À la recherche d’une sortie de crise libano-libanaise

À l’initiative du Courant patriotique libre (CPL), qui affirme chercher « une solution libano-libanaise » à la crise interne, une réunion a regroupé hier, au Parlement, des députés des blocs du Futur et du Changement et de la Réforme. Objectif : dégager des « dénominateurs communs » et empêcher les institutions d’être totalement paralysées par la crise régionale.

Les députés Atef Majdalani, Jean Oghassabian, Jamal Jarrah et Ghazi Youssef ont représenté le courant du Futur, alors qu’Ibrahim Kanaan, Alain Aoun, Ziad Assouad et Simon Abiramia ont représenté le CPL.
« Un gouvernement neutre loin des zizanies et divergences politiques, orienté vers les besoins économiques, sociaux et sécuritaires des Libanais ». C’est ce que le courant du Futur a dit avoir réclamé, dans un court mémorandum résumant les entretiens de deux heures qu’il venait d’avoir avec le CPL.

Dans le mémorandum, lu par Atef Majdalani, le Futur a indiqué que cette rencontre avait été « franche, positive et sérieuse » et qu’elle pavait la voie « à des dénominateurs communs, dans l’intérêt du Liban et des Libanais ».
Les autres points de ce mémoire sont : Baabda, instance de recours nationale ; retrait du Hezbollah de Syrie, son engagement ayant entraîné, par contagion, le feu syrien à l’intérieur du Liban ; respect des échéances constitutionnelles, en particulier celle de l’élection d’un nouveau président de la République dans les délais constitutionnels.
En revanche, l’élaboration d’une nouvelle loi électorale semble avoir été absente des entretiens.

(Pour mémoire : Michel Aoun : Tant que les régimes arabes ne sont pas démocratiques, les chrétiens restent menacés)

Le Parlement et Kanaan
Au nom du CPL, M. Ibrahim Kanaan, à son tour, a souhaité que, pour une fois, « une décision libanaise sans ingérence extérieure » soit prise, pour sortir le Liban de l’ornière législative. M. Kanaan a tenu à rappeler que « la rencontre résulte d’une initiative du CPL, dans son ouverture aux autres blocs parlementaires, conformément aux recommandations issues du huis clos du Changement et de la Réforme à Deir el-Kalaa, le 11 octobre 2013, et selon les instructions du général Michel Aoun ».
Il a ajouté que cette initiative repose sur la nécessité de dynamiser le rôle des institutions constitutionnelles, à commencer par le Parlement.
Selon M. Kanaan, les discussions ont notamment porté sur l’importance de séparer les dossiers d’importance nationale de la crise syrienne.
« Nous sommes hostiles à tout projet de prorogation au sein des institutions, a-t-il enchaîné. Nous craignons qu’à présent, après tout ce qui s’est passé, le vide n’atteigne l’échéance de la présidence de la République. »
Réforme financière, réforme administrative, distribution des recettes du Trésor dues aux municipalités, rejet de toutes les formes d’extrémisme religieux, dialogue direct étaient par ailleurs d’autres têtes de chapitre des entretiens.

 « Containement »
« Je peux affirmer que nous ne nous sommes entendus sur aucun sujet au cours de cette rencontre, mais nous cherchons à atteindre ces dénominateurs communs », a osé dire M. Kanaan, d’une voix de stentor. « Cela ne veut pas dire que nous n’approuvons pas certains points avancés par nos collègues du Futur et vice-versa, ni que nos réunions vont aboutir à un accord politique bilatéral. Notre objectif est de communiquer avec les autres blocs et à travailler ensemble pour immuniser notre pays et le protéger », a-t-il ajouté. En somme, une politique de « containement » des différends politique qui opposent le Futur et le CPL, en attendant un projet national commun.
Le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, qui a reçu hier, pour deux heures de temps, le coordonnateur du secrétariat général des forces du 14 Mars, Farès Souhaid, a jugé « bon » le rapprochement formel entre les blocs du Futur et du Changement et de la Réforme.

Pour M. Geagea, si le député Mohammad Raad a été si féroce avec le courant du Futur, « c’est parce qu’il a réalisé que son principal allié du 8 Mars a décidé de s’ouvrir sur les différentes parties ».
De son côté, le député Samir el-Jisr a affirmé que « ce dialogue, s’il prend un cours positif et normal, permettrait d’apaiser les craintes qui subsistent depuis 2006 ». M. Jisr a ensuite abordé le sujet du blocage des séances législatives, expliquant que le boycott par le Futur des séances convoquées par le président de la Chambre des députés découlent du respect de la Constitution, « laquelle interdit de légiférer en présence d’un gouvernement démissionnaire, sauf nécessité ».
« Notre position devrait inciter à accélérer la formation du gouvernement et ce serait bien si notre rencontre avec le CPL permettait d’atteindre ce but », a-t-il souligné, rappelant que « le Futur n’est pas le seul à boycotter les séances ».

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