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Liban

Un tabou brisé : réunion de soutien au peuple syrien

Une réunion de soutien au peuple syrien (la première du genre, brisant ainsi un tabou non dit) s'est tenue hier à Sin el-Fil, dans un bâtiment abandonné. La semaine dernière, ses organisateurs n'avaient pas pu se rassembler à l'hôtel Le Bristol, l'établissement ayant reçu des menaces qui l'ont dissuadé d'accueillir la réunion.

La réunion s’est tenue dans un hangar abandonné sous la haute surveillance des FSI.

Environ 150 personnes se sont rassemblées hier dans un hangar abandonné de Sin el-Fil pour manifester leur soutien « à la dignité et à la liberté du peuple syrien ». La rencontre, organisée par deux ONG, Moultazimoun et Moukaouimoun, et par des militants des droits de l'homme, proches du mouvement du 14 Mars, a surtout mobilisé la presse libanaise et les FSI qui étaient déployées en masse autour du bâtiment, installant un important cordon de sécurité, au point que certains ont observé que la police et les correspondants des médias étaient aussi nombreux que les personnes réunies. N'empêche que cette réunion, tenue deux mois après le début des événements en Syrie, était hautement symbolique dans un pays qui veut à tout prix garder ses distances des événements en Syrie, en ménageant le régime de Damas, afin de protéger son propre équilibre fragile interne.
La semaine dernière, cette même réunion, qui devait se tenir à l'hôtel Le Bristol, avait été annulée parce que l'établissement avait reçu des menaces. « Les organisateurs ont ensuite cherché à louer des salles dans une cinquantaine d'hôtels de la ville, mais en vain. L'espace (une sorte de hangar aux murs en béton brut) a été généreusement cédé gratuitement par son propriétaire », raconte Mia, une militante. Quatre députés du mouvement du 14 Mars étaient présents hier au rassemblement, il s'agit de Nohad Machnouk, Mohammad Kabbara, Mouïn Merhebi et Khaled Daher.
Le secrétaire général du mouvement du 14 Mars, Farès Souhaid, a quitté les lieux peu avant le début de la réunion, soulignant, en partant, qu'il « est venu à titre personnel manifester son soutien au peuple syrien ».
Des tables couvertes de nappes blanches ont été placées dans le hangar ainsi que des chaises en plastique et des bouteilles d'eau pour aider les participants à supporter la chaleur.
Assis côte à côte, Saleh Machnouk, Youssef Bazzi, Walid Fakhreddine, Ayman Charrouf, Riad Tok et Charles Jabbour ont donné le coup d'envoi de la réunion en lisant le projet d'un communiqué, ouvrant ainsi la voie à la discussion.
Lors du dialogue, l'éditorialiste d'al-Hayat, Hazem Saghieh, a mis l'accent sur le manque de liberté au Liban, la preuve étant qu'une réunion pour soutenir la Syrie n'a pu être organisée que dans un hangar abandonné dans la banlieue de Beyrouth.
De son côté, notre confrère Michel Hajji-Georgiou a proposé l'organisation de sit-in devant les ambassades étrangères à Beyrouth pour soutenir le peuple syrien.
Quant à l'ancienne présentatrice du journal télévisé de la LBCI, May Chidiac, elle a souligné que si les Libanais soutiennent aujourd'hui le peuple syrien, c'est parce qu'ils veulent simplement que les droits de l'homme soient respectés.
Le communiqué final a ensuite été adopté. Le texte souligne que « la liberté et la démocratie en Syrie sont des nécessités libanaises aussi bien que syriennes ». Il appelle le régime syrien « à arrêter immédiatement les massacres contre son propre peuple et à ne pas importer sa crise au Liban à travers une campagne mensongère ». Il invite aussi « la Ligue arabe et les Nations unies à assumer leurs responsabilités vis-à-vis de la Syrie et à protéger le peuple syrien ».
Les personnes réunies ont manifesté leur solidarité « avec les revendications du peuple syrien en matière de liberté, de justice et de dignité, valeurs qui édifient les bases d'un meilleur avenir pour le Liban et la Syrie ».
Elles ont aussi « catégoriquement » refusé « la participation du Liban, malgré la volonté de son peuple, à des crimes contre l'humanité ». Elles ont aussi stigmatisé le fait que l'État « arrête et remette aux autorités syriennes des soldats et des civils ayant fui vers le Liban pour se protéger des massacres ». Elles ont également appelé le gouvernement à « accueillir et protéger tous les réfugiés syriens ».
À la fin de la réunion, lecture a été donnée d'une lettre de l'opposante syrienne Razan Zeitouni, qui se trouve actuellement à Damas.
Zeitouni souligne, dans son message aux organisateurs de l'événement, que « les Syriens qui subissent un sort tragique sourient aujourd'hui parce qu'ils savent que des personnes libres dans le monde les soutiennent et parce que Beyrouth, à travers votre rencontre, rappelle le sourire de Samir Kassir qui protège l'intifada syrienne pour la liberté ».
Dans un bref entretien avec L'Orient-Le Jour, le journaliste Youssef Bazzi a mis l'accent sur la symbolique du rassemblement. Interrogé sur les mesures qui pourront être prises à l'avenir, il a indiqué : « Nous sommes prêts à aider le peuple syrien, en lui envoyant par exemple des vivres et des aides humanitaires. Nous formerons un comité de suivi pour penser aux mesures qui seront prises ultérieurement. »
Environ 150 personnes se sont rassemblées hier dans un hangar abandonné de Sin el-Fil pour manifester leur soutien « à la dignité et à la liberté du peuple syrien ». La rencontre, organisée par deux ONG, Moultazimoun et Moukaouimoun, et par des militants des droits de l'homme, proches du mouvement du 14 Mars, a surtout mobilisé la presse libanaise et les FSI qui étaient déployées...
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