Ce sera, par ailleurs, l’occasion de découvrir le site de l’ancienne gare où, depuis quelques jours, les ouvriers s’activent à arracher les herbes et les ronces qui encombrent les allées ; à pulvériser d’insecticide pour éloigner les insectes volants ; à construire une plateforme en bois et la recouvrir d’une moquette, et ce pour éviter un « vautrage » à l’horizontale, et potentiellement abîmer les chaussures! Car, reconvertie en siège de la Direction générale de l’OCFTC, l’ancienne gare n’en est pas moins abandonnée. Offrant un magnifique espace de 62 000 m2 laissés en friche, son déclin a laissé la place à un site figé, une Pompéi à la libanaise, où de petits monstres en fonte, datant de la fin des années 1800, émergent d’une végétation envahissante. Derrière un épais voile d’arbres, on distingue les vestiges des engins ferroviaires et des wagons rouillés, déglingués, criblés d’impacts de balles. Au pied d’une tour à refroidissement, une locomotive à vapeur, relique de l’épopée Beyrouth-Damas, est réduite à l’état d’épave. Plus loin, des ateliers de maintenance tombant en ruine sont encore visibles, et partout des herbes folles qui recouvrent les rails et du gravier qui ensevelit les traverses.
Dans cette petite oasis où la nature a repris ses droits, subsistent encore deux bâtiments datant de la fin du XIXe siècle dont celui des voyageurs. Construit, en 1895, dans le style architectural français, doté d’une baie tripartite et d’un plafond de cinq mètres de haut, il exhibe l’horloge de marque française Paul Garnier, concepteur de l’horloge de la gare de Lyon et grand collectionneur qui a fait don de sa collection de montres au Louvre, en 1916. Elle donne toujours l’heure. « Le remontage se fait au moyen d’une manivelle et sa durée de fonctionnement est de 16 jours », explique un des gardiens, avant de signaler que le soir du gala du CCCL, les invités pourront monter visiter deux wagons, qui autrefois étaient destinés au transport des voyageurs. Banquettes, vitres, marchepieds, portières et couloir, permettant de passer d’une voiture à l’autre, ont été liftés. Des photos anciennes ornent même les parois...
Pour un petit rappel, deux lignes de chemin de fer desservaient autrefois la capitale. La plus ancienne, une voie à crémaillère créée en 1895 par la Société ottomane des chemins de fer et des hommes d’affaires français, reliait Beyrouth à Damas. Cette ligne, dite étroite (90 cm entre les rails), traversait Araya, Aley, Bhamdoun, Sofar, Dahr el-Baïdar, Zahlé, avant d’arriver à la station de Rayak, dans la Békaa. Elle a été fonctionnelle jusqu’au début de la guerre en 1975. « Une bonne partie du chemin est construite à crémaillère, et la pente atteint parfois jusqu’à 7 centimètres par mètre. La montée la plus forte se trouve entre Araya et Aley. Si j’ajoute que certaines courbes ont été tracées au rayon de 100 mètres, on verra qu’aucun chemin de fer d’Europe n’est établi suivant les proportions de celui-ci. Aucun non plus ne traverse un paysage aussi splendide », écrivait en 1898 le journaliste français J. Parisot dans À travers le monde. Quant à la seconde ligne, appelée NBT (Naqoura, Beyrouth, Tripoli), elle fut inaugurée en 1942 et elle longeait la côte jusqu’en Palestine. Elle fut mise hors service en 1948 à cause du conflit israélo-arabe. « Le réseau comptait plus de 400 kms de voies », indique le responsable au OCFTC, Bassam Aridi, avant de préciser que la compagnie de chemins de fer possède à travers le pays un total de 8 millions de m2, dont des milliers sont squattés depuis un certain nombre d’années !
commentaires (4)
Et si on pensait a avoir un train qui file tout le long de la cote libanaise ? Ca serait bon pour ceux qui n'ont pas les moyens de pouvoir se deplacer dans leur pays...Ca eviterait les embouteillages ...et c'est joli. Mais que fera-t-on des centres balneaires et autres , construits illegalement, avec la permission "du Dos" que tout Libanais doit avoir pour se prelasser dans l'illegalite ?
samaha joumana
00 h 09, le 04 septembre 2011