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Liban - Séminaire

Réfugiés syriens : un tableau noir, des ambiguïtés et une absence de stratégie...

Plusieurs intervenants ont abordé ce dossier brûlant dans le cadre d'une rencontre organisée par la Maison du Futur et la Fondation Konrad Adenauer.

De jeunes réfugiés syriens jouent dans un camp improvisé à Arida, au nord de Beyrouth. AFP/Joseph EID/Archives

Pour les intervenants au séminaire « Le Liban, les réfugiés et les déplacés », organisé hier par la Maison du Futur et la Fondation Konrad Adenauer, la mise en place d'une stratégie nationale est une des réponses les plus favorables à la crise des réfugiés syriens dans le pays. Réunis à Bickfaya, les participants ont survolé les défis économiques, sociaux, sécuritaires et environnementaux relevant de ce dossier et brossé un tableau très noir de la situation que le Liban affronte actuellement.
Face à une crise syrienne qui entre dans sa cinquième année, il apparaît de plus en plus clair que la société libanaise vit une grande période de désarroi. En témoigne ce séminaire qui fait ressortir un besoin urgent de mener des études de fond sur le sujet au niveau national, la question des réfugiés étant impossible à résoudre lors de rencontres disparates tellement les défis qui s'imposent au Liban sont variés et complexes.

 

(Lire aussi : Gebran Bassil à « L’OLJ » : La communauté internationale s’emploie à résoudre ses problèmes à nos dépens)

 

Coexistence, sécurité nationale et environnement
« Notre travail sur le terrain nous a permis de constater que nous sommes face à une multitude de défis sociaux relatifs à la coexistence entre les réfugiés syriens et la population libanaise », indique Mariam Younès, de l'ONG Support Lebanon, qui dénonce, entre autres, l'apparition « de groupes de sécurité informels dans les villages » exerçant une certaine intimidation sur les réfugiés sous prétexte de se protéger. Elle cite également « l'incohérence et l'ambiguïté » qui entourent les démarches administratives concernant le renouvellement des permis de séjour. « La majorité des réfugiés ne possèdent pas de permis de séjour à cause de la difficulté des démarches », estime-t-elle.


Les experts en sécurité, eux, parlent de la difficulté pour l'État libanais de contrôler les entrées illégales au Liban en raison de la géographie de la frontière libano-syrienne. « Beaucoup de réfugiés ne possèdent pas de permis de séjour parce qu'ils sont entrés de manière illégale, souvent à l'aide de passeurs libanais ou étrangers qui connaissent bien la région », explique le général à la retraite Ghassan Abdel Samad. Il met par ailleurs en garde contre de possibles scénarios-catastrophes liés à la présence des réfugiés, ces derniers pouvant être, selon lui, embrigadés par les organisations terroristes. « 21 % des réfugiés syriens (environ 220 000 personnes) ont entre 18 et 59 ans. Ce qui veut dire qu'ils ont déjà fait leur service militaire en Syrie et savent utiliser des armes. 100 000 kalachnikovs pourraient permettre à ces personnes de mettre la sécurité du Liban en péril. Ces armes pourraient leur être fournies par des organisations terroristes ou des services de sécurité ennemis », fait-il valoir.


Des observations qui montrent à quel point le Liban est pris entre le marteau et l'enclume... L'État, qui essaie tant bien que mal de préserver un semblant de contrôle de la situation, est en permanence taclé par les associations internationales qui lui reprochent de ne pas assez prendre le côté humain du dossier des réfugiés en considération. Cette situation se traduirait sur le terrain par, notamment, un manque de coordination entre le ministère des Affaires sociales et les ONG œuvrant sur le territoire libanais, selon certaines sources proches du dossier. Les ONG seraient en train de contourner le ministère et d'aller à la rencontre des réfugiés de leur propre chef, faisant ainsi fi de la politique de l'État libanais.

 

(Lire aussi : La naturalisation des déplacés syriens : de la « démagogie » facilitée par l’absence de plan national)


Le danger de l'implantation des réfugiés syriens au Liban fait également partie des inquiétudes qui ont occupé une grande partie des interventions. Prenant la parole au début du séminaire, l'ancien chef d'État, Amine Gemayel, met en garde contre le renouveau du scénario palestinien au Liban. « Rien ne permet de garantir le retour de nos frères syriens chez eux. Qui sait quand la situation (en Syrie) va se stabiliser ? L'expérience palestinienne impose au Liban de traiter avec les réfugiés syriens avec ouverture mais également avec beaucoup de précautions, dit-il. Le Liban encourt d'énormes dangers sécuritaires si les réfugiés syriens ne rentrent pas chez eux. Ceci nous renvoie aux tragédies liées à la présence des réfugiés palestiniens au Liban », estime pour sa part Mounir Akiki, général à la retraite.


Quant aux dégâts subis par l'environnement avec l'afflux massif des réfugiés, ils sont innombrables et peut-être même irréparables, selon un bilan dressé par Nancy Kambar, professeure à l'Université libanaise et spécialiste en sciences de l'environnement. « Le Liban souffrait déjà de problèmes liés à la pollution, bien avant la crise syrienne. L'arrivée des réfugiés a amplifié ces problèmes », indique-t-elle. L'impact sur l'environnement est palpable dans le domaine du traitement des déchets solides et des eaux usées et de la pollution de l'air. « Avant la crise des réfugiés, 8 % des eaux usées étaient traitées. Le reste était déversé dans la mer ou à l'air libre, sans traitement. Ce chiffre a sûrement considérablement augmenté depuis l'arrivée des réfugiés », indique-t-elle. Mme Kanbar évoque également une surexploitation des ressources naturelles ainsi qu'une détérioration de la qualité de l'eau, souvent contaminée par des matières fécales.

 

(Lire aussi : L’Onu cherche des pays d’accueil pour un demi-million de réfugiés syriens)

 

Pour une planification sur le moyen terme
Pour Ziad Sayegh, chercheur et spécialiste dans les questions relatives aux réfugiés, la solution passe par la mise en place d'un plan pratique à l'échelle nationale. « Il est important d'aborder cette question en prenant en considération les points de vue démographique, géographique, économique, social, environnemental, politique, diplomatique et légal. Il est nécessaire de mettre en place une stratégie nationale pratique en se basant sur des objectifs pour le court et le moyen terme », explique-t-il.


Mireille Gérard, représentante du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés au Liban, évoque quant à elle la nécessité « d'une approche à moyen terme, en attendant que les réfugiés puissent rentrer chez eux, dans la sécurité et la dignité ». « Il existe trois solutions pour les réfugiés selon les lois internationales, à savoir le retour volontaire, l'intégration locale ou le relogement dans un pays tiers. La dernière option est pour l'instant la seule solution », conclut-elle.

 

 

Pour mémoire
Derrière les murs, Impression de Fifi Abou Dib

La mémoire dans le pot, l'éditorial de Issa GORAIEB

Mohammad Machnouk : Le Liban refuse l'implantation des réfugiés syriens

 

Pour les intervenants au séminaire « Le Liban, les réfugiés et les déplacés », organisé hier par la Maison du Futur et la Fondation Konrad Adenauer, la mise en place d'une stratégie nationale est une des réponses les plus favorables à la crise des réfugiés syriens dans le pays. Réunis à Bickfaya, les participants ont survolé les défis économiques, sociaux, sécuritaires et...

commentaires (5)

Chaque vague d'immigration reste toujours solidaire de son passé, c'est normal. Déjà avant Mars 011, on accusait ces Syriens, avant qu’ils soient par leur "propre régime massacrés et avant de les "pourchasser" comme à présent, d'être des analphabètes même ! Ce n'est pas nouveau tout ça. On disait même d’eux, en ricanant, que c’étaient des H’mâssnéééhs…. Il est consternant de voir ces mêmes clichés se perpétuer ! La xénophobie s'est étendue même, c'est le seul new phénomène. Après l’arménien, le Palestinien bien sûr, v'là le sri-lankais ou l’éthiopien maintenant. Et on croit, réellement, que c'est là que doit être le problème de la "pensée!" libanaiiise ? Alors que le monde entier est now confronté à des crises et à des guerres incessantes, considérer que dans ce monde-là, le problème c'est de savoir si ces Syriens étaient "plus bêtes ou moins bêtes" que les Libanais(h) paraît proprement, really, extravagant. Il faudrait y voir même, un très mauvais signe. Ce n’est, dans les faits, qu'une stigmatisation visant une population déterminée dans son ensemble…. Surtout si Sunnite ! Il faut prendre garde que cette stigmatisation, sous prétexte de "libaniiisme" strict, yîîîh, ou sous prétexte de valeurs "libanaiiises".... Niaiiises à conserver, yâââï, ne se répande alors chez "Nous" ici, yâ âllâh, sous des formes incontrôlaaables ! Les diatribes de certains Libanais(h) strictly abrutis contre eux, n'est qu'un bête épisode dégueulasse de cette dérive intrinsèquement raciste.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 24, le 01 avril 2016

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Commentaires (5)

  • Chaque vague d'immigration reste toujours solidaire de son passé, c'est normal. Déjà avant Mars 011, on accusait ces Syriens, avant qu’ils soient par leur "propre régime massacrés et avant de les "pourchasser" comme à présent, d'être des analphabètes même ! Ce n'est pas nouveau tout ça. On disait même d’eux, en ricanant, que c’étaient des H’mâssnéééhs…. Il est consternant de voir ces mêmes clichés se perpétuer ! La xénophobie s'est étendue même, c'est le seul new phénomène. Après l’arménien, le Palestinien bien sûr, v'là le sri-lankais ou l’éthiopien maintenant. Et on croit, réellement, que c'est là que doit être le problème de la "pensée!" libanaiiise ? Alors que le monde entier est now confronté à des crises et à des guerres incessantes, considérer que dans ce monde-là, le problème c'est de savoir si ces Syriens étaient "plus bêtes ou moins bêtes" que les Libanais(h) paraît proprement, really, extravagant. Il faudrait y voir même, un très mauvais signe. Ce n’est, dans les faits, qu'une stigmatisation visant une population déterminée dans son ensemble…. Surtout si Sunnite ! Il faut prendre garde que cette stigmatisation, sous prétexte de "libaniiisme" strict, yîîîh, ou sous prétexte de valeurs "libanaiiises".... Niaiiises à conserver, yâââï, ne se répande alors chez "Nous" ici, yâ âllâh, sous des formes incontrôlaaables ! Les diatribes de certains Libanais(h) strictly abrutis contre eux, n'est qu'un bête épisode dégueulasse de cette dérive intrinsèquement raciste.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 24, le 01 avril 2016

  • "Pour Ziad Sayegh, (chercheur et spécialiste!?) dans les questions relatives aux réfugiés, il est important d'aborder cette question en prenant en considération les points de vue démographique, géographique, économique, environnemental, légal, social, politique et diplomatique (La totale, quoi !), explique-t-il." ! Des exemples, please ; par exemple ; Monsieur "l'Expert" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 49, le 01 avril 2016

  • Reste à savoir pourquoi le relogement est la seule solution? Pourquoi on fait tout pour les éloigner de la Syrie et rien pour les y ramener????

    NAUFAL SORAYA

    07 h 43, le 01 avril 2016

  • "L'Ex-président, Amine Gemayel, met en garde contre le renouveau du scénario palestinien au Liban : Rien ne permet de garantir le retour de nos frères syriens chez eux. Qui sait quand la situation en Syrie va se stabiliser ? L'expérience palestinienne impose au Liban de traiter avec les réfugiés syriens avec ouverture mais également avec beaucoup de précautions, dit-il." ! Au fond, durant sa "présidence", à combien se chiffrait le nombre de Palestiniens qu'il avait ; lui-même ; "naturalisé" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 40, le 01 avril 2016

  • "100 000 kalachnikovs pourraient permettre à ces personnes de mettre la sécurité du Liban en péril. Ces armes pourraient leur être fournies par des organisations terroristes (Chïïtes ou bien sunnites ?), ou des services de sécurité ennemis (bääSSyriens ou bien Äsraéliens ?)." !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 31, le 01 avril 2016

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