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« Face à l’usage abusif du concept de société civile », le nouveau livre du Dr Kamel Mehanna

« Face à l’usage abusif du concept de société civile », le nouveau livre du Dr Kamel Mehanna

La couverture de l’ouvrage du Dr Kamel Mehanna, président fondateur des associations Amel et Amel International.

Comment faire la distinction entre les organisations qui œuvrent pour le bien du pays et les chasseurs de « fausse gloire » ? C’est en se basant sur le concept de société civile, devenu soudain très à la mode, et sur le fait qu’il n’a pas une définition précise que le Dr Kamel Mehanna, président fondateur de Amel et de Amel International, a eu l’idée d’un livre sur le sujet. Il s’agit d’une réflexion approfondie sur l’émergence et le développement de la société civile au Liban à la lumière des différentes crises. Ce livre pourrait d’ailleurs rapidement devenir une référence incontournable concernant l’histoire de ce secteur au Liban, ses contraintes et ses perspectives d’avenir.

Publié aux éditions al-Farabi sous le titre Face à l’usage abusif du concept de société civile, Amel, un modèle démocratique pour construire la nation et le citoyen, ce livre propose, à travers de nombreuses références historiques et expériences de terrain, une analyse de l’évolution de la société civile au fil des années, ainsi qu’un modèle de changement susceptible d’inspirer les organisations occidentales et régionales.

Comme l’indique dans son introduction l’ancien ministre et penseur, le Dr Georges Corm, « ce livre, riche d’expériences locales et internationales, s’inscrit dans la continuité de la lutte menée par le Dr Mehanna depuis plus de 40 ans ; l’association Amel, forte de son expérience sur le terrain, incarne un modèle de travail social et humanitaire à la hauteur de ce que peuvent proposer les organisations de la société civile occidentale ». Le Dr Moustapha Hijazi, psychologue et penseur, ajoute : « Le livre du Dr Mehanna représente une incarnation de la philosophie du travail de la société civile et de ses principes fondamentaux, ainsi qu’une feuille de route claire pour l’avenir du développement. »

Kamel Mehanna insiste sur le modèle inédit que représente Amel, l’une des premières organisations humanitaires issues d’un pays du Sud à s’être implantées tant en Europe qu’en Asie, sans subordination à l’Occident et en coopération d’égale à égale avec les organisations occidentales.

Selon le Dr Mehanna, la définition du concept de « société civile » doit être adaptée en fonction du contexte et du pays concerné. En effet, la société civile dans le monde occidental diffère de celle que l’on peut rencontrer dans le monde arabe en général, et notamment au Liban où sa relation avec les autorités est spécifique. Aussi, ce concept demeure flou et fait l’objet de fréquentes controverses. Pourtant, comme le rappelle le fondateur de Amel, certaines constantes demeurent : des normes de réussite modernes et non traditionnelles héritées et, en principe, une indépendance vis-à-vis de tout contrôle direct de l’État.

Selon l’auteur, la société civile, qui est en constante évolution depuis l’époque grecque et dépend des contextes économique et politique, ne peut pas faire l’objet d’une définition stricte et figée ; d’où les modifications dans sa relation avec l’État.

Elle se démarque de la société traditionnelle ou communautaire, qui repose avant tout sur la famille, le quartier, la tribu, le clan, et s’articule autour des liens du sang et de l’appartenance religieuse, ethnique et patrimoniale. Les organisations de la société civile représentent à l’inverse la société dans sa diversité. Elles considèrent l’expression démocratique comme un moyen primordial de consolider leurs idées et leurs expériences dans les domaines politique, économique, sanitaire, social et culturel, et orientent la nouvelle génération vers la lutte pour la justice et les droits de l’homme.

L’analyse du Dr Mehanna ne signifie pas que les organisations communautaires n’ont pas joué un rôle important dans les différentes étapes historiques en termes d’organisation de la vie et de la solidarité entre les peuples ; cela ne signifie pas non plus que la société traditionnelle a pris fin avec l’émergence de la société civile ou qu’elle a été marginalisée. Mais dans une société moderne, la société civile doit accompagner le processus démocratique et appeler à transcender les cadres traditionnels de la société comme de l’État.

Le Dr Mehanna déconstruit ainsi le concept traditionnel de société civile, en rappelant qu’il s’agit avant tout d’une arène au sein de laquelle interagissent les forces du changement dans tous les domaines, politique, économique ou encore social. En produisant un discours et une stratégie nationaux en faveur des droits de l’homme, elle ouvre une voie vers la citoyenneté et la démocratie.

Au gré des changements internationaux et des évolutions dans le monde arabe et au Liban, la société civile est devenue un espace de liberté et un outil de démocratie, fantasmée par certains, perçue comme une importation de l’Occident ou encore comme une marionnette entre les mains de l’État par d’autres.

Fustigeant la multiplication des associations qui, sous couvert d’un slogan percutant, attirent les dons étrangers pour financer les projets d’une minorité ou d’un mouvement politique, Kamel Mehanna rappelle que les organisations civiles doivent avant tout viser le développement de la citoyenneté et œuvrer en faveur du bien commun en rejetant toute instrumentalisation. Ces dérives ont contribué à ternir l’image du monde associatif, notamment auprès des personnes engagées dans les mouvements de contestation au Liban. Or, selon l’auteur, la société civile n’est pas un ensemble homogène, et il convient de faire la distinction entre les organisations en quête de renommée et les associations locales de terrain, qui appellent elles aussi à l’établissement d’une société démocratique.

Le fondateur de Amal souligne que les partis politiques nationaux, les organisations bénévoles et le travail d’unification des forces démocratiques font partie intégrante des forces du changement dans la société civile. Et il revient dans son livre sur un maillon essentiel de la société civile : le volontariat.

Le Dr Mehanna propose dans cet ouvrage plusieurs solutions pour activer le rôle de la société civile. Selon lui, les organisations de la société civile doivent concentrer leurs efforts sur une « réforme par le bas » qui entraînera, elle, un facteur de « changement par le haut ».

Comment faire la distinction entre les organisations qui œuvrent pour le bien du pays et les chasseurs de « fausse gloire » ? C’est en se basant sur le concept de société civile, devenu soudain très à la mode, et sur le fait qu’il n’a pas une définition précise que le Dr Kamel Mehanna, président fondateur de Amel et de Amel International, a eu l’idée d’un livre sur...