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Liban - Éclairage

Bkerké scelle son rapprochement avec le Hezbollah autour des constantes du chef de l’État

Le patriarche et M.Chéhab entourés des membres de la délégation du Hezbollah. Photo Émile Eid



La rencontre entre le Hezbollah et le cardinal Raï à Bkerké est, à n’en point douter, porteuse d’une multitude de symboles, le plus évident étant le climat de rapprochement patent entre les instances du parti chiite et la plus haute instance religieuse maronite qui, depuis quelque temps, s’est clairement positionnée au centre, à égale distance des parties en présence. Un rapprochement que le patriarche a d’ailleurs voulu sceller par une invitation adressée au parti chiite pour venir assister à la cérémonie officielle de sa désignation au rang de cardinal, qui se tiendra à Rome le 24 novembre.
Certes, l’occasion était on ne peut plus officielle : la délégation du Hezbollah devait notamment présenter ses félicitations à Mgr Béchara Raï pour sa nouvelle consécration par le Vatican. Cette raison apparente ne pouvait toutefois cacher les objectifs réels de cette rencontre qui s’inscrit dans la politique actuellement suivie par Bkerké dans sa tentative de contribuer à la recherche d’un règlement de la crise libanaise.
Parallèlement à la campagne de concertations menée par le chef de l’État en vue de décanter le paysage politique qui s’assombrit au fur et à mesure que s’approfondit le fossé entre les protagonistes, Bkerké a opté pour un appui ponctuel à la ligne présidentielle, en tentant de son côté d’élargir l’espace du dialogue.
C’est sous cet angle qu’il faut d’ailleurs comprendre les rencontres que le patriarche a déjà eues avec d’une part une délégation du 14 Mars présidée par Fouad Siniora, il y a quelques jours, puis, jeudi dernier, avec le général Michel Aoun. On parle d’ailleurs d’une assemblée chrétienne générale que parrainerait Mgr Raï et qui regrouperait les principales figures politiques de la communauté. Histoire de les inciter dans la même direction, c’est-à-dire dans le sens d’un plus grand soutien au chef de l’État et à son appel au dialogue, seul moyen possible, de l’avis de Bkerké, de préserver la communication entre les partis et de prémunir le Liban contre les multiples dangers qui pointent à l’horizon.
Il s’agit en quelque sorte de définir une feuille de route qui paverait la voie au rapprochement interlibanais tout en facilitant la tâche à un président dont la position modérée et ultracentriste lui a récemment valu le soutien et l’encouragement de la communauté occidentale, exprimés via leurs diplomates, puis par le chef de l’État français, François Hollande, qui a choisi de le rencontrer exclusivement lors de son passage express à Beyrouth.
C’est dans cette optique qu’il faut également situer la rencontre qui s’est tenue hier entre Mgr Raï et la délégation du Hezbollah. La délégation, qui a regroupé plusieurs membres du parti, dont le porte-parole, Ibrahim Moussaoui, était présidée par Ibrahim Amine Sayyed, président du conseil politique du parti. Aux côtés du patriarche, les deux membres de la commission bipartite de dialogue entre Bkerké et le Hezbollah, l’émir Hareth Chéhab et l’évêque Samir Mazloum.
« La rencontre a été l’occasion de discuter des questions qui intéressent les Libanais, et d’examiner plus précisément la situation locale et les incidents qui se répercutent sur le pays », a déclaré Ibrahim Amine Sayyed à l’issue de la rencontre, affirmant avoir d’ailleurs convenu avec le patriarche de « l’importance de recourir au dialogue pour la résolution des conflits ».
Faisant allusion à la pertinence de la position du chef de l’État, il a insisté sur le fait que « les Libanais sont condamnés au dialogue ». Des propos qui ne faisaient que répercuter l’ambiance du palais présidentiel, à l’exception peut-être de la question de la déclaration de Baabda sur la neutralité du Liban, une ligne directrice dont le chef de l’État refuse de se départir. Et c’est probablement là où le bât blesse pour le Hezbollah, cheikh Ibrahim Amine Sayyed s’étant dépêché de déclarer, en réponse à une question, qu’il « n’y a rien qui s’appelle neutralité au Liban. La proposition (du 14 Mars) de former un gouvernement neutre est irréaliste », a-t-il dit, évitant de s’étaler sur la neutralité du Liban dans son ensemble.
Selon une source proche des participants, le patriarche a voulu mettre à profit cette rencontre afin de tenter de « trouver le moyen d’ouvrir une brèche dans le mur contre lequel tout le monde bute ».
La source précise que le Hezbollah est convaincu pour sa part que le problème du 14 Mars n’est pas à rechercher dans le gouvernement mais ailleurs, sur des questions d’ordre plus stratégique. Une polémique que le patriarche, qui ne peut en aucune manière prendre parti, a subtilement évitée, en favorisant plutôt la réflexion dans le sens d’une recherche approfondie d’une solution à la crise. La même source ajoute que le prélat maronite a saisi l’opportunité pour réitérer l’importance du rôle du chef de l’État, garant du fonctionnement des institutions, de la Constitution et de l’unité du pays.
L’une des multiples raisons qui enveniment actuellement la relation entre le 8 et le 14 Mars est, à n’en point douter, le conflit autour de la loi électorale, ajoute-t-on de même source. Le représentant de la délégation chiite en fera assumer directement la responsabilité aux forces du 14 Mars : « Celui qui veut bloquer l’examen de la loi électorale doit en assumer la responsabilité devant les citoyens. En réalité, il souhaite que les élections se déroulent sur la base de la loi de 1960 », a-t-il dit.
La source précitée rappelle à ce propos la position de Bkerké, opposée à la loi de 1960 mais qui reste en faveur d’une nouvelle loi « véritablement représentative de toutes les composantes de la société et qui préserve la mission de convivialité du Liban ». Une position sur laquelle aurait convenu le Hezbollah – qu’aucune loi, quelle qu’elle soit, ne peut d’ailleurs ébranler en termes électoraux. Le parti a saisi à son tour l’occasion de sa visite pour réitérer devant le patriarche son souhait de respecter les desiderata de la communauté chrétienne en matière de loi électorale.
La rencontre entre le Hezbollah et le cardinal Raï à Bkerké est, à n’en point douter, porteuse d’une multitude de symboles, le plus évident étant le climat de rapprochement patent entre les instances du parti chiite et la plus haute instance religieuse maronite qui, depuis quelque temps, s’est clairement positionnée au centre, à égale distance des parties en présence. Un...

commentaires (16)

"Seule l'utopie du futur réconforte contre le pessimisme de l'Histoire." Elisabeth Badinter

MICHAEL KASSOUF

08 h 43, le 11 novembre 2012

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Commentaires (16)

  • "Seule l'utopie du futur réconforte contre le pessimisme de l'Histoire." Elisabeth Badinter

    MICHAEL KASSOUF

    08 h 43, le 11 novembre 2012

  • Bkerké a bien fait et bien agi. Le Hezbollah n'est pas sorti de rien. Le Sud était comme inexistant au Liban. Les voisins entraient et sortaient à volonté. Il fallait résister et l'Armée ne pouvait pas le faire, toutes les armées arabes n'ont pas pu. Mon reproche c'est 1) d'avoir choisi le nom de résistance musulmane au lieu de résistance Libanaise. 2 ) de s'être inféodée complètement aux Syriens. 3 ) de s'être laissée devenir partie non Nationale. 4) d'avoir des suspects accusés pour crime et de ne pas les envoyer prouver leur innocence, s'ils le sont, que ce soit au TSL où, pour l'affaire Harb, à la justice Libanaise. ___ Cela ne veut pas dire qu'on coupe complètement les ponts et l'on ne discute pas. C'est le DIVORCE ! On doit DIALOGUER. Du Dialogue uniquement sortiront des accords et la Sécurité et l'Unité du Pays. Ceux qui pensent le contraire, RÊVENT et pratiquent la DÉMAGOGIE ! Et, s'il y a des coupables, ils doivent payer pour leurs crimes. __ Alors, abandonnez les RÊVES et suivez la LOGIQUE ! Sinon, TOUS, et j'entends "TOUS", vous conduisez le Pays à la Catastrophe totale. Les REGRETS ne serviront à RIEN !

    SAKR LEBNAN

    07 h 30, le 11 novembre 2012

  • Rapprochement avec QUI ? Avec ce hézébbllàh Adepte de cet IRANGATE-là Per(s)cé avec les Sionistes ! Non merci......

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    04 h 45, le 11 novembre 2012

  • quand plusieurs représentants d'un dieu sur terre ...se mettent vaguement d'accord ...sur des choses politiques temporelles aléatoires... l'avenir de l'homo sapiens local , s'inscrit dans une théorie de la relativité inversée ....(proverbe attribué à Albert Enstein)

    M.V.

    02 h 38, le 11 novembre 2012

  • Il n'y a pas de Liban sans entente entre les "grands" de ce pays dont cette dernière. Les autres devraient les joindre pour former le réel Grand Liban, grand de tous ses atouts spirituels mais aussi militaires... ainsi il seront complémentaires et pas contradictoires pour le bien du pays, de tout le pays face à l'adversité qui nous menace des deux cotés qui eux se complètent à merveilles: les sionistes de tous bords et les salafo-wahhabites takfiristes

    Ali Farhat

    18 h 54, le 10 novembre 2012

  • Il ne MANQUAIT PLUS que des "Anthraciiites". Yâ Hassirtîîîhhh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 12, le 10 novembre 2012

  • Il ne MANQUAIT PLUS que des "Anthraciiites khomeïnistîîîques" à "Bkirki" ; yâ Hassirtîîîhhhhh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 35, le 10 novembre 2012

  • Ce clergé maronite, mais quelle CLAIRVOYANCE et SAGESSE !!!!! YA WAYLAHHHHHHHH !!!!!!!! Le Liban est sauvé, Dieu merci!

    Jaber Kamel

    06 h 15, le 10 novembre 2012

  • Quel BARATIN....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 37, le 10 novembre 2012

  • Mais quels PONCIFS !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 23, le 10 novembre 2012

  • Et je ne suis pas d'accord avec le discours du Sayyed suite à la rencontre. Ils doivent comprendre qu'ils sèment les appréhensions et l'incertitude, comme l'insécurité dans les esprits des Libanais.

    SAKR LEBNAN

    02 h 46, le 10 novembre 2012

  • Une initiative JUSTE de BKERKÉ. Je suis du côté de ceux qui réclament l'Etat, et la FIN des armes illégales, et la punition des responsables des assassinats. Mais remporter des victoires contre ses rivaux au Liban est un rêve. Il n'y a que LE DIALOGUE ! Que les oreilles qui peuvent entendre l'entendent, et que les cerveaux qui peuvent comprendre le comprennent. DIALOGUE ! DIALOGUE ! ET ENCORE ET TOUJOURS LE DIALOGUE !

    SAKR LEBNAN

    02 h 38, le 10 novembre 2012

  • Bkerké , toi aussi Brutus ?

    Saleh Issal

    01 h 12, le 10 novembre 2012

  • Le patriarche maronite a les meilleures intentions. Il veut soutenir et fortifier le président de la République, "garant des institutions, de la Constitution et de l'unité (-rêve) du pays". Aussi bien le président de la République que le patriarche insistent sur la "déclaration de Baabda sur la neutralité du Liban" par rapport aux pays et conflits étrangers. Et c'est là où, non seulement "le bât blesse pour le Hezbollah", mais le bât tue carrément pour le Hezbollah. Preuve en est que "cheikh Ibrahim Amine el-Sayyed se dépêche de déclarer qu'il n'y a rien qui s'appele neutralité au Liban". On demande en effet au bras politique et militaire de l'Iran au Liban, de se casser, de renoncer à faire du Liban une base iranienne à 100% sur les bords de la Méditerranée orientale, de cesser le "jihad" en Syrie, de garantir que l'axe Iran-Syrie-Hezbollah va cesser les assassinats dans ce pays. Il fait bon rêver.

    Halim Abou Chacra

    00 h 01, le 10 novembre 2012

  • Il va finir par se retrouver aussi Détesté que le Caporal- Bigaradier, ce Râëéh !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    19 h 54, le 09 novembre 2012

  • Si RAI a envie de sceller sa relation avec des assassins présumés? c'est son choix... "le pauvre" comme il l'a dit pour l'autre assassin. Ceci dit: Je constate que Bkerké est une instance RELIGIEUSE s'il doit sceller un rapprochement...cela devrait être avec le conseil chiite représentant la communauté chiite. Non avec un parti IRANIEN!!! Jusqu'à nouvel ordre, RAI n'est pas ministre des AE du Liban. Le hezbollah est un PARTI POLITIQUE MILITAIRE ET RELIGIEUX Intégriste, accusé de surcoit, d'être l'assassin présumé de nos responsables libanais patriotes et souverains. L'exécutant du moins. A quoi jour RAI ? il croit qu'en faisant ami ami, ce parti iranien va arrêter de construire des infrastructures téléphoniques à tarchiche? retirer les missiles et radars iraniens des hautes montagnes ? faire évoluer les lois libanaises pour améliorer les droits des femmes juridiquement? Ce parti iranien va arrêter de jouer aux décideurs quant à la guerre et la paix pour notre pays? Le patriache applique le principe: "si on te giffle sur la joue droite, tends leur la joue gauche"!!!!! Même un enfant refusera ce genre de réaction. Surtout que ceux qui auront gifflé la joue droite, giffleront la gauche et décapiteront carrément leur victime par la suite, tout en accusant Israel évidemment.

    jean-Pierre EL KHOURY

    19 h 22, le 09 novembre 2012

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