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Liban

Sleiman aux émigrés d’Australie : Ayez foi dans l’avenir, il est au Liban...

Le président Sleiman a décoré la gouverneure de la province de New South Wales, Mary Bashir. Photo Dalati et Nohra

Même noyée sous la pluie et rendue floue par le brouillard gris, Sydney reste une ville fascinante, avec son pont légendaire qui surplombe le Pacifique, son port particulier et le fameux opéra, qui se dresse sous les fenêtres de l’hôtel InterContinental où le chef de l’État Michel Sleiman et la délégation qui l’accompagne se sont installés. En dépit de sa renommée internationale, l’hôtel, selon ses employés, n’a jamais connu une telle effervescence depuis l’arrivée de la délégation présidentielle libanaise. Toute la communauté libanaise de Sydney semble vouloir y faire un saut pour rencontrer le président ou si ce n’est pas possible un des ministres et conseillers qui l’accompagnent. La visite officielle en Australie commence ainsi à ressembler à une vaste réunion de famille et le chef de l’État insiste pour saluer personnellement chaque émigré venu le voir. À ceux qui lui demandent s’il n’est pas las de le faire, il répond : si ces gens ont fait du chemin pour venir voir le président du Liban, la moindre des choses est que je prenne la peine de les saluer. Si le premier rendez-vous de la journée a été consacré à un entretien avec la gouverneure de la province de New South Wales, la célébrissime Mary Bashir, présidente d’université, âgée de 83 ans, que le président a décorée de la plus haute distinction libanaise, le reste de la journée a été consacré aux émigrés libanais encore et toujours. Avec Mme Bashir, il a été question de la situation politique générale, mais aussi de questions culturelles, notamment le renforcement des relations entre l’Université de Melbourne et les universités libanaises. Mais c’est au cours de la rencontre générale avec les émigrés au stade olympique de Sydney que le chef de l’État a eu des accents mouvants pour pousser la communauté libanaise à rester fidèle à son pays d’origine tout en étant loyale à l’égard du pays d’accueil, l’Australie.
Le stade olympique grouillait ainsi de monde, en dépit du mauvais temps et des problèmes d’embouteillage qui peuvent rivaliser avec ceux de Beyrouth à la veille d’une fête. Les Libanais d’Australie ont beau être là depuis des années, ils gardent une grande nostalgie pour le pays d’origine. Ils parlent parfois mal l’arabe et chantent mieux l’hymne national australien que celui du Liban, mais ils vibrent dès qu’on leur parle du Liban et de sa douceur de vivre. Ici, tout leur est assuré, et ils appartiennent généralement à la classe aisée, mais ils n’en gardent pas moins au fond de leur cœur une grande place pour le Liban, idéalisé par l’éloignement et la force du souvenir. À ces assoiffés de Liban, ayant bravé la pluie et les distances pour venir le voir, le président du Liban a voulu donner un message d’espoir.
Au moment où le procès du tueur norvégien se déroule à Oslo et que ce dernier déclare avec fierté qu’il a accompli son geste dans une mesure préventive pour protéger la société norvégienne du poison de la diversité, le président du Liban a déclaré que la victoire définitive reviendra au modèle libanais, car, en cette période de mondialisation galopante, le monde a plus que jamais besoin de diversité et d’acceptation de l’autre. Avec confiance et conviction, Michel Sleiman a expliqué à ses auditeurs que la démocratie à la libanaise sortira victorieuse des turbulences actuelles, et cette conviction n’est pas due à un simple désir, mais elle est basée sur des données qui sont liées au développement des moyens de télécommunications et à l’évolution générale du monde qui, en dépit des convulsions actuelles, ne peuvent qu’aboutir à plus d’échanges et à plus de diversité. Le président de la République libanaise avait d’ailleurs évoqué ce thème au cours des rencontres avec les dirigeants arabes, poussant la Ligue arabe à réformer ses statuts pour aboutir à une participation effective des chrétiens et des autres composantes de la nation arabe, afin de préserver l’avenir. Avec beaucoup de sagesse, Sleiman n’a pas demandé aux émigrés libanais de revenir sur la terre d’origine, sachant bien que pour bon nombre d’entre eux cette option n’est pas envisagée, mais il leur a demandé de s’investir au Liban et de resserrer les liens avec ce pays, qui, selon lui, reste une nécessité pour la région et pour le monde. Sleiman a minimisé les conflits et les divisions actuelles, précisant que, par rapport aux pays de la région, le Liban jouit d’une grande stabilité et assurant que celle-ci va durer. D’ailleurs, le directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, et le chef des SR de l’armée, le général Edmond Fadel, ont abondé dans ce sens et n’ont pas raté une occasion de dire à la presse et aux émigrés qu’ils s’entendent à merveille et que les actions des services sont coordonnées, contrairement aux rumeurs qui courent dans la presse sur une rivalité entre eux. D’ailleurs, les deux hommes, ainsi que le commandant en chef de l’armée, le général Kahwagi, font partie de la même promotion et affirment qu’ils s’entendaient très bien à cette époque et continuent de le faire aujourd’hui...

Le pari du pétrole
Le chef de l’État a aussi évoqué l’inquiétude des émigrés libanais à l’égard de leur pays d’origine, notamment en raison de la violence dans les pays voisins et des interventions étrangères sous le couvert de la démocratie. Sleiman a assuré que les Arabes doivent arrêter ces interventions, car, en définitive, elles servent les intérêts d’Israël. Il a exprimé le souhait que la violence s’arrête rapidement en Syrie et que les Syriens qui veulent tous la démocratie parviennent à s’entendre sur les moyens et la formule qui leur conviennent. Il a répété que le Liban ne peut pas être une scène pour un règlement de comptes arabes et encore moins une base d’action contre un autre pays arabe. Tout en rappelant les obstacles surmontés récemment, Sleiman a précisé que le Liban a retrouvé sa place sur la scène internationale et défend avec vigueur la cause mère des Arabes, à savoir la Palestine. Il s’est aussi voulu optimiste en précisant que dès que l’extraction du pétrole commencera, le Liban en aura fini avec sa crise économique. Il a encore rappelé que depuis 2008 les institutions fonctionnent normalement, même si la croissance a quelque peu reculé à cause des événements dans la région. Sleiman a surtout incité les Libanais d’Australie à maintenir le contact avec le Liban, en procédant à l’enregistrement de leurs enfants auprès des consulats libanais, promettant à ce sujet une dynamisation des efforts diplomatiques, et il leur a demandé de penser à investir au Liban, car à ce sujet ils ont des droits préférentiels sur les autres investisseurs. Il a aussi rendu hommage à l’armée qui a montré qu’elle est l’institution de tous les Libanais et qu’elle n’est pas au service du régime, mais de la patrie. Il a encore rendu hommage à la jeunesse qui appuie la résistance et qui a permis une victoire sur Israël, et enfin il a insisté sur l’importance des émigrés qui constituent la prolongation du Liban dans le monde et la partie dont les Libanais sont fiers. D’ailleurs, comme l’a fait remarquer l’ancien ministre Khalil Hraoui, ce n’est pas facile de réunir des Libanais de toutes les confessions et de toutes les tendances par les temps qui courent. Or, le président a réussi à le faire. Tout comme il a réuni les représentants de tous les pays arabes au cours d’une réunion avec les diplomates arabes à sa suite à l’hôtel InterContinental. À tous, Sleiman a déclaré que l’unité fait la force et qu’il faut resserrer les liens au lieu de trouver des sujets de division.
En sortant de ce meeting, tous les présents ont tenu à saluer le chef de l’État et son épouse, et inlassablement il a eu un mot gentil pour chacun, se prêtant volontiers au rituel des photos. Certains Australiens d’origine libanaise, qui parlent un arabe avec l’accent du Nord mâtiné d’accent anglais australien, ne trouvaient pas leurs mots pour exprimer leur joie. D’autres avaient les larmes aux yeux et d’autres encore promettaient de venir au Liban au cours de l’été. Dans ce monde hétéroclite, uni par une même nostalgie du Liban, deux cousines octogénaires, originaires de Zahlé, maquillées et bijoutées n’en revenaient pas de se retrouver là. Elles sont venues par hasard, mues par la curiosité et le désœuvrement, et précisent qu’elles n’ont pas l’intention de se doter d’une carte d’identité libanaise ni de se rendre au Liban, mais elles étaient heureuses d’être là et d’évoquer les rares souvenirs de leur petite enfance, lorsqu’elles vivaient encore au cœur de la « fiancée de la Békaa ». Avec un accent inimitable et des gloussements de jeunes filles, elles tentaient de se rappeler le nom d’untel et la fonction de tel autre. L’espace de quelques heures, elles ont retrouvé le Liban et celui-ci les a retrouvées avec une émotion intacte et une netteté des images que ni le temps ni l’éloignement ne peuvent ternir. Le Liban reste en somme dans le cœur comme une maladie incurable, diront certains, ou comme une flamme de vie, diront d’autres...
Même noyée sous la pluie et rendue floue par le brouillard gris, Sydney reste une ville fascinante, avec son pont légendaire qui surplombe le Pacifique, son port particulier et le fameux opéra, qui se dresse sous les fenêtres de l’hôtel InterContinental où le chef de l’État Michel Sleiman et la délégation qui l’accompagne se sont installés. En dépit de sa renommée...

commentaires (3)

Mr Le Président de la République. Si je comprends bien, vous êtes allés dire gentiment aux libanais de l'extérieur de nous envoyer leur argent mais qu'en contrepartie ils n'auraient pas le droit de voter en 2013 car Aoun et Nasrallah ne veulent pas et que Mr le Président ne veut pas leur déplaire, donc il laisse faire.

Saleh Issal

03 h 22, le 19 avril 2012

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Commentaires (3)

  • Mr Le Président de la République. Si je comprends bien, vous êtes allés dire gentiment aux libanais de l'extérieur de nous envoyer leur argent mais qu'en contrepartie ils n'auraient pas le droit de voter en 2013 car Aoun et Nasrallah ne veulent pas et que Mr le Président ne veut pas leur déplaire, donc il laisse faire.

    Saleh Issal

    03 h 22, le 19 avril 2012

  • Ayez foi dans l'avenir, dit le Président, qui sait bien que toute la pagaille de ce simulacre de gouvernement, issu d'un coup d'Etat par intimidations, menaces et blouses noires fachistes, se désintégrera par la volonté populaire en 2013, si ce n'est pas bien AVANT.

    SAKR LEBNAN

    03 h 02, le 19 avril 2012

  • - - Le président à raison parce qu'en 2013 , tout va changer radicalement .. Donc ayez foi dans l'avenir , il est au Liban dans la troisième République .

    JABBOUR André

    01 h 05, le 19 avril 2012

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