En revanche, Jean-Paul Sartre recommandait vivement que la Francophonie s'engageât « dans une opération autocritique ». « Je ne pense pas, disait-il, qu'elle le fasse de bon gré, mais il le faudrait. Il faudrait qu'elle subisse une crise dans la personne de ceux qui la défendent, une crise dialectique, c'est-à-dire qui retienne, dans un certain sens, quelques positions non dénuées de valeur chez certains de ses partisans ». Sartre a dit ça ? Bien sûr que non, le maître à penser germanopratin parlait en l'espèce de l'existentialisme, mais rien n'empêche la Francophonie de se remettre en cause et d'adopter certains réflexes salutaires. Les propos sartriens peuvent aisément être repris par la french-speaking galaxy, ses Jeux et ses enjeux.
Et pour cause, la Francophonie ne peut être réduite à des échéances sportives où la saine émulation entre équipes nationales nous cacherait l'envers du décor, id est l'état des lieux dans les pays subsahariens à l'heure de l'open society. La Francophonie ne doit-elle pas jeter dans la balance un peu de son autorité morale et refuser de se retrancher derrière l'indicible, à savoir la raison d'État, ou pis les intérêts nationaux étroits ?
Un match de volley-ball de plage ou alors un match de tennis de table peuvent faire beaucoup pour rapprocher les peuples et on peut gloser à loisir sur l'esprit sportif qui a caractérisé ces sixièmes Jeux. Néanmoins lesdits matches ne peuvent accorder un quitus, un satisfecit, ou un certificat de bonne conduite à des régimes épinglés par Global Witness et Transparency International ou autres ONG, anglo-saxonnes de surcroît.
La Francophonie ne doit pas pratiquer l'omerta dans l'ex-AEF et AOF, nous rappelle d'une semaine à l'autre l'hebdomadaire Jeune Afrique. Et Michel Butor d'exiger que « certains malentendus fussent dissipés ou dénoncés, que devant certaines injustices, dont on vous demande par votre docilité d'être complice, le silence était non seulement lâcheté mais suicide ». Et de renchérir en ces termes: « Il faut tout dire », car s'il y a une tradition française, c'est bien celle-ci ». Pour cet écrivain, la veine des protestataires ne remonte pas seulement à Zola, Victor Hugo et Voltaire, mais plus loin encore et jusqu'à Bossuet et Fénelon, ces deux piliers de l'establishment, ces deux soutiens du trône et de l'autel, qui n'ont pas hésité à adresser des remontrances au Roi-Soleil quand iniquité il y avait en la demeure.
N'est-ce pas que la négritude est un humanisme ? N'est-ce pas qu'elle est faite de solidarité et non point de despotisme et de « biens mal acquis » ?
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