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Liban - Tribune

Les débuts d’une troisième guerre mondiale pas comme les autres

Nul doute que l'intensification des opérations terroristes dans le monde en général et en Occident en particulier est un indice clair d'un processus violent en marche inexorable et non pas d'une série d'opérations terroristes disparates.
Parler de terrorisme est une façon d'occulter la réalité. La résolution d'un problème dépend en premier de la clarté de sa définition. Ainsi, le bon diagnostic de la situation nous fait dire que le monde est menacé par le terrorisme islamiste, qu'il s'autoproclame jihadisme ou qu'on le dénigre sous l'épithète de takfiri, et non le terrorisme tout court.
L'épicentre en est le Moyen-Orient où les États se désintègrent au profit des milices et entités islamistes de toute sorte et de tout acabit dans une constellation informe et insaisissable.
C'est en 1979 dans le cadre du monde bipolaire que la première impulsion fut donnée au mouvement islamiste, tout d'abord par l'instauration de la République islamique d'Iran (RII), sanctuaire du jihadisme chiite. Ce mouvement fut suivi de près par l'envol du jihadisme sunnite en Afghanistan, anticommuniste pour les Américains et réactif pour les puissances sunnites. Ceci donna naissance plus tard à el-Qaëda dont Daech est une excroissance.
Cette concomitance des deux jihadismes préfigure la dangereuse dialectique de leur évolution, menant inexorablement à leur lutte fratricide. Celle-ci ne fait que les renforcer dans leurs communautés respectives au détriment des modérés et des minorités et les aguerrir pour aller à la conquête du monde.
L'occultation des effets de cette lutte interjihadiste explique l'inanité et l'absurdité de la politique mondiale au Moyen-Orient et plus généralement en terre d'islam. Contrairement à la logique propre à l'islamisme, les puissances croient pouvoir profiter de la lutte fratricide des deux factions jihadistes, l'une gravitant autour de la RII, l'autre constituant une nébuleuse dans laquelle l'État islamique (EI) essaie de se promouvoir en tant que leader incontesté.
On ne peut pas combattre l'EI en Syrie en pactisant directement ou indirectement avec la RII, ou Assad ou le Hezbollah, c'est-à-dire en se rangeant du côté du jihadisme chiite « assagi » par trente-sept ans d'existence et par une pratique extensive et millénaire de l'art de la dissimulation (la taquia et le kitman).
On ne peut pas non plus le combattre en Irak en lâchant la bride au cocktail de milices chiites pro-iraniennes rassemblées par Kassem Suleimani, chef de la brigade al-Qods et responsable de l'exportation de la révolution islamique sous la bannière de Hachd al-chaabi et ceci au détriment de l'armée irakienne.
Pour les jihadistes, le jihad est la guerre sainte au sens strict du terme. Il représente le moyen ultime pour islamiser l'humanité entière, complété par l'activisme politique et/ou missionnaire. Tel est l'objectif et la stratégie de tous les mouvements jihadistes, quelles que soient leurs différences, leurs écoles et leurs racines. Telle est leur idéologie commune. Telles sont leurs croyances profondes. Malheureusement, le printemps arabe a réveillé les potentialités islamistes dormantes, auparavant écrasées par les diverses dictatures dans les sociétés arabes au détriment des forces libérales et démocratiques.
Aujourd'hui, le jihadisme bénéficie de plusieurs facteurs :
1) Une démographie musulmane massive et galopante. 24 % de la population mondiale est musulmane dont 10 à 15 % est chiite. Ce n'est pas un hasard que l'épicentre du séisme islamiste est localisé au Moyen-Orient, compte tenu que la rivalité entre le jihadisme sunnite et chiite est plus intense en raison du fait que la démographie chiite y est moins minoritaire qu'au niveau mondial.
2) L'islam étant à la fois spirituel et temporel, organisant non seulement la relation de l'homme avec Dieu mais aussi de l'homme avec l'homme, le musulman même agnostique ou athée a une attitude laxiste face à la virulence islamiste. Ceci permet aux islamistes de proliférer sans être inquiétés dans les milieux musulmans non islamistes.
3) Les conditions sociales difficiles que vivent des masses musulmanes créent la frustration qui peuvent favoriser l'engagement dans les organisations islamistes. Néanmoins, elles ne représentent pas la raison principale de l'expansion du jihadisme.
4) Les islamistes peuvent disposer de ressources matérielles imposantes.
5) La mondialisation sur tous les plans et dans tous les domaines (transport de matériel, déplacements de personnes, communications, médias, Internet, finances) est habilement mise à profit par les jihadistes.
6) Néanmoins leur arme ultime est le suicide (un kamikaze est une arme destructrice imparable) surtout couplé avec une sophistication innovatrice de son utilisation.
Conclusion : c'est la montée en puissance de la mouvance islamiste dans le monde qui livre une bataille qu'elle veut décisive pour conquérir le monde et le soumettre à la loi d'Allah. Dans les faits, cette mouvance islamiste initie une guerre mondiale différente des deux qui l'ont précédée.
Face à cette menace globale qui guette toutes les populations non musulmanes et musulmanes modérées, la réplique ne peut être ni locale, ni partielle, ni réactive. Elle se doit d'être mondiale, globale et proactive.
Autrement dit, elle exige impérativement la formation d'une alliance mondiale (États-Unis, Europe, pays occidentaux, Russie, Chine, Inde... et pays musulmans à régime non islamiste) contre tous les mouvements et entités islamistes et la mise en berne des divergences politiques et des contradictions entre les intérêts des uns et des autres.
Mais, pour ce faire, la condition sine qua non est que l'Amérique reprenne le leadership du monde auquel le président Barack Obama a volontairement renoncé. Pour cela, il faut attendre les résultats de l'élection présidentielle américaine.
En sus, une stratégie de confrontation doit être élaborée et mise en œuvre. On peut imaginer ces lignes générales comme suit :
1) La collaboration militaire et sécuritaire des alliés dans un effort d'une guerre sans merci contre tous les jihadistes, et spécialement dans leur foyer principal au Moyen-Orient.
2) La mise en quarantaine politique des régimes et entités islamiques politiques dans les pays musulmans et l'interdiction intégrale de tout genre d'entités et d'activités islamistes politiques ou missionnaires dans les pays non musulmans.
3) Les changements des lois dans les pays occidentaux et plus particulièrement européens pour permettre une lutte antiterroriste plus efficace.
4) La nécessité de l'adéquation de l'islam aux exigences des temps modernes par le rejet de toutes les interprétations violentes ou qui peuvent favoriser la violence ainsi que de toutes les idéologies salafistes telles que la doctrine de vilayet el-faqih adoptée par l'Iran, ou les différentes formes de salafisme et de jihadisme notamment celles inspirées par le wahhabisme. Cette réforme est du ressort des musulmans eux-mêmes. Elle ne peut se réaliser qu'à travers le ijmaa (le consensus unanime) des faqihs, la quatrième source de législation en islam après le Coran, le hadith et le raï.
Bien que la réplique efficiente à la menace jihadiste puisse paraître difficile à réaliser et lointaine, il ne faut surtout pas perdre l'espoir de sortir vainqueur de cette troisième guerre mondiale.

Nul doute que l'intensification des opérations terroristes dans le monde en général et en Occident en particulier est un indice clair d'un processus violent en marche inexorable et non pas d'une série d'opérations terroristes disparates.Parler de terrorisme est une façon d'occulter la réalité. La résolution d'un problème dépend en premier de la clarté de sa définition. Ainsi, le bon...

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