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À La Une - Crise

Mois de ramadan : au Liban, les restaurateurs redoutent la table vide !

Malaise politique, coupures d’électricité, tourisme en berne... et le mois de ramadan qui tombe en pleine saison estivale ! Certains restaurateurs essayent de sortir la tête de l’eau en adaptant spécialement leurs horaires et menus pour l’occasion. Peine perdue ?

« Plus de 80 % de notre chiffre d’affaires pendant le ramadan se fait grâce aux menus du iftar, car en journée les tables restent désespérément vides », assure le responsable de Crepaway Hamra.

Le mois de ramadan n’est certainement pas la période de l’année que les commerçants attendent avec le plus d’impatience. Encore moins les restaurateurs qui se retrouvent avec la peur de la table vide. « On ne peut certainement pas généraliser à toutes les régions du pays, mais il n’y a aucun doute que pour le secteur de la restauration, ramadan n’est pas synonyme de bonnes affaires », a assuré à L’Orient-Le Jour Paul Ariss, le président du syndicat des restaurateurs. Cette année, plus que d’autres, il semblerait que tous les ingrédients nécessaires à plomber le moral du secteur aient été réunis. « Les coupures d’électricité à répétition avec les coûts supplémentaires exorbitants qu’elles supposent, les crises politiques locales et régionales à répétition et surtout la désertion des touristes arabes et des expatriés ont fini par achever le marché », indique M. Ariss.


Pour ne pas se laisser complètement abattre, les restaurants ont décidé depuis plusieurs années de prendre le taureau par les cornes et de tirer profit du mois saint. Ce sont d’abord les restaurants libanais classiques qui se sont mis à proposer des menus spécialement conçus pour la rupture du jeûne, le iftar, avant d’être suivis par toutes sortes de restaurants, italiens, français, japonais ou même les fast-foods, qui espèrent encore sauver ce qui peut l’être.
Pour Ramy Assaf, responsable de la branche de Crepaway Hamra, les menus spéciaux pour le iftar sont indispensables si le restaurant veut continuer à fonctionner. « Plus de 80 % de notre chiffre d’affaires pendant le ramadan se fait grâce à ces menus, car en journée les tables restent désespérément vides », déplore M. Assaf. Il explique que malgré le succès de ces menus, ils ne compensent pas du tout les pertes subies par rapport aux autres mois de l’année. « Ce sont principalement des groupes de jeunes qui viennent rompre le jeûne entre amis, une ou deux fois durant le mois, mais le reste du temps ils font l’iftar chez eux en famille », ajoute-t-il.


Le président du syndicat des restaurateurs partage la même analyse. « Il fut un temps où les Libanais sortaient plus pour le iftar, avec la mode des tentes de ramadan. Aujourd’hui, avec la crise économique et la baisse continue du pouvoir d’achat, la rupture du jeûne se fait majoritairement à la maison », explique M. Ariss. Ce changement d’habitude a eu des conséquences dramatiques pour les restaurateurs. « Les trois premiers restaurants de chaque catégorie subissent des pertes de 20 à 30 % par rapport aux autres mois de l’année. Pour les autres, les chiffres sont beaucoup plus douloureux », poursuit-il.


Le restaurant et café trottoir Laziz, à Hamra, lui aussi propose un menu spécial ramadan. La formule est à 28 dollars par personne et elle inclut une soupe, une assiette de fattouche, des mezzés froids et chauds, un plat principal à base de viande ou de poulet, une boisson et un dessert. « Cette année ce sont surtout les Syriens qui viennent manger, les Libanais, eux, préfèrent arriver plus tard, pour fumer un narguilé ou manger un saj avant de se coucher », explique Khodor Aïcha, le responsable du bar du restaurant. Le restaurant, en quête de plus de clients, ne s’est pas contenté de proposer des menus spéciaux pour ramadan cette année. Tous les soirs, un musicien joue du oud pour les clients. « La musique attire du monde, et pas seulement les personnes qui observent le jeûne », explique M. Aïcha. « D’ailleurs, ajoute-t-il, la majorité de notre chiffre d’affaires depuis le début du ramadan n’est pas due aux menus iftar, mais aux touristes attirés par l’ambiance spéciale qui règne grâce aux musiciens et qui viennent le soir boire des verres. » M. Aïcha avoue à demi-mot que le restaurant est obligé de continuer à servir de l’alcool même si ça ne plaît pas beaucoup aux gens qui jeunent, « car en réalité c’est ce qui nous garantit le plus gros de notre chiffre d’affaires ». Chiffre d’affaires qui demeure néanmoins en baisse de plus de 50 % comparé aux autres mois de l’année...


La gravité de la situation a même poussé certains restaurateurs à se passer complètement du menu iftar. « Déjà les années précédentes on était obligé de jeter la nourriture, alors cette année, avec la crise et la désertion des touristes, il était hors de question de se lancer une nouvelle fois dans l’aventure », indique, désolé, le propriétaire de Ka3kaya, Samer Hammoud. Il accuse une baisse de 60 % de son chiffre d’affaires par rapport à l’année dernière.
« Le seul point positif cette année est l’heure à laquelle se fait la rupture du jeûne, vers 20 heures, c’est-à-dire proche du dîner habituel des gens », indique M. Ariss. C’est donc souvent une autre clientèle que celle espérée, qui ne fait pas du tout le jeûne, qui profite des offres et formules spéciales ramadan. Malheureusement, elle ne réussira pas, cette année en tout cas, à combler les pertes des restaurateurs.

Le mois de ramadan n’est certainement pas la période de l’année que les commerçants attendent avec le plus d’impatience. Encore moins les restaurateurs qui se retrouvent avec la peur de la table vide. « On ne peut certainement pas généraliser à toutes les régions du pays, mais il n’y a aucun doute que pour le secteur de la restauration, ramadan n’est pas synonyme de bonnes...
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