Rechercher
Rechercher

Dossiers Moyen-Orient - Conférence

Obama, une chance d’arriver à la paix au Moyen-Orient ?

David Gardner, rédacteur en chef et éditeur associé au « Financial Times », a tenu une conférence à l'amphithéâtre Van Dyck, à l'Université américaine de Beyrouth (AUB), à l'occasion de la signature de son nouvel ouvrage, « Last Chance : The Middle East in the Balance ».
Pour David Gardner, un journaliste qui peut se prévaloir d'une profonde connaissance de la région et des dizaines d'années d'expérience sur le terrain, l'Occident a une part de responsabilité bien établie dans la situation du Moyen-Orient. « La soi-disant exception du Moyen-Orient est en fait un pur produit de l'Occident, affirme-t-il. En soutenant les tyrans, en alimentant le conflit israélo-palestinien et en ne reconnaissant pas les partis islamistes démocratiquement élus, l'Occident a incubé une région qui est résistante aux réformes politiques et économique, provoquant donc du ressentiment. »
Dans ce contexte, et surtout après le double mandat Bush, Barack Obama peut-il changer la donne ?
Lorsque Barack Obama a affirmé à Israël « qu'être un bon ami, c'est être honnête », les élites politiques israéliennes ont commencé à suspecter que les décennies de double langage sur le conflit avec les Palestiniens étaient terminées. Des craintes confirmées quand le président américain a précisé que « comme le droit d'exister d'Israël ne peut pas être nié, celui de la Palestine ne doit pas l'être non plus ».
« Le 4 juin 2009, le discours au monde arabe et musulman que Barack Obama a tenu à l'université du Caire a été le nouveau point de départ d'un nouveau dialogue sur et avec le Moyen-Orient », estime M. Gardner. Exprimant publiquement ce qu'il avait dit en privé au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lors de sa visite à Washington, Barack Obama a déclaré que« les États-Unis veulent un gel de la colonisation ». « Ceci est destiné à être la phrase la plus analysée de l'année », selon le journaliste. « La comparaison implicite que le président Obama a faite entre la situation "intolérable" des Palestiniens sous l'occupation israélienne et les luttes des esclaves africains en Amérique et des Noirs sud-africains durant l'apartheid indique à la droite israélienne et au lobby Likudnik à Washington qu'ils ont à faire à un interlocuteur  qui veut faire bouger les choses», estime M. Gardner.
« C'est là un langage rare, surtout venant de la part d'un leader américain », poursuit le spécialiste. Aujourd'hui, tous les regards sont tournés vers Obama et Netanyahu pour voir qui va céder le premier.
« Il n'y a plus aucun doute sur le fait qu'une confrontation aura lieu », insiste M. Gardner.
 
Les colonies
En concentrant ses exigences sur la question des colonies israéliennes, Barack Obama a choisi un dossier crucial. « La plus grande expansion des colonies illégales s'est produite pendant l'apogée du processus de paix d'Oslo, rappelle le journaliste. Sous les gouvernements travaillistes menés, entre 1992 et 1996, par Yitzhak Rabin et Shimon Peres, le nombre de colons en Cisjordanie a augmenté de 50 %, soit quatre fois le taux d'accroissement de la population au sein d'Israël.
« Lorsque Benjamin Netanyahu a pris les rennes du pouvoir en 1996, avec l'intention manifeste de mettre un terme à Oslo, il a expliqué qu'il ne pouvait pas faire moins sur les colonies que ses prédécesseurs. Chaque gouvernement israélien depuis la conquête de la Cisjordanie a été partie prenante à l'entreprise de colonisation », poursuit M. Gardner.
En ce qui concerne Jérusalem-Est, « au cœur même de la stratégie de colonisation, elle a été encerclée, principalement par quatre grands faisceaux de colonies établies sur les terres arabes expropriées: Giv'at Zeev au nord de la ville, la grande colonie Ma'ale Adumin à l'est, Efrat et Gush Etzion au sud et au sud-ouest. Chaque gouvernement depuis Oslo peut revendiquer un « pan du mur » qui a été érigé autour de Jérusalem-Est. À l'intérieur même de la ville, la droite comme la gauche ont utilisé la question du logement et des restrictions de zonage de façon à empêcher n'importe quelle expansion naturelle de la population palestinienne. Par ailleurs, les politiciens israéliens ont livré des permis de séjour discriminatoires pour filtrer les Palestiniens, à l'extérieur de la ville, afin d'assurer une majorité juive dans la partie arabe de Jérusalem. Une politique dont Ariel Sharon s'était vanté, rappelle M. Gardner, en déclarant qu'« à Jérusalem, nous avons établi et avons créé des faits qui ne peuvent plus être changés ».
« Ceux qui arguent que la reconquête violente de la Cisjordanie sous Sharon en 2002 n'était pas plus qu'une réponse justifiée à l'irresponsabilité de la conduite de l'OLP et de la deuxième intifada devraient expliquer pourquoi la terre qu'il a choisi d'annexer était identique dans ses frontières à une carte élaborée par Sharon quand il était ministre de la Défense en 1982 », rappelle le journaliste du Financial Times.
En ce qui concerne Netanyahu, poursuit Gardner, «certains proches (de Netanyahu) aiment préciser que lorsqu'il était en poste (en 1996), il a été obligé d'accepter Oslo alors qu'il y était opposé ». « Mais il y a trois problèmes avec ceci, affirme le spécialiste. Premièrement, excepté un retrait partiel de la ville de Hebron, Netanyahu n'a pas honoré ses accords. » Notamment l'accord de Wye plantation selon lequel Israël devait évacuer 13 % de la Cisjordanie. Deuxièmement,
« Netanyahu a rapidement compris que le tour était joué s'il transformait la paix en un simple processus », ajoute le journaliste. Cela lui permettait de renvoyer un certains nombre de conflits non résolus aux négociations sur le « statut final». « Négociations qu'il n'a jamais eu l'intention d'engager», ajoute-t-il. Troisièmement, «et de manière plus cruciale encore, Netanyahu savait que si la tension montait trop avec Bill Clinton, il pourrait aller chez ses amis du Congrès », explique M. Gardner.
 
L'administration Obama
Alors que plusieurs de ses prédécesseurs se sont cassé les dents sur le dossier, sur quoi Barack Obama se fonde-t-il pour espérer obtenir une reprise et une conclusion rapide des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens ?
« Barack Obama, sa secrétaire d'État Hillary Clinton et son émissaire pour le Proche-Orient George Mitchell ont fait clairement savoir qu'ils attendent un gel total de la colonisation. Une politique tout à fait à l'opposé de celle menée par George W. Bush, rappelle le spécialiste. Les choses ont changé. Tandis qu'Obama sait clairement qu'il y a un lien étroit avec Israël, il ne croit pas au mythe selon lequel les intérêts israéliens et américains sont consubstantiels. Il croit profondément qu'il est de l'intérêt d'Israël, de sa sécurité à long terme et de la sécurité interne des États-Unis que le conflit avec les Palestiniens soit  résolu », poursuit M. Gardner.
Le débat a été décalé, particulièrement à l'intérieur des États-Unis.
« La norme précédente était une discussion vigoureuse à l'intérieur d'Israël sur la façon d'aller de l'avant, tout en apportant un soutien uniforme aux positions des partisans du Likud se trouvant aux États-Unis. Aujourd'hui, le lobby Likudnik en Amérique réagit agressivement, alors qu'il perd sa capacité à dicter les limites de la discussion, et que des groupes alternatifs tels J Street (un groupe de lobbying établi par des juifs mais accueillant des non-juifs et prônant la résolution, par des moyens pacifiques et diplomatiques, des conflits arabo-israélien et palestino-israélien) ont émergé, reflétant les perspectives libérales de la majorité des juifs américains, dont 78 pour cent ont voté Obama », affirme le journaliste.
« Lorsque Netanyahu est allé à Washington en mai, il a été choqué par l'appui du Congrès aux nouvelles perspectives d'Obama. Il n'a pu rassembler ne serait-ce qu'une minorité contre le président, sur la colonisation et la solution des deux États », poursuit le journaliste.
Pour que les plans du président américain aboutissent, il « ne doit pas seulement avoir l'appui du Congrès. Il a besoin que les Palestiniens mettent en place un programme national clair. Il a besoin que les Israéliens aient confiance dans la garantie inconditionnelle américaine pour leur sécurité - mais cette route pour une sécurité réelle passe par un État Palestinien. Et surtout, il a besoin de décrocher quelque chose des pays arabes qui ne voient pas de raison de reconnaître un État qui refuse de définir ses frontières », conclut M. Gardner.
Pour David Gardner, un journaliste qui peut se prévaloir d'une profonde connaissance de la région et des dizaines d'années d'expérience sur le terrain, l'Occident a une part de responsabilité bien établie dans la situation du Moyen-Orient. « La soi-disant exception du Moyen-Orient est en fait un pur produit de l'Occident, affirme-t-il. En soutenant...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut