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Liban - Incident

Altercation entre enquêteurs du TSL et des femmes dans un cabinet médical

Comme on pouvait s'y attendre, plusieurs versions ont circulé hier sur l'incident qui a opposé un groupe de femmes - au nombre imprécis jusque-là - aux enquêteurs envoyés auprès d'une gynécologue par le bureau du procureur du TSL. La multiplicité des versions galvaudées est venue rappeler les profondes divisions que provoque tout sujet relatif au Tribunal spécial pour le Liban.

Le Dr Imane Charara dans son cabinet médical. Rami Makkawi/AFP


Dans les faits, on apprenait que des enquêteurs du TSL se sont heurtés hier matin à un groupe de femmes dans un cabinet médical de la banlieue sud de Beyrouth, comme l'a précisé la responsable de l'établissement.
« Deux hommes parlant anglais et accompagnés d'une traductrice sont venus me demander les numéros de téléphone de 17 personnes qui se sont rendues à mon cabinet depuis 2003 », a affirmé le Dr Imane Charara. Elle a précisé qu'elle avait annulé ses rendez-vous pour la journée pour recevoir les enquêteurs, qui l'avaient contactée par l'intermédiaire des services de sécurité. Les deux hommes « m'avaient dit qu'ils ne voulaient pas me déranger et que ma secrétaire pouvait leur donner ces informations », a-t-elle précisé.
« Quand je suis sortie de mon bureau, j'ai vu des femmes crier et attaquer ma secrétaire. L'une d'entre elles a pris des dossiers d'un tiroir et a commencé à les piétiner », a poursuivi le Dr Charara. Elle a ajouté que « la secrétaire et une infirmière ont été frappées » et que des femmes « ont tiré la traductrice par les cheveux ». « Elles étaient anormalement agressives. Je ne sais pas d'où elles sont venues, je n'imaginais pas qu'une telle chose se produirait dans un cabinet médical », a précisé le Dr Charara, qui souligne avoir été également bousculée dans la foulée. Suite à l'altercation, les enquêteurs ont été contraints de quitter l'établissement.
L'avocat du médecin, Me Moustapha Choucair, a indiqué à la presse que les enquêteurs, victimes d'une « agression », ont été contraints de quitter les lieux « sans avoir eu accès à aucun dossier ni à aucune information ». L'avocat a insisté sur le fait qu'il ne connaissait pas l'identité des femmes à l'origine de l'affrontement, encore moins leurs motifs.
Le Dr Charara a précisé lors d'un entretien à une chaîne locale de télévision avoir été mise préalablement au courant de la visite des enquêteurs, indiquant également qu'elle en avait prévenu l'ordre des médecins qui lui a laissé le choix de répondre à leurs questions.
Interrogé, un responsable des services de sécurité a confirmé à L'Orient-Le Jour que des femmes avaient « réussi à s'emparer de la mallette de l'un des enquêteurs » et qu'elles avaient insulté l'équipe. La source précise toutefois ne pas savoir exactement si la mallette contenait des documents ou un ordinateur portable. Selon des sources judiciaires, les deux hommes auraient été uniquement dépouillés de leurs téléphones mobiles.
La LBCI, qui cite une source sécuritaire, a affirmé que près de « 150 femmes sont arrivées sur les lieux dans des camionnettes, encadrées par des militants », sans préciser à quelle partie ils appartenaient. La NTV a avancé de son côté le nombre de 30 femmes, soulignant que cet incident est un « message clair » de la part du Hezbollah à l'adresse des enquêteurs internationaux. De son côté, la chaîne de télévision al-Manar, qui a consacré moins d'une minute à l'information, a minimisé l'importance de l'affaire, soulignant qu'un incident a éclaté lorsque « quelques patientes », qui attendaient leur tour chez le médecin, ont exprimé leur « contrariété » en voyant les experts « prendre leur temps » et monopoliser leur gynécologue. « D'autres femmes de l'immeuble sont venues rejoindre les patientes au moment de l'incident », relève, sans plus de détails al-Manar. Quant à la MTV, elle a révélé pour sa part « qu'au moins quatre des femmes » qui se trouvaient parmi le groupe en question « étaient en réalité des hommes déguisés en femmes », ce qui explique la force avec laquelle ils s'en sont pris aux enquêteurs.
Les sources du Hezbollah ont indiqué de leur côté « que le parti n'a rien à voir avec l'incident, et considère qu'il n'est nullement concerné ».
Des sources politiques citées par l'agence al-Markaziya ont signalé pour leur part que dès l'annonce de la visite des enquêteurs, « le Dr Charara a immédiatement pris contact avec des responsables du Hezbollah pour les notifier de l'heure du rendez-vous », précisant que « l'objectif majeur de cette opération n'était pas tant l'altercation avec l'équipe des investigateurs mais de mettre la main sur la mallette qui contenait des documents importants », laissant entendre que l'incident avait été prémédité, et que le cabinet était sous surveillance.
Interrogé, un officier de l'armée libanaise, qui a tenu à garder l'anonymat, a fait remarquer que le Dr Charara « n'avait rien à voir avec cette histoire », affirmant ne pas savoir comment le groupe de femmes, une quinzaine, selon lui, avaient appris la venue des enquêteurs. « Cet incident, n'est certainement pas le fruit du hasard », s'est-il contenté d'affirmer. Prié de dire pourquoi les unités de l'armée qui accompagnaient les enquêteurs ne sont pas intervenues, l'officier a expliqué que « deux éléments de l'armée avaient conduit les enquêteurs sur place. Ils attendaient dehors lorsque l'incident a eu lieu ».
S'interrogeant sur la manière dont l'information a pu parvenir au groupe de femmes qui ont investi le cabinet, une source sécuritaire n'écarte pas la possibilité « d'écoutes téléphoniques » ayant révélé la venue des enquêteurs internationaux.
Le député Yassine Jaber du mouvement Amal, un allié du Hezbollah, a affirmé à la LBCI que cet incident montrait que les enquêteurs du tribunal n'étaient « pas les bienvenus ».
« Le bureau du procureur prend cet incident très au sérieux et nous sommes en train de voir ce qui s'est passé », a pour sa part indiqué à l'AFP le bureau de presse du procureur Daniel Bellemare (lire par ailleurs).
Notons enfin que le procureur près la Cour de cassation, Saïd Mirza, a ouvert une enquête sur l'incident. Le dossier a été transmis au juge d'instruction près la cour militaire, Sakr Sakr.
Dans les faits, on apprenait que des enquêteurs du TSL se sont heurtés hier matin à un groupe de femmes dans un cabinet médical de la banlieue sud de Beyrouth, comme l'a précisé la responsable de l'établissement.« Deux hommes parlant anglais et accompagnés d'une traductrice sont venus me demander les numéros de...

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