Rechercher
Rechercher

Liban - La situation

Efforts pour dissiper les effets politiques de la « malédiction »

Le nom de Michel Aoun (au lieu de celui de Michel Sleiman) gravé sur le monument d’une place publique à Jbeil. Photo Ani

Le discours politique choquant de Gebran Bassil, au cours duquel il a fait venir la malédiction sur tous ceux qui ne confondent pas la volonté politique du CPL avec « l'intérêt des chrétiens », sera au centre de la semaine politique qui s'ouvre.

Il faudra d'abord comprendre ce que M. Bassil a voulu dire, en particulier l'esprit à connotation religieuse de son discours. On est là, pensent les spécialistes, dans une espèce de « mystique du chef » qui croit tenir un mandat divin, une croyance qui peut facilement dériver vers une sorte de fascisme qui ne dit pas son nom. Du reste, c'est dans cet esprit que l'on a justifié, hier, de source prochaine du CPL, le « mouvement d'humeur » qui a conduit des têtes brûlées à s'en prendre au domicile d'Alice Chaptini. Et la citation derrière le podium d'où les déclarations au domicile de Michel Aoun sont faites, ne sont pas pour arranger les choses. « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libre », y lit-on. Une parole de Jésus détournée à des fins politiques. La vérité sort-elle donc seulement de la bouche de Michel Aoun ?

De quel droit Gebran Bassil peut-il « maudire » des compatriotes qui ne pensent pas comme lui ? On est là dans une outrance qui n'est pas loin de l'égarement, sachant que les malédictions gratuites risquent de retomber sur la tête de leurs auteurs. Se méprenant sur l'opposition à son leadership qui s'est manifesté à l'intérieur même du CPL, M. Bassil a refait des vagues hier en affichant son mépris, entre autres, pour Alice Chaptini et Nabil de Freige, ignorant qu'une fois élu, le député représente tout le Liban, et non seulement sa circonscription, ou sa communauté. Jusqu'à nouvel ordre, en effet, le Liban n'est pas une fédération de communautés, malgré tous les efforts déployés par le chef du CPL pour l'y faire régresser.

Les contacts se multiplieront donc cette semaine pour réparer ce qui peut l'être, apaiser les esprits, redéfinir, dans un effort de clarification constitutionnel, ce qui est conforme au pacte et ce qui est usage abusif du pacte. Il ne faut pas oublier que la tempête politique a pour point de départ une reconduction du mandat de Jean Kahwagi à la tête de l'armée, et que l'on ne voit toujours pas comment son remplacement se fera, sinon par un vote en Conseil des ministres ?

Subtilement, le CPL et le Hezbollah sont en train de gouverner le pays à coups de blocages, cédant ici, tirant là. Sinon, de quel droit, par exemple, Hassan Fadlallah a pu dire hier que le courant du Futur est « le boulet » du Liban, et que c'est l'Arabie saoudite qui bloque l'élection de Michel Aoun ? Oublie-t-il que ce dernier est contesté au sein même de son propre camp, et pour commencer par Sleiman Frangié, son rival à la présidentielle ? Le Hezbollah ne se rend-il pas compte, en outre, que c'est son absolutisme qui nourrit l'extrémisme d'en face, en une sorte de jeu mimétique où chacun imite ce qui assure la suprématie de l'autre, dans une rivalité mortelle pour tous, et d'abord pour le Liban de la modération et du vivre-ensemble ?

Ce qui est surprenant, c'est que cette escalade verbale et cette exacerbation du communautarisme se manifeste alors même que sur le plan régional une esquisse de règlement se dessine. Toujours est-il que le Premier ministre, sans doute par souci de se protéger d'une nouvelle malédiction, a sagement annulé le Conseil des ministres de cette semaine. Le pays peut donc respirer quelques jours et voir venir. Trois rendez-vous l'attendent la semaine prochaine : le lundi 5, ce sera la conférence nationale de dialogue, une sorte de constituante qui ne dit pas son nom, le 7 ce sera le 35 ou 36e (faux) rendez-vous pour une élection présidentielle et le 8, un Conseil des ministres.

Pour cette semaine, ce seront les déchets. La commission des Finances se réunit aujourd'hui pour examiner ce dossier, sachant que les ordures ménagères ont recommencé à s'accumuler aux coins des rues du Kesrouan et du Metn. Tous les tenants de ce conflit de gestion d'un service public s'y retrouveront, et notamment le ministre Akram Chehayeb, qui a reçu du gouvernement les pleins pouvoirs pour régler la crise, ainsi que les Kataëb, qui ont provoqué indirectement, et un peu maladroitement, la fermeture de la décharge de Bourj Hammoud.


Lire aussi

Trop de coïncidences pour un avant-goût de solution, l'éclairage de Scarlett Haddad

Provocation face au domicile de Chaptini : règlement de comptes politiques ou intimidation aouniste ?

Le discours politique choquant de Gebran Bassil, au cours duquel il a fait venir la malédiction sur tous ceux qui ne confondent pas la volonté politique du CPL avec « l'intérêt des chrétiens », sera au centre de la semaine politique qui s'ouvre.
Il faudra d'abord comprendre ce que M. Bassil a voulu dire, en particulier l'esprit à connotation religieuse de son discours. On est là,...

commentaires (3)

ON EST DESCENDU TROP BAS...

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 56, le 30 août 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • ON EST DESCENDU TROP BAS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 56, le 30 août 2016

  • Effacer le nom d'un aigle pour le remplacer par le nom d'un moineau, est l'ouvre d'un voyou de niveau d'un égout.

    Un Libanais

    15 h 39, le 29 août 2016

  • Cette photo nous montre une action digne de ceux qui se croyent tout permis au nom de leur idéologie, comme par exemple les membres de l'EI en Syrie et en Irak. Vive le Liban démocratique, "chrétien" et libre, selon le CPL ! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 48, le 29 août 2016

Retour en haut