Avant de devenir les symboles d’un conflit, ils incarnaient la modernité de Beyrouth et l’élan architectural des années 1960 à 1970, reflet d’un Liban en pleine effervescence. L’Orient-Le Jour revient sur trois lieux emblématiques de la capitale libanaise marqués par la guerre civile : le Holiday Inn, la tour Murr et le cinéma du City Center.
Symboles des combats qui ont ravagé la capitale, ces bâtiments ont servi de repères pour les snipers, d’abris ou encore de prisons improvisées. Ils ont survécu aux quinze années de guerre, puis à la vaste opération de reconstruction des années 1990 qui a profondément transformé le centre-ville. Aujourd’hui, leurs silhouettes en ruine rappellent ainsi ce passé, faisant d’eux de rares témoins matériels de cette époque.
Nous sommes retournés dans ces lieux, fermés au public, avec ceux qui les ont vécus, pour en faire ressurgir la mémoire.
Dans cet épisode, l’artiste Marwan Rechmaoui revient sur l’histoire de la tour Murr, ce gratte-ciel inachevé au cœur de Beyrouth, devenu symbole de la guerre civile libanaise. Il évoque ses souvenirs d’enfance, marqués par les combats acharnés autour de ce lieu. Pour lui, la volonté collective d’oublier la guerre, souvent qualifiée de « résilience », masque en réalité des blessures profondes. À travers une démarche artistique, il décide de mouler cette célèbre tour en sculpture, comme une manière de questionner la mémoire, les traces du conflit et de comprendre les mécanismes qui ont façonné quinze années de guerre.