Rechercher
Rechercher

Liban - Environnement

La municipalité de Beyrouth se lance dans un plan de réhabilitation des espaces verts

Pour remettre un peu de vert dans le paysage urbain, la municipalité de Beyrouth se lance dans un plan de réhabilitation des espaces verts, ouvert à la participation de tous les contributeurs potentiels (architectes, paysagistes, étudiants associations...).

Nadim Abourizk, vice-président de la municipalité, en charge du projet « Amazing Beirut ».

Beyrouth n’est pas réputée pour ses espaces verts, bien au contraire le sujet fait sourire sarcastiquement les habitants, les guides touristiques déplorent le manque de verdure, beaucoup se plaignent de l’état des parcs publics, et cette carence est désormais intégrée aux habitudes beyrouthines : les quelques parcs ouverts sont très peu fréquentés (contrairement aux cafés, restaurants et autres bars du centre-ville).
C’est donc pour améliorer la qualité de vie à Beyrouth, et faire réapparaître le plaisir de se promener et de se retrouver dans les parcs publics – à l’abri de la pollution et de l’agitation urbaine –, que la municipalité de Beyrouth se lance dans le réaménagement des espaces verts existants : un projet intitulé «Amazing Beirut».
Nadim Abourizk, vice-président du conseil municipal de la capitale, est à l’origine de ce plan. Pour sa réalisation et dans une optique de viabilité durable, il a réuni un groupe d’experts (architectes, paysagistes, urbanistes, élus municipaux, universitaires...) afin de constituer un observatoire urbain pour définir les différents enjeux et possibilités d’aménagement de Beyrouth.
«L’un des principaux axes sur lequel nous travaillons est la réhabilitation et l’aménagement d’espaces verts, explique M. Abourizk. Si l’on fait un bilan de la situation à Beyrouth, nous constatons qu’il y a des routes, du trafic, de la pollution, des zones délabrées et des espaces verts en déclin. Ces espaces verts sont les jardins publics, les terre-pleins routiers (comme ceux de Ramlet el-Baïda), et les îlots de verdure (type rond-point).»
«Le projet Amazing Beirut vise à réaliser différents objectifs, ajoute-t-il. Promouvoir la conscience environnementale de la population pour rendre les modes de vie plus responsables, augmenter la superficie d’espaces verts et améliorer la qualité de ceux déjà existants, et améliorer les capacités de la municipalité en matière de Partenariats privé-public (PPP).»

Quatre plans de réhabilitation
C’est d’ailleurs de ces PPP que dépendra en grande partie la réhabilitation des espaces verts. La municipalité compte en effet sur l’implication des sociétés privées pour faire évoluer le paysage urbain. Elle leur offre la possibilité de «s’approprier» des espaces publics. Les sociétés intéressées se chargeront du design, de l’aménagement et de l’entretien des endroits choisis (avec l’accord préalable de la municipalité).
Ainsi, quatre parcs ont déjà fait l’objet de plans de réaménagement offerts par différents cabinets d’architecture paysagiste: le plan pour le jardin de Sanayeh a été réalisé par le cabinet ZMK, le parc de Sioufi par le cabinet VDLA, le jardin Saint-Nicolas à Achrafieh par le bureau d’architecture Fréderic Francis, le jardin de la Quarantaine par Green Studio. «Chacun de ces parcs aura une identité propre respectant leur esprit et leur histoire respectifs, explique M. Abourizk. À Sanayeh, le patrimoine historique sera remis en valeur, un théâtre à ciel ouvert sera installé, des terrains de jeux pour les enfants, et des pistes cyclables seront aménagées. Le parc de Sioufi sera écologique et familial, la flore, la géologie et les anciennes pierres du site seront préservées. Le jardin Saint-Nicolas sera réaménagé de manière à être plus ouvert sur les rues qui l’entourent, une fontaine à débordement remplacera les barrières et une zone pavée le reliera à l’église Saint-Nicolas afin de créer un décor de piazza.»
Ces travaux d’aménagement débuteront à partir de ce mois, à commencer par le jardin de Sanayeh. Les autres parcs seront aménagés dans la foulée.
D’autres plans sont en gestation pour des parcs situés à Basta, à Achrafieh et dans le secteur de Dar el-Fatwa. Enfin un projet intitulé «Central Park» prévoit, d’ici à un an, de réaménager l’hippodrome de Beyrouth, afin d’en faire un parc ouvert au public. Un concours d’architecture sera lancé pour choisir l’aménagement du futur parc.

Des projets écologiques soutenus par les ONG
Une fois n’est pas coutume : des écologistes contribuent à l’élaboration du plan d’aménagement et semblent satisfaits de cette collaboration. Ainsi Antoine Tyan, président de l’association du Club des sciences, se félicite de la collaboration de l’association qu’il préside avec la municipalité. «Le parc de Sioufi est un de nos projets pilotes d’aménagement écologique, dit-il. Nous avons donc dialogué avec la municipalité, émis des remarques concernant les projets envisagés à propos de la préservation de la géologie, des espèces animales et végétales peuplant le parc. Nos remarques, qui se fondent sur des arguments scientifiques, ont été prises en compte et progressivement intégrées au projet.»
Selon M. Tyan, des améliorations pourraient être apportées. «Il serait préférable de planter des arbres fruitiers locaux plutôt que des espèce étrangères afin de ne pas déséquilibrer l’écosystème du parc, explique-t-il. Dans le cas contraire, cela impliquerait l’utilisation de pesticides chimiques nocifs pour l’homme et pour l’environnement.» «D’une manière générale, les améliorations dans le domaine de l’environnement se font progressivement, d’autant plus qu’il y a beaucoup à faire. C’est pourquoi nous privilégions le dialogue avec les pouvoir publics qui se montrent de plus en plus réceptifs à nos propositions», ajoute-t-il.
Ainsi les projets «verts» se développent, la municipalité est ouverte à toute proposition d’aménagements faite par des sociétés privées, et à long terme Beyrouth pourrait devenir plus agréable à respirer.
Quelques regrets toutefois: la municipalité ne s’est pas engagée sur une date précise de réalisation du plan, et l’augmentation de la superficie d’espaces verts reste tout de même insuffisante, les projets portant sur la réhabilitation d’espaces verts déjà existants, plus que sur l’aménagement de nouveaux espaces. Avec 0,8 mètre carré de verdure par habitant, Beyrouth est loin des 12 mètres carrés recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Comme bien souvent au Liban, l’optimisme et la patience sont de rigueur, d’autant plus pour ce type de projets «verts».

 

Lire aussi

Le Liban vert des Casques bleus

 

Achrafieh, pour une journée, sans voitures ni klaxons

 

 

Pour mémoire

Des jardins suspendus à Beyrouth ?

 

Nous irons tous au bois (de Beyrouth) ...

 

Divertir les enfants, la galère des jeunes parents

Beyrouth n’est pas réputée pour ses espaces verts, bien au contraire le sujet fait sourire sarcastiquement les habitants, les guides touristiques déplorent le manque de verdure, beaucoup se plaignent de l’état des parcs publics, et cette carence est désormais intégrée aux habitudes beyrouthines : les quelques parcs ouverts sont très peu fréquentés (contrairement aux cafés,...

commentaires (3)

Pourvu que ce projet aboutisse et ne soit pas des projets..qui finissent dans un tiroir.. Au liban, les "affairistes" sautent sur toute parcelle de terrain inexploitée : Soit pour en faire un parking ( lorsqu'ils n'ont pas trop de moyens). Soit pour en faire un Mall. Les parcs?? Dans leur "mentalité" c'est du gaspillage...(selon ces personnes sans scrupules).

Jean-Pierre EL KHOURY

14 h 35, le 08 avril 2013

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Pourvu que ce projet aboutisse et ne soit pas des projets..qui finissent dans un tiroir.. Au liban, les "affairistes" sautent sur toute parcelle de terrain inexploitée : Soit pour en faire un parking ( lorsqu'ils n'ont pas trop de moyens). Soit pour en faire un Mall. Les parcs?? Dans leur "mentalité" c'est du gaspillage...(selon ces personnes sans scrupules).

    Jean-Pierre EL KHOURY

    14 h 35, le 08 avril 2013

  • Et si on lançait des projets de réhabilitation des MOURABA3AT interdites aux autorités et aux autres, ne serait-ce pas mieux ?

    SAKR LEBNAN

    05 h 48, le 03 septembre 2012

  • Bravo et surtout courage pour nos paysagistes. Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A. Nazira

    04 h 25, le 03 septembre 2012

Retour en haut