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Liban - Majorité

Aoun : La période de grâce du gouvernement est terminée

Le chef du CPL admet l’existence d’un impératif imposant le maintien du statu quo gouvernemental, mais se réserve le droit à tout moment de claquer la porte du cabinet.

Le chef du CPL a reçu hier à Rabieh une délégation du Hezbollah. Photo Hassan Assal

Le chef du CPL, le général Michel Aoun, a réitéré hier ses griefs contre la politique du gouvernement, dans lequel il participe massivement, déplorant qu’aucun chantier de réforme n’ait encore véritablement décollé. Tout en soulignant que le cabinet doit pour le moment être maintenu, il s’est réservé le droit à tout moment de quitter la coalition au pouvoir.
« Jusqu’ici, il y a une nécessité de préserver le statu quo. Toutefois, je définirai moi-même le moment où je ne pourrai plus supporter » de rester au sein de la coalition, a-t-il déclaré dans un entretien hier soir à la chaîne al-Manar.
« Le peuple désespère de l’absence de réformes. Ma position, c’est qu’il faut lutter contre la corruption », a-t-il ajouté, faisant allusion à l’existence de divergences avec le Hezbollah sur ce plan et réaffirmant que « lutte anticorruption et résistance sont liées, car la corruption nuit à la résistance ». Mais il a pris soin de souligner à plusieurs reprises que ces « différences momentanées » dans les priorités « ne remettent pas en question l’entente » entre les deux formations.
« Je suis prêt à être l’adversaire de tout le monde et je peux être l’ami de tout le monde », a lancé le général. Prié de dire s’il considérait que ses critères de vérité en matière de réformes devaient impérativement s’imposer face à ceux de ses partenaires au gouvernement, il a répondu : « En toute modestie, je possède la vérité. Qui peut discuter avec moi ? Quand je dis que quelqu’un est contrevenant, on ne peut pas me rétorquer que je suis en train d’attaquer sa communauté. »
« La période de grâce pour le gouvernement est terminée. Il y a des choses essentielles qui n’ont pas encore décollé », a-t-il poursuivi, reprochant notamment au cabinet d’avoir « mis des entraves et des hérésies » dans le plan adopté pour l’électricité.
Se montrant une fois de plus virulent contre le Premier ministre, Nagib Mikati, il a affirmé qu’il n’était pas hostile à sa personne. « Mais je lui indique où se trouvent les erreurs et lui ne veut pas les corriger. Que faut-il donc qu’il fasse ? Qu’il viole les lois pour être un héros ? » s’est-il interrogé.
Le général Aoun s’en est également pris au chef du PSP, Walid Joumblatt, qui l’avait accusé de se prendre pour « le plus pur des hommes ». « Que M. Joumblatt nous dise en quoi nous ne sommes pas purs au lieu de nous condamner à partir de nos intentions », a-t-il dit, affirmant qu’il existe des « irrégularités » dans les chantiers des Travaux publics, un ministère tenu par un joumblattiste, Ghazi Aridi, « comme d’ailleurs dans d’autres ministères ».
Interrogé sur l’état de ses rapports avec le président de la République, Michel Sleiman, le chef du CPL n’a pas été plus tendre à son égard. « À la base, il n’y a pas de relations entre nous. Je dirai pourquoi dans mes Mémoires », a-t-il indiqué, reconnaissant que les nominations administratives sont l’un des problèmes qui se posent avec le chef de l’État. « Mais il y en a d’autres. »
S’agissant du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, le général Aoun a dit : « Nous sommes en harmonie, mais il n’est pas orange, comme certains le pensent. »
Il a enfin rappelé qu’il avait « délivré un aller simple » à l’ancien Premier ministre Saad Hariri, écartant tout retour au pouvoir de ce dernier, tout en affirmant que sur le plan personnel, il n’avait pas d’inconvénient à le rencontrer.
Réaffirmant son opposition au financement du Tribunal spécial pour le Liban, tant que le dossier « n’est pas régularisé » au Parlement, Michel Aoun a néanmoins laissé entendre que même dans ce cas, le TSL ne passerait pas, « puisqu’il faut les deux tiers des voix ». Autrement dit que son bloc voterait contre.
Pressé par le journaliste d’al-Manar de préciser pourquoi il s’oppose aujourd’hui au financement du TSL alors qu’il avait approuvé les déclarations ministérielles des gouvernements précédents qui soutenaient explicitement le tribunal, le chef du CPL a tenté à plusieurs reprises d’éluder la réponse, avant de demander : « Mais qui donc a dit que j’étais pour ? »
Affirmant « ne pas savoir » si les menaces de sanctions internationales étaient sérieuses en cas de non-paiement par le Liban de sa contribution, il a ajouté : « Rien que parce qu’il existe un danger, faudra-t-il que je me soumette au chantage ? »
Enfin, réfutant l’existence d’un printemps arabe, il a estimé que les solutions préconisées par les tenants du changement « sont du passé ». « Depuis longtemps, j’avais vu que c’est le fondamentalisme islamique qui allait débarquer. Je l’avais dis en 1994 », a-t-il rappelé.
À ses yeux « le régime syrien s’améliore » et si l’opposition syrienne gagne, « la révolution islamique va se transposer à Beyrouth ». « La majorité en Syrie veut la réforme, mais aussi la stabilité », a-t-il dit.
Le chef du CPL, le général Michel Aoun, a réitéré hier ses griefs contre la politique du gouvernement, dans lequel il participe massivement, déplorant qu’aucun chantier de réforme n’ait encore véritablement décollé. Tout en soulignant que le cabinet doit pour le moment être maintenu, il s’est réservé le droit à tout moment de quitter la coalition au pouvoir....

commentaires (11)

Je me permets de rebondir sur le commentaire de Mme Malha que je viens de lire pour confirmer ce qu'elle dénonce. Je suis en ce moment à Beyrouth et par rapport à mon dernier passage, il y a cinq mois, j'ai en effet constaté que les gens témoignent d'une insécurité croissante et d'une dégradation de la situation.

Robert Malek

19 h 01, le 30 octobre 2011

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Commentaires (11)

  • Je me permets de rebondir sur le commentaire de Mme Malha que je viens de lire pour confirmer ce qu'elle dénonce. Je suis en ce moment à Beyrouth et par rapport à mon dernier passage, il y a cinq mois, j'ai en effet constaté que les gens témoignent d'une insécurité croissante et d'une dégradation de la situation.

    Robert Malek

    19 h 01, le 30 octobre 2011

  • M. Farhat, vous faites très bien de me le dire parce que je vous réponds tout de go, si vous le permettez, que vous vous trompez : je n'attaque pas les personnes mais une seule personne et ses opinions. Par ailleurs, comme tout le monde ici je donne parfois mon avis sur certains sujets (évidemment pas tous comme la personne en question) (heureusement que j'ai autre chose à faire) et je crois avoir donné ma position plus d'une fois. Cela dit, je suis désolé de vous informer que votre remarque, si légitime soit-elle, ne me fera pas changer d'avis. Je répondrai aux propos polluants (eh oui !) de cette personne dès que je pourrai le faire. Sincères salutations.

    Robert Malek

    17 h 07, le 30 octobre 2011

  • En ce moment c'est la déstabilisation complète en plus que l'esclavage et la corruption qui bat son plein, nous vivons une insécurité totale ( vols, kidnappings, tueries ) et vient s'ajouter aussi la pauvreté oui les libanais sont de plus en plus pauvres et les pauvres ont maintenant faim, les malades parmi eux continuent à mourir par manque de soins comme auparavant. La ROLEX est en panne chers internautes, malheureusement rien ne va plus chez nous, c'est la chute vertigineuse. Marie Jose Malha

    Marie Jose Malha

    08 h 48, le 30 octobre 2011

  • Monsieur Malek, ça fait un moment que j'avais envie de vous le dire... et je vous le dis: Vous vous attaquez souvent directement aux personnes dans ce forum mais pas à leurs opinions... C'est franchement "Polluant" et risque de transformer ce forum en Souk!

    Ali Farhat

    07 h 42, le 30 octobre 2011

  • Bizarre que Jabbour n'ait pas encore réagi à la question posée par M. Beauchard... J'imagine sa réponse et j'en ris d'avance. D'ailleurs tout le monde ICI est capable de rédiger une réponse à la Jabbour (rires).

    Robert Malek

    04 h 10, le 30 octobre 2011

  • A quand la fin de l'état de grâce pour Michel Aoun?

    Beauchard Jacques

    03 h 43, le 30 octobre 2011

  • IDNA BZINARAK YIA ABDO ! KHIDNA BHILMAK YIA ABDO ! C'est écrit dans le ciel ! Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    12 h 26, le 29 octobre 2011

  • Que d'illogismes au nom de la seule logique ! IDNA BZIBARAK YIA

    Anastase Tsiris

    11 h 47, le 29 octobre 2011

  • Jabbour, vous pataugez allègrement entre contradictions et aberrations. Vous devez vraiment vous emmerder dans votre vie pour n'avoir comme seul but que celui de polluer ce forum dès l'aube et voir votre nom partout. Vous êtes en pamoison devant un mec qui croit prôner la légalité en appuyant et soutenant la plus grande illégalité de ce pays. Vous êtes bien le seul à penser que tout va bien car même votre idole trouve que ça ne va pas. Et à la lecture de cet article, on comprend d'où vous tenez votre langage de gamin. Votre grand sachem se croit maître à bord avant Dieu et profère des prédictions aussi lamentables que les vôtres. Vous contribuez à la perte du Liban et vous en êtes fier. Heureux les simples d'esprit...

    Robert Malek

    07 h 49, le 29 octobre 2011

  • Le directoire du Hezbollah est très inquiet sur ce que le général va sortir le soir dans l'entrevue prévue sur al-Manar. Alors le chef du Bloc parlemantaire du Hezb court à Rabieh pour l'apaiser. Mission difficile même pour l'allié décideur de tout. Mais le résultat est là : "Je possède la vérité" et Mikati doit s'y soumettre, dit en somme le général sur al-Manar, mais dans tous les cas "le cabinet doit être maintenu". Soulagement général. A Damas surtout. Ordre bien suivi. Vient la longue disseration connue sur "la corruption". De l'autre bord, bien sûr. Car les alliés du général, en matière de corruption, font partie de la phalange de l'ange Gabriel (pourquoi tournez-vous le regard vers le Parlement ?). Et attendre du journaliste d'al-Manar qu'il ose poser la moindre question à ce sujet, c'est attendre justement une audace des anges. Cependant il faut reconnaître que le journaliste a le courage de dire au général : "Vous avez accepté par le passé le financement du TSL par les gouvernement passés (dont vous faisiez partie). Ai ! Ai ! Cette question n'aurait pas dû être posée. Et le général ne trouve à rétorquer que : Qui a dit que j'étais pour" ? La tragi-comédie du pouvoir dans ce pays mise à nu !

    Halim Abou Chacra

    03 h 24, le 29 octobre 2011

  • - - Il a écarté tout retour au pouvoir de Saad Hariri , mais aussi de Fouad Siniora , ce que l'article n'a pas rapporté . Si seulement ses opposants et détracteurs , pour ne pas dire adversaires politiques , pouvaient en dire autant avec une telle clarté et une telle franchise ! Et ils se demandent pourquoi cet homme est si aimé et si respecté par le peuple qui lui renouvelle sa fidélité à chaque consultation avec une base et une popularité qui restent intactes , malgré toutes les tentatives de déstabilisations , qui sont restées sans suites et sans lendemains ... !!

    JABBOUR André

    00 h 57, le 29 octobre 2011

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