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À La Une - Cinéma

« Album de famille », ou l’identité au cœur du monde arabe...

Quatre réalisateurs d’origine arabe se sont penchés sur la question de l’identité pour réaliser une sorte d’« Album de famille ». Un collectif filmique baptisé « Mawsem Hisad » qui a été projeté en première mondiale à la 9e édition du Festival international du film à Dubaï.

Nassim Amaouche,  Erige Sehiri, Mais Darwazah  et Sameh Zohbi.

« L’identité est ce que nous léguons, non ce que nous héritons ; non pas cette mémoire reçue en héritage mais ce que nous créons et inventons nous-mêmes. ». C’est sur cette simple phrase du grand poète palestinien Mahmoud Darwich que Mais Darwazah (Jordanie), Nassim Amaouche (France-Algérie), Erige Sehiri (Tunisie) et Sameh Zohbi (Palestine) ont articulé leur histoire personnelle et intimiste. À l’initiative de ce projet, né il ya trois ans, deux personnes : Palmyre Badinier, productrice, et Raed Andoni, cinéaste.
« L’aventure a commencé presque à la même date du printemps arabe », précise Mme Badinier. « Comme je travaillais étroitement avec cette région, l’idée que des réalisateurs pouvaient se rejoindre sur des questions d’identité nous a interpellés à Andoni et moi-même. Celui-là séduit par le projet en est devenu le coordinateur artistique et en a développé le concept ». Après avoir obtenu le soutien de plusieurs fonds notamment celui de « Injaz » de Dubaï et plus en amont, celui d’Arte, le projet a pu prendre forme.
Palmyre Badinier poursuit : « C’était une sorte de jeu mais aussi un challenge pour ces cinéastes que de raconter des histoires intimes en moins de vingt minutes. Nous avons donc trié toutes les propositions écrites qui nous ont été soumises puis sélectionné quatre d’entre elles tout en ne prenant pas en considération le facteur géographique. Cela pouvait donc être n’importe quelle ville ou n’importe quel pays d’Orient. Il suffisait seulement que ce soit une approche intimiste exprimée par un style particulier. Le résultat : des langages cinématographiques différents mais qui se répondent. »

« Salvatrice »
Cet album photos est un portrait croqué à partir de plusieurs sensibilités donnant à voir différentes facettes du monde arabe. La pensée de Mahmoud Darwich était « inspirante, optimiste et salvatrice », selon Mme Badinier, car elle a permis à ces jeunes réalisateurs de se retrouver sur une plate-forme commune. « La question de racines, du rapport aux générations antérieures, à la culture des parents est importante pour cette poignée d’artistes qui ont dû, pour cause d’éloignement, choisir entre diverses possibilités de vie. » Ainsi, si chaque chapitre du film se présente comme indépendant l’un de l’autre, le développement de cette proposition écrite s’est fait sous la supervision de Raed Andoni, « tout en respectant néanmoins la liberté du choix du monteur. « Car le montage est ce moment crucial où le langage cinématographique de chaque réalisateur est mis en évidence. Andoni a dû uniquement intervenir en seconde phase pour mettre ces histoires dans un ordre de manière à en assurer la fluidité », précise-t-elle.

Le je(u) multiplié
Des effluves que charrient la cuisine traditionnelle aux rapports parents-enfants en passant par le retour au pays natal et tous ces liens indicibles qui sont maintenus malgré l’éloignement, ces questions intimes sont abordées sans pathos, souvent avec pudeur et humour et surtout avec beaucoup de tendresse.
Comme les oiseaux migrateurs, les citoyens de ce Moyen-Orient meurtri volent de pays en pays, s’acclimatant au lieu où ils se posent et portant avec eux des cultures métissées vers d’autres rivages. Pour Erige Sehiri revenue en Tunisie après avoir vécu à Lyon, « le retour au pays est une sorte de renaissance et de redécouverte de soi ». Même chose pour Sameh Zohbi qui retrouve les vraies raisons de son retour à Iksal. « Ô présent, sois patient car nous sommes des passants alourdis par des ombres [...] Et ô passé ne nous transforme pas lorsque nous nous éloignons de toi », écrivait Mahmoud Darwich
Apprendre à mieux connaître ses parents mais se reconstruire à sa façon, tels ont été les buts atteints de Mais Darwazah et Nassim Amaouche ; « une recette que chacun épicera à sa manière »... « Les voyages ne sont-ils pas une addition de cultures où chaque lieu visité nous permet de nous découvrir sous un autre jour et de comprendre certaines complexités de notre personnalité ? » s’interroge Palmyre Badinier. « Pour ma part c’est ce qui m’a toujours un peu guidé dans mon intérêt du monde arabe car cela génère des questions qui répondent à des questions identitaires qui me sont propres. En effet, souvent, en n’ayant aucun lien biologique avec ce lieu, on se découvre pourtant dans l’autre », ajoute-t-elle.
Un besoin de « je » affirmé par les producteurs et les cinéastes eux-mêmes et un jeu qui s’est dédoublé grâce à ce prisme intime réalisé par Mawsem Hisad.
« L’identité est ce que nous léguons, non ce que nous héritons ; non pas cette mémoire reçue en héritage mais ce que nous créons et inventons nous-mêmes. ». C’est sur cette simple phrase du grand poète palestinien Mahmoud Darwich que Mais Darwazah (Jordanie), Nassim Amaouche (France-Algérie), Erige Sehiri (Tunisie) et Sameh Zohbi (Palestine) ont articulé leur histoire...
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