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Économie - Conjoncture

Au Liban, les fêtes de fin d’année dans la ligne économique de 2012

Des soldes avant l’heure, des consommateurs moins nombreux et un ticket moyen à la baisse... Le mois de décembre, tant attendu par les professionnels, n’aura en rien changé la donne. 2012 demeurera inexorablement « une des pires années » économiques pour le pays du Cèdre. Si certaines familles déplacées syriennes contribuent pleinement à la consommation, ces gains ne rattrapent en rien les pertes économiques essuyées en raison du conflit voisin.

Les professionnels ont dû proposer des soldes avant l’heure et constater une diminution de leur activité en décembre entre 20 et 30 %.  Photo AFP

Comme prévu, les fêtes de fin d’année n’auront pas été épargnées par le marasme économique et politique ambiant. La guerre civile qui fait rage en Syrie et l’interdiction des États du Golfe à leurs ressortissants de se rendre au Liban ont à nouveau privé le pays de juteux revenus. Selon Nicolas Chammas, président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), l’activité commerciale durant le mois de décembre a poursuivi sa tendance à la baisse « en extrapolation de la pente raide enregistrée depuis le mois de juillet ». Selon lui, si les produits de base ont été affectés dans une moindre mesure, les biens de consommation durables et de « fait » (jouets, vêtements...) ont, eux, été touchés de plein fouet. Il constate sur le secteur une diminution de 20 à 30 % des ventes. 


Par ailleurs, le président de l’ACB a souligné les problèmes de surstockage rencontrés par les commerçants. « Les articles invendus se déprécient de manière quasi instantanée depuis le début de l’année, explique-t-il, entraînant une nouvelle détérioration des moyens fiscaux pour l’année à venir. » En effet, les soldes ont démarré bien avant Noël dans de nombreuses enseignes de la capitale. « Le secteur commercial subit une triple peine », ajoute Nicolas Chammas, par un examen affiné de la diminution du chiffre d’affaires du secteur. « Il y existe en premier lieu une perte due à l’érosion des prix suite à de gros rabais effectués pour les soldes combinés à une baisse effective du nombre de consommateurs et une diminution importante du ticket moyen ». Pour le président de l’ACB, 2012 restera la « pire année économique » depuis l’après-guerre, et ses répercussions financières continueront à peser durant de nombreuses années.

 

(Lire aussi : Le conflit en Syrie ternit les fêtes de fin d'année au Liban


En outre, l’absence de touristes arabes se fait lourdement sentir sur l’économie libanaise, les ressortissants arabes représentant 45 % des dépenses détaxées dans le pays. Citée dans une dépêche AFP, Sophie Salamé, gérante d’une boutique de décoration, a même envoyé des e-mails personnalisés à ses clients du Golfe pour les convaincre de venir. Mais pour elle, paradoxalement, le salut est venu de Syrie et de ses réfugiés. Si beaucoup d’entre eux sont des familles pauvres aux abois, d’autres, bien plus fortunés, mènent, selon elle, grand train au Liban. 

Les familles sont là, mais le business est ailleurs
Nassib Ghobril, économiste en chef à la Byblos Bank, fait la distinction entre les réfugiés syriens et les « déplacés » qu’il considère comme les familles aisées syriennes au Liban, constituant de véritables « ménages » supplémentaires au niveau économique. « Ces familles, souvent de riches hommes d’affaires, ont commencé par louer des voitures puis par acheter. Ils occupent des appartements, scolarisent leurs enfants ici et contribuent de manière non négligeable à la consommation locale. » Si le spécialiste n’a pas pu estimer de manière précise le nombre de « déplacés » syriens au Liban, le chiffre ne serait pas des moindres, tandis que leurs dépenses mensuelles représenteraient entre 4 000 et 5 000 dollars par famille. « Mais cela ne compense bien évidemment pas l’impact de la crise syrienne au Liban », précise Nassib Ghobril. Là encore, il semble que le Liban soit passé à côté d’une opportunité manquée. Selon le spécialiste, si ces hommes d’affaires syriens ont bien élu résidence au Liban, ils n’ont pas décidé d’y installer leur usine, mais ont préféré des pays comme l’Égypte, Dubaï, tandis que certains exploreraient même des pistes européennes. « Les autorités libanaises ne facilitent pas les affaires au Liban, note Nassib Ghobril, les coûts sont toujours élevés, la bureaucratie pesante et l’environnement instable. » Pour l’économiste, « 2013 sera une extension de 2012 », prévoyant dans le meilleur des scénarios une croissance réelle du PIB à 3 %.


« Le Liban a besoin d’un choc politique positif de la même intensité que celui des accords de Doha pour retrouver la confiance des consommateurs et ainsi celle des investisseurs », conclut-il.

 

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