bus et KVA, en raison des retards dans la collecte des factures et des opérations de maintenance, résultant en partie des mouvements sociaux des journaliers.

Longtemps rassérénés par la conclusion en décembre 2014 d'un accord politique pour accélérer la mise en place du concours permettant à certains d'entre eux d'accéder à la fonction publique, les journaliers ont recommencé à se mobiliser depuis mai pour réclamer notamment la suspension du partenariat. Dans un communiqué publié hier, la direction d'EDL a ainsi demandé aux prestataires de services d'appeler les journaliers qu'ils embauchent à débloquer, « avant ce matin, l'accès à la salle des guichets de son siège central, qu'ils occupent depuis un mois », sous peine de poursuites judiciaires.

Le renouvellement de ce partenariat fait également tiquer le syndicat des employés d'EDL, qui a manifesté à plusieurs reprises cette année son hostilité à une reconduction. Contacté par L'Orient-Le Jour, son président, Charbel Saleh, n'a pas souhaité réagir à la décision d'EDL avant la conférence de presse qu'il tiendra aujourd'hui au siège de l'établissement.

 

 

Lire aussi

Le renouvellement des prestataires toujours en suspens

Pourquoi les employés d'EDL ne veulent plus des prestataires de services

Après plusieurs mois d'attente, le conseil d'administration d'Électricité du Liban (EDL) a décidé, samedi soir, de prolonger de 4 mois le contrat par lequel il confie la gestion du réseau à trois prestataires privés, National Electricity Utility Company (NEUC, groupe Debbas), Bus (groupe Butec) et KVA (détenu par la joint-venture Arabian Construction Company et Khatib &...

commentaires (2)

et les barges turques du gendrissime.... on les oublie ?

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 44, le 30 août 2016

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • et les barges turques du gendrissime.... on les oublie ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 44, le 30 août 2016

  • "Entretien & modernisation du réseau": faudrait demander aux consommateurs beyrouthins ce qu'ils en pensent !

    Emile Antonios

    16 h 12, le 30 août 2016

Retour en haut