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Liban - Exécutif

Département de la Sécurité de l'État : les ministres chrétiens montent au créneau

Après un report de sa dernière réunion à la suite du décès de la mère du Premier ministre Tammam Salam, une séance du Conseil des ministres est prévue ce matin avec, à son ordre du jour, nombre de dossiers épineux, dont notamment ceux de la direction générale du département de la Sécurité de l'État, des équipements de l'AIB, des réseaux Internet illégaux et de la décision de la compagnie satellite égyptienne Nilesat d'arrêter son émission à partir de la station de Jouret el-Ballout (caza du Metn).

« Coordination totale » CPL-Kataëb
Aujourd'hui, le gouvernement plongera donc à nouveau dans la polémique portant sur la direction générale du département de la Sécurité de l'État, qui avait bien failli conduire le cabinet à l'implosion lors de sa dernière réunion, il y a trois semaines. Le fonctionnement du département de la Sécurité de l'État est en effet perturbé depuis quelques mois en raison d'une décision du ministre des Finances de soumettre toute décision émanant du directeur général de ce service, le général Georges Karaa, grec-catholique, au contreseing du directeur adjoint de ce service, Mohammad Toufayli, de confession chiite.
À ce sujet, le ministre de l'Économie, Alain Hakim (Kataëb), a déclaré à L'Orient-Le Jour que « le problème de ce service de sécurité réside dans le déséquilibre qui existe actuellement entre le responsable et son subalterne, sans oublier le problème de hiérarchie qui se pose entre deux officiers de rangs différents, et la loi qui précise clairement que l'allocation des crédits relève des prérogatives du directeur général ». « Nous refusons qu'une institution de sécurité soit prise pour cible à travers une tentative de l'isoler, parce que cela cause des dommages à 3 000 de ses membres et leurs familles », a-t-il ajouté. Le ministre de l'Économie n'a pas manqué de faire état d'une « coordination totale entre les Kataëb et le Courant patriotique libre (CPL) sur les questions relatives au gouvernement et aux droits des chrétiens ». Et de poursuivre : « Nous sommes prêts à aller jusqu'au bout dans ce dossier, et toutes les options sont ouvertes. »

Le dossier du département de la Sécurité de l'État a d'ailleurs ravivé la question des « droits des chrétiens », un thème de campagne défendu par le CPL depuis des mois, ce qui n'est pas sans susciter des interrogations concernant la position aouniste en Conseil des ministres. « Toutes les options sont ouvertes, même celle du recours à la rue, qui est actuellement sujet à débat », indique à L'OLJ le vice-président du CPL, l'ancien ministre Nicolas Sehnaoui. Selon lui, « il existe des lois qu'il faut respecter, sans quoi ce serait la jungle, et le ministère des Finances ne peut pas boycotter cet appareil sécuritaire sans raison valable ». L'ancien ministre des Télécoms souligne à son tour l'existence d'une coordination CPL- Kataëb dans ce domaine, tout en signalant que « toutes les forces opposées à la situation actuelle de la direction générale du département de la Sécurité de l'État feront entendre leur voix demain (aujourd'hui) en Conseil des ministres ».
Notons dans ce cadre que plusieurs ministres chrétiens, dont notamment le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, ont déjà adopté depuis plusieurs semaines une position claire sur ce plan, refusant le court-circuitage du directeur du département de la Sécurité de l'État.

Internet illégal, AIB et « Nilesat »
Autre dossier problématique incontournable aujourd'hui, celui des réseaux Internet illégaux, quand bien même il ne figure pas à l'ordre du jour, formé de 160 points (dont une demande de recensement des réfugiés palestiniens dans les camps, formulée par le comité du dialogue libano-palestinien, que les Kataëb refusent, souligne Alain Hakim). « Le dossier d'Internet illégal est actuellement devant le pouvoir judiciaire. Ainsi, je ne crois pas que le Conseil des ministres pourra prendre une décision à ce sujet, et les discussions pourront se limiter à un compte-rendu que présenterait le ministre concerné », explique à L'OLJ Nabil de Freige, ministre du Développement administratif, avant d'estimer que « le dossier le plus important est celui de l'AIB et des mesures de sécurité qui devraient y être prises ». Il a déclaré aussi qu' « un projet de solution au dossier de l'AIB sera débattu durant la séance ».

À ce sujet, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil a souligné hier, à l'issue d'une réunion présidée par Tammam Salam en présence des ministres des Travaux publics, Ghazi Zeayter, et de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, (son) « attachement au financement des crédits par les moyens assurés auparavant (soit par une loi votée au Parlement, soit à partir des réserves du budget consacré au ministère des Travaux publics, qui ne sera pas disponible avant août, ou encore par une concession accordée à un établissement public), faute de quoi il faudra reprendre l'échelonnement des réserves ». Pour sa part, M. Machnouk a estimé que « la seule solution est celle d'assurer les crédits nécessaires ».

Un autre sujet explosif s'est invité à la table du Conseil des ministres : la décision de la compagnie Nilesat d'arrêter son émission à partir de la station de Jouret el-Ballout, et l'effet de cette décision sur la retransmission des chaînes locales à l'étranger. Le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, a affirmé hier que cette question sera traitée hors de l'ordre du jour. Dans une interview accordée à la chaîne al-Jadid, M. Jreige a indiqué être entré en contact avec l'ambassadeur d'Égypte, Mohammad Badreddine Zayed, pour discuter des raisons de cette décision, tout en assurant que « les chaînes libanaises continueront leur émission à partir de Nilesat ». Le Hezbollah et sa chaîne al-Manar (également interdite par Nilesat sous prétexte qu' « elle diffuse des émissions attisant les tensions communautaires » ) sont d'ailleurs montés au créneau hier pour dénoncer les décisions de la compagnie satellite, estimant qu'« elles sont politiques et constituent une violation flagrante de la liberté d'expression ».

La polémique sur la relance du législatif
Parallèlement aux efforts déployés pour assurer une redynamisation à long terme de l'exécutif, le président de la Chambre, Nabih Berry, œuvre lui aussi à la tenue d'une séance législative le mois prochain, qui s'inscrirait aussi dans la logique de la redynamisation des institutions. À ce propos, M. Berry a assuré hier, lors de ses audiences du mercredi à Aïn el-Tiné, qu'il convoquera à une séance législative après celle du dialogue national prévue le 20 avril. Or la tenue d'une telle séance à la Chambre se heurte au refus chrétien (CPL, FL, Kataëb) pour des motifs divers, dont la priorité de l'élection d'un président de la République et l'importance d'intégrer la loi électorale à l'ordre du jour. Le Hezbollah s'est démarqué hier de son allié aouniste dans ce domaine. Le numéro deux du parti, le cheikh Naïm Kassem, a ainsi déclaré hier que « la Constitution n'interdit pas les séances législatives, car le vote des lois relève de la responsabilité de tout le monde ». Le cheikh Kassem s'est posé la question de savoir « ce qui empêche les réunions parlementaires visant à voter des lois pour le bien des citoyens ». « Nous devons légiférer et œuvrer pour l'élection d'un chef de l'État sans porter atteinte aux intérêts du peuple », a-t-il souligné.

 

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Après un report de sa dernière réunion à la suite du décès de la mère du Premier ministre Tammam Salam, une séance du Conseil des ministres est prévue ce matin avec, à son ordre du jour, nombre de dossiers épineux, dont notamment ceux de la direction générale du département de la Sécurité de l'État, des équipements de l'AIB, des réseaux Internet illégaux et de la décision de...

commentaires (2)

La Sûreté de l'État un des dossiers lourds qui prouve encore une fois que le Liban ne pourra jamais se libérer du système tribal confessionnel ou chaque confession et rite même veulent avoir leur part du gâteau .

Sabbagha Antoine

11 h 14, le 07 avril 2016

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Commentaires (2)

  • La Sûreté de l'État un des dossiers lourds qui prouve encore une fois que le Liban ne pourra jamais se libérer du système tribal confessionnel ou chaque confession et rite même veulent avoir leur part du gâteau .

    Sabbagha Antoine

    11 h 14, le 07 avril 2016

  • SANS PORTER ATTEINTE AUX INTERETS DU PEUPLE NOUS DIT CHEIKH QASSEM... ET LES INTERVENTIONS UNILATERALES EN SYRIE ET AILLEURS... CONTRE LA VOLONTE DE L,ETAT ET DES LIBANAIS... ET LES ATTAQUES CONTRE LES PAYS ARABES NE PORTENT PAS ATTEINTE AUX INTERETS DU PEUPLE ET DU PAYS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 52, le 07 avril 2016

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