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Liban - La situation

La crispation sunnito-chiite en passe de paralyser tous les pouvoirs

A Saïda, des rues encore désertes, le spectre des violences est là. Photo Ahmad Mantache

Les armes se sont tues il y a une semaine à Saïda, mais les retombées politiques et institutionnelles de la bataille sanglante qui s’est déroulée dans cette ville commencent seulement à apparaître aujourd’hui.
Officiellement, les hostilités avaient opposé l’armée libanaise au groupe du cheikh salafiste Ahmad el-Assir, lequel n’avait pas réussi, avant sa disparition de la scène, à doter son mouvement de l’audience sunnite amplifiée qu’il convoitait manifestement.


Il était pourtant clair, dès l’arrêt des combats, que la crispation sunnito-chiite, déjà suffisamment nourrie par les positionnements respectifs à l’égard des parties en guerre en Syrie, de la situation en Irak et, naturellement, des éléments conflictuels propres au contexte libanais, allait prendre désormais une dimension encore plus marquée sur le plan politique. La polémique juridique – ou plutôt pseudojuridique – autour de la séance parlementaire qui était prévue aujourd’hui en a été l’illustration au cours du week-end écoulé et elle augure d’une paralysie se propageant à l’ensemble des pouvoirs.

 

(Lire aussi: Saïda se remet des violences : nettoyage des rues dans un ras-le-bol général)


À la base de cette nouvelle foire d’empoigne institutionnelle réside une volonté prêtée au président de la Chambre, Nabih Berry, dès lors qu’il avait réussi à associer la majorité des blocs parlementaires à l’acte de prorogation de la législature pour une durée de dix-sept mois, de cueillir justement les fruits de ce succès en faisant travailler la Chambre à plein rendement dès à présent.
Mettant à profit l’espèce de consensus entre les groupes parlementaires, à l’exception notable des députés du CPL, sur la décision de reculer de façon exceptionnelle l’âge de la retraite des chefs militaires et sécuritaires (dans le but, essentiellement, de maintenir provisoirement dans ses fonctions le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, dont le mandat se termine en septembre prochain), M. Berry avait surpris les membres du bureau de la Chambre en adjoignant à l’ordre du jour de la séance législative plus de quarante autres points alors qu’ils s’attendaient uniquement à une remise en selle de la commission ad hoc pour la loi électorale.

 

(Lire aussi: Fatfat accuse le Hezb d’avoir « tué la modération » et le PSP de l’avoir « affaiblie »)


À ceux qui lui ont fait remarquer que les points adjoints étaient en majorité de nature ordinaire et ne pouvaient de ce fait figurer à l’ordre du jour d’une séance parlementaire qui se tient en l’absence d’un gouvernement en titre, M. Berry a répondu qu’il s’était déjà concerté avec le président de la République sur cette question et qu’il convenait dès lors de considérer que la Chambre était en session extraordinaire du fait de l’absence de gouvernement.


Dans un premier temps, les députés concernés ont accepté ces explications, puis ils se sont aperçus de leur « erreur », comme l’a dit Antoine Zahra, député FL de Batroun et membre du bureau de la Chambre. Quelle est donc cette erreur ? L’absence du maillon sunnite, tout simplement...
Dans une tentative visant à rapprocher les points de vue, Baabda a proposé de procéder expressément à la convocation d’une session extraordinaire de la Chambre, comme la Constitution l’y autorise, en concertation avec le Premier ministre. Mais il était trop tard. Les milieux sunnites, à commencer d’ailleurs par le chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati, lui-même, ont subodoré dans l’affaire une tentative de la part du tandem chiite (Amal-Hezbollah) de profiter de la difficulté à mettre en place un nouveau gouvernement – difficulté dont ce tandem assume d’ailleurs la principale part de responsabilité – afin de supplanter purement et simplement les prérogatives attribuées par Taëf à la présidence du Conseil et donc à la communauté sunnite.

 

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Répondant samedi à ses détracteurs, M. Berry a affirmé que nul, à part la Constitution, ne pouvait empêcher le Parlement de légiférer, mettant ainsi d’emblée la Loi fondamentale de son côté. Il a soutenu que le Parlement doit être considéré comme étant en session extraordinaire d’office jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement.
Oui mais..., a répondu en substance M. Mikati, et avec lui la plupart des composantes du 14 Mars et des juristes de renom. S’il est vrai qu’en l’absence d’un gouvernement en titre, la Chambre est en session extraordinaire d’office, cela vaut uniquement pour les questions qui posent une certaine urgence ou ayant un caractère exceptionnel, comme la prorogation des mandats des chefs sécuritaires. Le Premier ministre sortant a donc opposé une fin de non-recevoir au président de la Chambre en annonçant que le gouvernement sortant ne pourrait assister à la séance, laquelle devait être considérée comme contraire à la Constitution.

 

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Dont acte : M. Mikati et ses alliés ont donc décidé de boycotter la séance, de même que les principales composantes du 14 Mars. Derniers à se prononcer, hier, les Kataëb se sont distingués dans la forme en ne parlant pas explicitement d’un boycottage, mais ils ont appelé le chef du législatif à « ajourner la séance » afin de « consolider » son initiative, « garantir la présence des blocs parlementaires » et « éviter tout malentendu dans les circonstances délicates que traversent le Liban et la région ».
Reste le CPL. Ce dernier se retrouve associé tout à fait fortuitement à une coalition du « non » à Nabih Berry. Le général Michel Aoun a ainsi annoncé hier soir à la NTV que ses députés n’assisteront pas à la séance, laquelle, de ce fait, est compromise par le défaut de quorum.
Certes, la raison essentielle de ce boycottage aouniste est l’inclusion à l’ordre du jour de la prorogation du mandat du commandant en chef de l’armée, à laquelle le CPL est opposé. Nombre d’observateurs pensent toutefois que d’autres considérations animent le général Aoun dans son attitude négative, alors même qu’il considère la séance comme étant « légale ». Il ferait tout simplement sa petite fronde devant un tandem chiite qui est supposé être son allié, mais qui s’est montré ces derniers temps particulièrement rétif à le soutenir dans ses démarches.

 

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Les armes se sont tues il y a une semaine à Saïda, mais les retombées politiques et institutionnelles de la bataille sanglante qui s’est déroulée dans cette ville commencent seulement à apparaître aujourd’hui.Officiellement, les hostilités avaient opposé l’armée libanaise au groupe du cheikh salafiste Ahmad el-Assir, lequel n’avait pas réussi, avant sa disparition de la scène,...

commentaires (8)

L'INIQUITÉ S'ÉRIGE EN ARBITRE SUPRÊME. __ LE DROIT EST BAFOUÉ. LA LOI N'EST QUE DILEMME, __ QU'INJUSTICE, QUE CRIME ET QUE MALÉDICTION. __ DANS LE PAYS TOUT N'EST QU'ERREUR ET DÉRISION.

SAKR LOUBNAN

14 h 47, le 01 juillet 2013

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Commentaires (8)

  • L'INIQUITÉ S'ÉRIGE EN ARBITRE SUPRÊME. __ LE DROIT EST BAFOUÉ. LA LOI N'EST QUE DILEMME, __ QU'INJUSTICE, QUE CRIME ET QUE MALÉDICTION. __ DANS LE PAYS TOUT N'EST QU'ERREUR ET DÉRISION.

    SAKR LOUBNAN

    14 h 47, le 01 juillet 2013

  • IL vont faire regretter aux libanais le pseudo "état maronite" d'avant 75...ceci étant,force est quand même de constater qu'il marchait pas si mal,à cette époque...vous savez quoi,y a qu'à tous devenir maronites...çà a déjà commencé dans les émirats...allez quoi! un petit effort...mdr!

    GEDEON Christian

    14 h 38, le 01 juillet 2013

  • Huhummm !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    13 h 47, le 01 juillet 2013

  • Le MAL doit être non seulement paralysé mais surtout neutralisé.

    Jaber Kamel

    12 h 48, le 01 juillet 2013

  • PAS EN PASSE ! TOUT EST PARALYSÉ DÉJÀ !

    SAKR LOUBNAN

    12 h 22, le 01 juillet 2013

  • Tout ce qui s'est passé au Liban depuis 1990 est anti-constitutionnel. A commencer par la présence de partis politiques tel que le PSNS, le PPS, Les divers Baas, moudarritoun et ou Hezbollah, qui tous ont une allégeance étrangère directe et sans ambiguïté. Nous passons par la non applications des accords de Taef, puis par tous les événements imposés par la force des armes a l’état, des troubles de Mar Michael, a la bataille de 2006, a l'invasion de 2008, au coup d’état de 2011, sans oublier les crimes et meurtres ou tentatives de meurtres par d'illustres inconnus très connus, la paralysie du parlement pendant 18 mois, etc... Aujourd'hui brusquement Berry se rappelle que le parlement se doit de légiférer. Étonnant encore que certain le croit neutre ou indépendant. Il n'y a pas de place pour les indépendants aujourd'hui. Il faut a tout pris choisir son camp même au péril de sa vie. L'avenir du pays en dépend!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 59, le 01 juillet 2013

  • rétif...c'est bien le mot...très rétif même...c'est carrément du je t'aime moi non plus...

    GEDEON Christian

    02 h 25, le 01 juillet 2013

  • En passe ?... Mais tous les partis politiques armés (c'est-à-dire tous) paralysent les pouvoirs au Liban depuis des décennies ! Et plus particulièrement, la milice illégale qui se croit au-dessus des lois et des droits, qui agit en toute impunité et qui s'impose depuis 30 ans en Etat dans l'Etat, surtout depuis que ses divins mercenaires, à la solde des despotes étrangers, tarés de Dieu et traitres, mettent le Liban en danger en allant participer à des guerres sales chez l'ennemi.

    Robert Malek

    01 h 48, le 01 juillet 2013

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