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Nos Lecteurs ont la Parole - Opinion

Abolissez l’article 534, Monsieur Moukheiber

Vous êtes l’élu d’une circonscription précise, mais on peut aussi vous considérer comme représentant tous les Libanais. Vous êtes de plus le rapporteur de la commission parlementaire des Droits de l’homme, et c’est à ces deux titres que je m’adresse à vous pour vous entretenir d’un sujet qui gâche la vie de dizaines de milliers de vos compatriotes : le code pénal libanais qui, dans son article 534, punit d’un an de prison les homosexuels.
Ils se retrouvent donc parqués avec des criminels, des trafiquants, des gens qui ont enfreint la loi, et ce dans des conditions déplorables.
Le dictionnaire dit que l’homosexuel est celui qui éprouve une attirance pour une personne du même sexe. Il n’est question ni de perversion, ni de délit, ni de crime.
Sans aller jusqu’à faire l’historique de l’évolution du regard que la société a jeté sur l’homosexualité, je cite deux dates : en 1974 le DSM4 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), qui est l’ouvrage de référence des psychiatres américains, a supprimé l’homosexualité de la liste des maladies mentales (déjà il n’était plus question de délit ou de crime). L’OMS, en 1991, a emboité le pas. Mais tout cela semble relever de la préhistoire....
On dira que modifier la loi ne changera pas les mentalités. Mais il faut bien commencer quelque part. On commence par modifier la loi, les mentalités suivront avec plus ou moins de retard. Un député courageux (Samy Gemayel) a ainsi réussi à obtenir l’abolition de la loi qui punissait les coupables des « crimes d’honneur » de peines symboliques. Ces glorieux coupables égorgeaient quasi impunément leurs sœurs si elles avaient eu une liaison sexuelle en dehors du mariage, ce qui revient à supprimer une vie pour un acte qui ne porte préjudice a personne !
L’Orient-Le Jour a publié il y a quelques jours l’histoire de trois jeunes gens arrêtés par la police parce que l’un d’eux avait les traits « fins ». Ils ont été livrés au poste de Hobeiche pour subir un examen médical alors que, de l’aveu même des médecins, ce genre d’examen ne prouve rien. Voilà où nous en sommes en 2012 alors que le président des USA a déclaré il y a quelques jours qu’il appuyait le mariage homosexuel et l’adoption d’enfant par ces couples. D’ailleurs, la plupart des pays évolués ont adopté cette politique. Même l’Argentine, réputée machiste, reconnaît maintenant le mariage homosexuel. Oh ! Les homosexuels libanais n’en demandent pas tant, ils souhaitent simplement la dépénalisation de l’homosexualité et la suppression de l’article 534.
Monsieur le député, vous êtes quelqu’un dont la réputation de probité n’est plus à faire. Et rien ne faisait peur à votre oncle, l’indomptable Albert Moukheiber. Prenez donc l’initiative de présenter un projet de loi abolissant l’article 534. Le Liban a tout à gagner de cette initiative. Il est probablement inutile d’énumérer ici toutes les vexations et les humiliations qu’affrontent les homosexuels dans notre pays, de rappeler que leur logement et leur travail sont continuellement précarisés par leur statut d’homosexuel. Il faudrait que cela cesse. Au secours !
Vous irez dans le sens de l’histoire et vous gagnerez la reconnaissance de beaucoup de gens malheureux.
Respectueusement.

Nabil FAYED
Vous êtes l’élu d’une circonscription précise, mais on peut aussi vous considérer comme représentant tous les Libanais. Vous êtes de plus le rapporteur de la commission parlementaire des Droits de l’homme, et c’est à ces deux titres que je m’adresse à vous pour vous entretenir d’un sujet qui gâche la vie de dizaines de milliers de vos compatriotes : le code pénal libanais...

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