Le conflit en Syrie qui a fait plus de 60.000 morts en deux ans risque de "traîner en longueur", a estimé le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, soulignant que la victoire des rebelles était loin d'être acquise.
"Au début, certains pronostics parlaient de deux, trois, quatre mois, maintenant (le conflit dure depuis près de) deux ans. La situation peut évoluer de différentes façons", a-t-il dit mardi. M. Bogdanov a par ailleurs indiqué que la diplomatie russe voulait élargir les contacts avec l'opposition syrienne.
Ces déclarations interviennent alors qu’une centaine de ressortissants russes souhaitant quitter la Syrie devait embarquer mardi et mercredi à bord de deux vols depuis le Liban vers Moscou, selon un diplomate russe cité par l'AFP.
Mardi soir, des dizaines de ressortissants russes, arrivés à Beyrouth dans l'après-midi, ont été rapatriés vers Moscou, indiquent des chaînes de télévision libanaises. Ces ressortissants étaient arrivés, à bord de plusieurs bus, au poste de Masnaa à la frontière entre le Liban et la Syrie. Selon la MTV, certains de ces Russes ont expliqué avoir décidé de quitter la Syrie en raison des violents bombardements dans la région de Damas.
A Masnaa, des bus transportant des ressortissants russes désirant quitter la Syrie. STR/AFP
"Il y a des milliers de ressortissants russes en Syrie. Le problème est que les liaisons aériennes russes ne fonctionnent plus depuis Damas, donc nous aidons quelque 100, maximum 150 personnes, à quitter la Syrie via Beyrouth, qui est tout proche", a affirmé le diplomate russe sous le couvert de l'anonymat.
"Nous aidons simplement les gens qui sont venus au consulat russe à Damas pour demander de l'aide", a-t-il insisté. "Dès que suffisamment de personnes auront demandé une assistance au consulat à Damas, nous organiserons de nouveaux vols", a-t-il ajouté.
L'ouest de Homs au coeur des affrontements
Sur le terrain, une vingtaine de soldats et miliciens pro-régime ont été tués et des dizaines blessés lors de violents combats à Homs.
"Nous avons des informations de l'hôpital militaire de Homs selon lesquelles jusqu'à 130 soldats et combattants pro-régime ont été tués ou blessés ces trois derniers jours", a affirmé mardi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Son directeur, Rami Abdel Rahmane, a précisé à l'AFP avoir identifié au moins 23 morts. "Mais ce nombre pourrait augmenter", a ajouté le chef de cette ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers la Syrie.
Depuis trois jours, l'ouest de Homs, poumon industriel de la Syrie avant la révolte et baptisée "capitale de la révolution" par les rebelles, est revenu au coeur des affrontements, notamment les quartiers de Soultaniyé et Jobar, selon les militants sur le terrain.
"L'ouest de Homs est stratégique car il borde l'autoroute reliant Damas à la côte. Il est la clé de l'accès à la capitale et du commerce et des armes entrant en Syrie par la Méditerranée", a expliqué M. Abdel Rahmane.
A Homs, le 21 janvier 2013, deux Syriennes appartenant à la première unité féminine des Forces de défense nationale, une force paramilitaire destinée à aider l'armée dans sa lutte contre les rebelles syrien, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Anwar Amro/AFP
Selon les experts, le régime, dont l'armée est bousculée par une rébellion de plus en plus audacieuse, a réduit ses ambitions territoriales pour se concentrer sur un axe passant par Damas, reliant le sud de la Syrie au pays alaouite dans le nord-ouest. Homs se trouve sur cet axe et est, selon les militants, un point névralgique sur la ligne de démarcation entre régime et rebelles, qui tiennent désormais de larges zones dans l'Est et le Nord.
"Le régime n'a jamais frappé aucune région syrienne avec autant de violence que dans la ville de Homs", a ainsi affirmé le militant Omar Chakir joint par l'AFP par téléphone, faisant état d'un important déploiement militaire dans les zones bordant Homs à l'ouest.
Par ailleurs, l'artillerie et l'aviation continuaient à pilonner la périphérie de la capitale, tandis que des combats meurtriers opposaient soldats et rebelles dans la province de Deraa (sud), selon l'OSDH.
Plus de 12.000 Syriens, pour la plupart des femmes et des enfants, se sont réfugiés en Jordanie au cours des six derniers jours, selon une source gouvernementale du royaume hachémite.
Lundi, selon l'OSDH, 178 personnes ont péri dans les violences, dont 42 personnes, y compris des femmes, des enfants et de nombreux miliciens pro-régime, dans un attentat suicide à Salamiyé, dans la province de Hama (centre).
Damas a accusé el-Qaëda de cette attaque, et son voisin turc d'ouvrir grand les portes de son territoire aux "terroristes", dans des messages à l'ONU diffusés mardi par la télévision officielle.
"Au début, certains pronostics parlaient de deux, trois, quatre mois, maintenant (le conflit dure depuis près de) deux ans. La situation peut évoluer...
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03 h 57, le 23 janvier 2013