Rechercher
Rechercher

Liban - L’éclairage

Une nouvelle loi électorale, clé pour un retour à un gouvernement neutre ou consensuel

En dépit des grincements qui se font entendre au sein du gouvernement de Nagib Mikati, l’équipe ministérielle en place continue de jouer un rôle de balancier indispensable à la vie politique. Elle empêche le pays de sombrer dans l’anarchie constitutionnelle, et peut-être dans le vide.


Pour la communauté internationale, en effet, le gouvernement est un indispensable interlocuteur. Un interlocuteur qu’elle ne se prive pas d’appeler, ces jours-ci, à respecter les échéances constitutionnelles et à tenir les élections législatives à la date prévue. Une insistance qui, soit dit en passant, n’est pas sans rappeler celle que cette même communauté a manifesté après l’assassinat de Rafic Hariri, en février 2005.


À la lumière de ces avertissements, un report des élections législatives, s’il doit avoir lieu, ne peut être que technique et ne pas dépasser les quelques mois. Ainsi, les élections se tiendraient en septembre, au lieu de juin. De fait, la Chambre des députés prend de plus en plus conscience que la communauté internationale n’acceptera pas que la paralysie des institutions mette en danger l’avenir du Liban. Et l’on pense que les députés en prendront leur parti et finiront pas élaborer, loin de toute régression communautariste, une loi électorale mixte qui assurerait une représentativité équitable, sinon parfaite, à la composante chrétienne de l’électorat, sans que les résultats du scrutin ne soient connus d’avance, et sans que le corps électoral ne soit morcelé...

 

(Lire aussi : Joumblatt d’accord pour un ajournement limité des élections)


Si le renouvellement de la Chambre est si important, c’est qu’il est le maillon d’une chaîne dont les autres moments sont l’élection d’un nouveau président de la République et la formation d’un gouvernement consensuel.
Tout tient donc désormais à la loi électorale à naître. Une fois ce consensus assuré, la démission du gouvernement, en prévision de l’organisation du scrutin, ne sera plus qu’un détail. Certes, ce gouvernement pourrait ne pas être facile à composer, mais enfin, compte tenu de sa longévité et de sa fonction, la tâche ne sera pas insurmontable. Et dans ce cas, un report d’ordre technique des élections n’aura plus les conséquences qu’il aurait s’il venait consacrer une division irrémédiable du pays.


Pour le président Sleiman, le prochain gouvernement devra être consensuel, et l’expérience du gouvernement Mikati ne devra pas se répéter. Au Liban, estime le chef de l’État, et en particulier à l’heure présente, un cabinet se définit essentiellement par un partenariat politique des diverses composantes communautaires libanaises. Ainsi, quels que soient les résultats des prochaines élections législatives, assure le président, la prochaine équipe devra être un gouvernement d’entente nationale analogue à ceux qui ont été formés après les élections de 2005 et 2009.
Selon un ancien ministre, l’expérience d’un cabinet comparable à celui que Nagib Mikati a formé, et qui peut être assimilé à un champ de mines, ou à un espace hérissé de barricades, ne doit plus se répéter. Du reste, si ce gouvernement est toujours en place, c’est surtout parce que son maintien est « une nécessité syrienne », comme le montre le récent écart du ministre des Affaires étrangères à la récente réunion ministérielle de la Ligue arabe, au Caire. Prenant le contre-pied de la politique de distanciation que s’est fixé le gouvernement, Adnane Mansour avait demandé que le régime syrien soit admis à nouveau par la Ligue arabe, s’attirant ainsi les protestations de son homologue quatari et un désaveu du Premier ministre Nagib Mikati.


C’est aussi une nécessité du Hezbollah, qui peut continuer ainsi, avec la légitimité qu’il en tire, à poursuivre son travail de sape des institutions et de renforcement de son potentiel militaire. Mais les murs lézardés du gouvernement continueront de tenir bon, malgré les envies de M. Mikati de démissionner. La paix civile, l’unité du Liban, l’exigent, en attendant un accord sur une loi électorale qui permettrait une transition pacifique vers un gouvernement neutre.

 

Pour mémoire

Majorité et opposition misent sur le report des élections en attendant que se décante la situation en Syrie

 

Repère

Loi électorale : petit guide à l’usage de l’électeur libanais perplexe

 

Voir notre dossier : Les électeurs libanais ont la parole
En dépit des grincements qui se font entendre au sein du gouvernement de Nagib Mikati, l’équipe ministérielle en place continue de jouer un rôle de balancier indispensable à la vie politique. Elle empêche le pays de sombrer dans l’anarchie constitutionnelle, et peut-être dans le vide.
Pour la communauté internationale, en effet, le gouvernement est un indispensable interlocuteur. Un...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut