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Nos Lecteurs ont la Parole

Pourquoi il n’y aura pas d’État palestinien

Pierre PICCININ
Alors que le Fateh et le Hamas, frères ennemis, se réconcilient enfin dans l'intérêt du peuple palestinien, Israël s'indigne et refuse de dialoguer avec les islamistes, saisissant l'occasion de freiner, une fois de plus, les négociations sur la création d'un État arabe en Palestine...
Après plus de soixante ans d'occupation de la Palestine par Israël, l'objectif du mouvement sioniste fondé à la fin du XIXe siècle par Théodore Herzl, le « Grand Israël », n'est plus très loin de se réaliser.
Si les premiers colons juifs achetèrent des terres, par la suite ils implantèrent des kibboutz par la force, exploitations fortifiées et défendues par une armée clandestine, la Haganah.
La Haganah mena plus tard diverses opérations destinées à effrayer les Palestiniens et à « libérer » le territoire pour l'immigration juive (alors que, officiellement, les leaders sionistes avaient affirmé leur volonté de créer un État mixte).
Appuyée par des mouvements terroristes radicaux, tels l'Irgoun et le groupe Stern, l'armée secrète juive se rendit notamment responsable du massacre de la population du village arabe de Deir Yassine. Pour les Palestiniens, ce fut le début de l'exode et des camps, la « nakba », la « catastrophe ».
La guerre de juin 1967 a ensuite permis l'annexion de la Cisjordanie et du Golan syrien. Ben Gourion n'avait-il pas déclaré que « les aspirations sionistes incluent le sud du Liban, le sud de la Syrie, la Jordanie, toute la Cisjordanie et le Sinaï » ? Et d'ajouter : « Nous devons expulser les Arabes et prendre leur place. »
Depuis lors, les bouclages et les incursions militaires dans les zones palestiniennes ont maintenu les populations arabes dans un climat d'étouffement économique et d'insécurité permanents. Les frappes massives sur Gaza, en décembre 2008, en constituent un exemple majeur : plus de 1 300 morts et 5 000 blessés.
Le résultat de cette politique, préméditée, comme ont permis de l'établir les révélations du site WikiLeaks, en est l'émigration progressive de ces populations, et les enclaves palestiniennes se vident donc peu à peu tandis que les colonies juives resserrent irrémédiablement leur périmètre.
Cette politique ne laisse aucune chance à la création, un jour, d'un État arabe en Palestine, perspective qui, de toute évidence, n'a jamais fait partie de l'agenda réel des gouvernements israéliens.
Forcés par la communauté internationale à s'asseoir à la table des négociations, ces gouvernements ont cependant toujours su éviter d'aboutir à un accord trop contraignant. Dernier exemple en date : en septembre 2010, Israël refusait de prolonger le moratoire sur la colonisation, alors que les négociations israélo-palestiniennes avaient repris, à l'initiative de l'administration Obama.
Seules les Nations unies pourraient dès lors imposer un État palestinien, sur base de la résolution 242 de 1967 qui ordonne à Israël de se retirer des territoires occupés, décision réaffirmée en 1973 dans la résolution 338, consécutive à la guerre d'octobre 1973.
Certes, Israël a toujours joué sur l'ambiguïté de la version anglaise de cette résolution : si la version française ordonne le retrait « des » territoires, la version anglaise parle du retrait « de » territoires. Mais le préambule de la résolution 242 justifie la décision en l'appuyant sur le principe de « l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre ». L'esprit de la résolution est sans équivoque : Israël doit se retirer des territoires annexés en 1967.
Cependant, comment l'ONU, systématiquement bloquée par le veto des États-Unis, pourrait-elle aboutir à une résolution imposant l'État palestinien ?
Pourtant cet État existe déjà, mais sur le papier seulement : il fut créé en même temps que l'État d'Israël, par la résolution 181 des Nations unies, votée par l'Assemblée générale, le 29 novembre 1947, et qui établissait avec grande précision les frontières de cet État arabe de Palestine.

Pierre PICCININ
Professeur d'histoire et de sciences politiques (École européenne de Bruxelles I)
Alors que le Fateh et le Hamas, frères ennemis, se réconcilient enfin dans l'intérêt du peuple palestinien, Israël s'indigne et refuse de dialoguer avec les islamistes, saisissant l'occasion de freiner, une fois de plus, les négociations sur la création d'un État arabe en Palestine...Après plus de soixante ans d'occupation de la Palestine par Israël, l'objectif du mouvement sioniste...

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