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Culture - Hommage

Éternellement bleues, les notes de Chopin...

Une pianiste qu'on écoute rarement à Beyrouth et pourtant elle habite le Liban. Tatiana Primak Khoury, toujours active dans le paysage musical local, surtout dans le nord du pays, a célébré au clavier le bicentenaire de Chopin à l'Assembly Hall (AUB).

Primak Khoury donnant toute sa mesure pour interpréter Chopin. (Photo Hassan Assal)

Menu fastueux et fort comme un « shot » corsé, pour une interprétation intense et virtuose. Un programme et une performance brillantissimes.
Ses partitions ont résonné cette année aux quatre points cardinaux de la planète. Pour l'année faste du bicentenaire de Chopin, le pèlerin polonais est royalement honoré et célébré. Pour l'occasion, Tatiana Primak Khoury apporte son tribut à l'hommage du plus génial et dandy des princes du clavier.
Un menu incomparable (mais il faut admettre que la pianiste a toujours eu le cran et le tour de force des menus ambitieux et difficiles avec Rachmaninov, Beethoven, Mozart) où l'amant de George Sand donne sa pleine (dé)mesure pour le chant de la vie, du désespoir, de la nostalgie, du rêve et d'un imaginaire sonore aux harmonies riches, novatrices et audacieuses.
Des deux Valses (op 34 n°1 et op 64 n°2) qui ramènent aux salons les plus prestigieux de Paris, Londres, Vienne ou Varsovie, aux Nocturnes (op 48 n°1, op 9 n°2) les plus chargées des murmures et du velours de la nuit, en passant par ces frémissants et tendres Préludes (op 28 n°4 et n°8) et cette Polonaise (op 53) aux effluves puissants où, entre rythmes martelés et héroïsme des braves, la musique de Chopin est absolu envoûtement, admirablement servie par cette fée Mélusine du clavier qu'est Tatiana Primak Khoury, sonorités d'une douceur « tourguenevienne ».
En seconde partie, place à la seconde moitié de la personnalité de Chopin. Comme une part d'ombre qui a besoin de sa propre lumière pour scintiller. Un Chopin incurablement rêveur, impénitent nostalgique, créateur à l'esprit révolté et libre, mais aussi tourmenté par l'au-delà tout en ne cédant pas à ses préoccupations de pédagogue hanté par ses arpèges, ses rubato, ses gammes, ses mélodies et ses accords.
Voilà donc un autre bouquet de partitions qui vont d'une Ballade (op 23) empreinte de tristesse aux Études (op 25 n°1, op 10 n°12, op 25 n°7 et 12) les plus ardues et les plus périlleuses en contorsions de doigts, en passant par un air de campagne revisité par l'esprit citadin avec la Mazurka (op 17 n°4) et, pour prendre la clef des champs, pour un moment d'évasion sans frein, la Fantaisie impromptu (op 66).
Tonnerre d'applaudissements d'un public relativement grand, mais bien restreint pour un concert de grande qualité. Et un vibrant standing ovation de l'auditoire.
La musique est là un authentique moment de grâce et de bonheur. C'est l'essentiel, et tout le reste est littérature.
Menu fastueux et fort comme un « shot » corsé, pour une interprétation intense et virtuose. Un programme et une performance brillantissimes.Ses partitions ont résonné cette année aux quatre points cardinaux de la planète. Pour l'année faste du bicentenaire de Chopin, le pèlerin polonais est royalement honoré et...

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