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Liban - Décryptage

Présidentielle : des indices positifs qui attendent de se concrétiser

La déclaration du ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, jeudi, sur le fait que l'élection présidentielle est devenue toute proche est venue ajouter un nouvel indice positif à la thèse selon laquelle avant la fin de l'année, Michel Aoun devrait se trouver à Baabda. Ceux qui croient à cette thèse sont convaincus qu'il ne s'agit plus désormais d'analyses et de supputations sur le fait que Saad Hariri n'a plus beaucoup d'autres choix que celui d'accepter d'élire le général Aoun à la présidence moyennant son retour au Sérail, mais d'éléments concrets qui confirment cette approche. Les partisans de cette thèse se basent sur le fait que le leader druze Walid Joumblatt aurait assuré au général Aoun, via un émissaire, qu'il compte lui donner sept des onze voix des députés membres de son bloc lors de la séance parlementaire pour l'élection d'un président. Cette information constitue une concrétisation de la nouvelle tendance du leader druze de donner la priorité à l'élection présidentielle, même s'il faut pour cela élire le chef du bloc du Changement et de la Réforme. L'autre élément concret qui confirme cette atmosphère positive en faveur de Aoun consiste dans certaines informations qui disent que le chef du courant du Futur serait en train de réclamer des garanties pour accepter d'élire Michel Aoun. S'il en est à ce stade, c'est que l'idée a déjà fait son chemin dans son esprit et qu'il ne resterait plus qu'à fixer les modalités de l'entente.

 

À ce sujet, des sources qui suivent de près ce dossier rapportent que lors de sa visite au Liban, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a longuement évoqué ce dossier avec les représentants du Hezbollah qu'il a rencontrés pendant plus de 40 minutes. Le ministre français aurait demandé à MM. Ali Fayad et Ammar Moussaoui pourquoi le Hezbollah insiste-t-il tellement sur la candidature de Michel Aoun, sachant que le camp adverse est en train de considérer cette position comme une volonté systématique d'entraver l'élection présidentielle. Les représentants du Hezbollah auraient alors répondu par un long exposé sur la présence des chrétiens dans la région, ajoutant que le Liban est le seul pays de la région à avoir un président chrétien et que par conséquent, il faut le choisir avec soin si on cherche réellement à préserver la présence des chrétiens dans cette partie du monde. Pour rassurer les chrétiens actuellement menacés dans plusieurs pays de la région, il faut donc élire un président qui soit à la fois représentatif de sa communauté et en même temps suffisamment autonome pour que les chrétiens aient le sentiment qu'ils sont des partenaires véritables au sein du pouvoir et dans la prise des décisions.
Dans ce contexte, le général Aoun est certes l'allié du Hezbollah, mais nul ne peut dire que cette formation le contrôle, tout comme il est connu pour son indépendance d'esprit, sachant que même les rapports occidentaux le qualifient d'imprévisible et d'incontrôlable. D'ailleurs, la position du général Aoun et de son bloc parlementaire diverge de celle du Hezbollah sur plusieurs dossiers importants. Les deux parties acceptent leurs différences et leurs points de conflit et aucune ne cherche à contrôler l'autre... Pour cette raison, son élection à la présidence de la République serait un message fort envoyé aux chrétiens du Liban et de la région.

Le chef du Quai d'Orsay aurait alors répliqué que le camp adverse considère l'élection de Michel Aoun comme une victoire pour le Hezbollah et ses alliés, et donc comme une rupture de la fameuse équation « ni vainqueur ni vaincu » qui prévaut au Liban. Les représentants du Hezbollah ont répondu que bien au contraire, l'élection du général Aoun à Baabda moyennant le retour de Saad Hariri au Sérail est la concrétisation de l'équation « ni vainqueur ni vaincu », puisqu'il s'agirait alors d'un accord équitable sur le pouvoir. Le ministre français aurait ensuite demandé quelles garanties seraient données à Saad Hariri et à son camp sur la non-réédition de l'expérience de 2011 lorsque son gouvernement a été renversé par la démission de plus d'un tiers des ministres. Les représentants du Hezbollah auraient répondu en affirmant que c'est le Hezbollah qui a besoin de garanties, non le courant du Futur. C'est le Hezbollah qui est encerclé financièrement, économiquement et politiquement, et qui est la cible d'une campagne sans précédent pour l'affaiblir, l'isoler, ternir son image, le priver de ses partisans et même le détruire. C'est donc lui qui devrait exiger des garanties, alors que tout ce qu'il réclame, c'est un président qui ne complote pas contre lui. De toute façon, si le chef du courant du Futur souhaite obtenir des garanties ou discuter des conditions de la formation du futur gouvernement, c'est avec le général Aoun qu'il devrait parler, le Hezbollah ayant placé sa confiance dans ce dernier.

Depuis cette rencontre, un dialogue indirect aurait donc commencé sérieusement entre les différentes parties pour tenter d'aboutir à un accord qui engloberait la présidence de la République, la présidence du Conseil et la formation du gouvernement. De plus, Saad Hariri aurait évoqué la question avec les dirigeants saoudiens au cours de son dernier voyage en Arabie. Bien que le conflit soit encore à son apogée entre Téhéran et Riyad, certaines voix occidentales s'élèvent pour demander aux deux parties de dissocier le dossier libanais des crises régionales. Toujours dans ce contexte, le chef du courant Marada aurait déclaré au patriarche Raï, au cours de leur dernière rencontre, qu'il ne compte pas retirer officiellement sa candidature mais qu'il serait prêt à le faire si le patriarche estimait que cela peut servir l'intérêt général. Sleiman Frangié a réaffirmé hier après une visite à Aïn el-Tiné qu'il restait dans la course présidentielle, mais que s'il devait y avoir un consensus autour du général Aoun, il ne le brisera pas.
Rassemblés, tous ces éléments peuvent justifier un certain optimisme au sujet d'un déblocage politique. Mais au Liban, rien n'est jamais sûr...

 

 

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La déclaration du ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, jeudi, sur le fait que l'élection présidentielle est devenue toute proche est venue ajouter un nouvel indice positif à la thèse selon laquelle avant la fin de l'année, Michel Aoun devrait se trouver à Baabda. Ceux qui croient à cette thèse sont convaincus qu'il ne s'agit plus désormais d'analyses et de supputations sur le fait...

commentaires (6)

Présidentielle ? Bien sûr, quand les Chréti(e)ns libanais(h) auront des dents....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

12 h 08, le 31 juillet 2016

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Commentaires (6)

  • Présidentielle ? Bien sûr, quand les Chréti(e)ns libanais(h) auront des dents....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 08, le 31 juillet 2016

  • EN REPONSE PAS AU CONSEIL MAIS AU SOUHAIT D,UNE AMIE QUE J,ESTIME BEAUCOUP, JE PRIE LES INTERNAUTES DE BIFFER DE LEUR MEMOIRE TOUS MES COMMENTAIRES DE CE JOUR QUI SE REFERENT AUX SALAFISTES ET AUX FAKIHISTES RACISTES CAR ILS N,ETAIENT DESTINES NI AUX UNS ET NI AUX AUTRES. JE M,EXCUSE PUBLIQUEMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 55, le 30 juillet 2016

  • Fallait-il jeûner deux ans et deux mois pour se contenter de manger une mouche ?

    Un Libanais

    15 h 10, le 30 juillet 2016

  • IL Y A LES VRAIS LIBANAIS D,UN COTE... ET LES TRAITRES A L,APPARTENANCE ETRANGERE DE L,AUTRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 41, le 30 juillet 2016

  • Il faut a tout prix avoir un president et une nouvelle assemblée nationale. Nos ennemis parient sur l effritement du Liban. Il est urgent de leur prouver l inverse. Au plus vite.

    Massabki Alice

    09 h 29, le 30 juillet 2016

  • SALAFISME ET FAKIHISME LES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 55, le 30 juillet 2016

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