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Économie - Agriculture

Au Liban, le marché de la fleur peine à s’épanouir

Baisse du pouvoir d'achat, endettement, fraudes douanières... Autant de menaces qui pèsent depuis des années sur les floriculteurs.

Moins de 1 % des fleurs libanaises sont destinées à l’export. Photo D. R.

Aujourd'hui encore, le bouquet reste une valeur sûre pour célébrer la fête des Mères au Liban, faisant de cette dernière un rendez-vous immanquable pour les fleuristes. « Cette période représente le pic de vente majeur et le plus gros chiffre d'affaires de l'année », explique Rania Younès Grondier, floricultrice, grossiste et propriétaire de la marque « Fleurs du Liban ».

Fraudes
Un moment bienvenu alors que le commerce de fleurs est en berne depuis quatre ans. « Nous avons déjà subi une chute de 30 % de notre chiffre d'affaires en 2016 par rapport à la même période de l'année dernière. Mais la crise a commencé depuis 2012, car les Libanais dépensent de moins en moins pour ce type de produits et les touristes du Golfe ne sont plus au rendez-vous », explique Karim Hammoud, fleuriste et propriétaire de Vert et Ciel. « La fleur coupée – utilisée pour les bouquets – est un produit de luxe et périssable, donc, avec la baisse du pouvoir d'achat, le budget moyen par bouquet des ménages a baissé », déplore Rania Younès Grondier.

Cette conjoncture morose porte un nouveau coup à des producteurs déjà lourdement fragilisés. « Les terrains n'étant pas classés comme terrains agricoles mais constructibles, les prix d'acquisition sont très élevés, ce qui décourage les jeunes générations de se lancer, relève Rania Younès Grondier. Il faut compter environ 200 000 dollars pour se lancer dans la floriculture ! Aujourd'hui, les trois quarts des producteurs qui avaient souscrit à des prêts Kafalat pour maintenir leur activé sont surendettés, et leurs propriétés sont saisies tour à tour. Nous allons donc nous entretenir avec la Banque du Liban de pouvoir restructurer leurs dettes », souligne le vice-président du syndicat des producteurs de plantes et de fleurs au Liban, Akram Jaber.
Surtout, les quelque 203 floriculteurs libanais doivent faire face à plusieurs obstacles structurels. Premièrement, la production est saisonnière et ne suffit pas à répondre à la demande locale. « Entre avril et décembre, 90 % des fleurs sur le marché sont produites au Liban, mais de décembre à mars ce sont des fleurs importées, généralement des roses à des prix imbattables, car les coûts de chauffage sont trop élevés pour pouvoir produire en hiver », explique Rania Younès Grondier.

Pourtant, les droits de douanes sont censés protéger le marché libanais – et surtout la rose qui représente 40 % de la production. De fait, alors que les graines et racines sont taxées à 5 %, les fleurs coupées sont taxées à 80 % (70 % de droits de douanes et 10 % de TVA), sauf pour les 18 pays de la Grande Zone arabe de libre-échange (GAFTA), qui, eux, peuvent exporter tous leurs produits à 5 % au Liban. Or « ces tarifs ne sont pas respectés », souffle Roger Moawad. « Il y a beaucoup de fraude à l'aéroport de Beyrouth, les fleurs coupées, importées sont enregistrées comme graines. Cela rend impossible la production de roses en hiver, le coût du chauffage rendrait les prix beaucoup trop élevés par rapport à ceux des pays concurrents », ajoute Rania Younès Grondier.

Compétition
Accentuée pendant l'hiver, cette faible compétitivité se vérifie aussi le reste de l'année. « Les coûts d'exploitation et de production sont trop élevés, nous ne bénéficions pas de subventions sur l'électricité, l'essence, les pesticides ou le transport, comme c'est le cas dans les gros pays producteurs. Pendant ce temps, des pays comme le Kenya, l'Inde ou l'Éthiopie, eux, peuvent produire de grandes quantités, et le coût de main-d'œuvre y est largement inférieur qu'au Liban », explique Akram Jaber. En termes de prix, la rose libanaise par exemple est plus élevée : à 0,40 dollar la tige contre 0,15 dollar pour la Thaïlande ou 0,35 dollar pour le Kenya.

Autant de raisons qui pénalisent aussi les exportations. « La production de fleurs coupées est quasi exclusivement à destination du marché local, car les responsables politiques n'ont rien entrepris pour faciliter les exportations », fustige le président du syndicat des producteurs de plantes et de fleurs au Liban, Roger Moawad. « Moins de 1 % de la production locale est exportée, car nos prix ne sont pas assez compétitifs à l'international, et nous n'arrivons pas à produire de gros volumes de bonne qualité de manière constante. De plus, les démarches administratives pour l'export sont trop lentes, surtout pour des produits périssables comme les fleurs », explique Rania Younès Grondier. Le Liban est un importateur net de la plupart des produits de la floriculture : en 2015, il a importé pour 21,3 millions de dollars de fleurs coupées – à 43 % de Hollande, 17 % de Thaïlande, 9 % du Kenya et 7 % d'Inde – et de plantes en pots – à 66 % en provenance d'Italie et des Pays-Bas ; contre des exportations de fleurs coupées et de plantes en pots de seulement 464 000 dollars – absorbées à 97 % par l'Irak, les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite.

Si d'autres secteurs comme l'oléiculture ou l'apiculture ont pu bénéficier d'un soutien institutionnel – souvent via des programmes de coopération internationale – pour surmonter leurs difficultés, les floriculteurs semblent, eux, laissés à leur sort. « Le gouvernement doit soutenir les producteurs en leur fournissant des conseils techniques pour améliorer leur production, les protéger de la concurrence en empêchant l'importation au cours de la saison estivale, et aider les producteurs à trouver de nouveaux marchés via la participation à des expositions internationales. Mais, depuis le temps, nous avons appris à ne plus nous attendre à une réaction de la part du gouvernement », déplore Roger Moawad.

 

 

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commentaires (3)

ET PUISQUE VOUS PARLEZ DE FLEUR, CHÈRE MADAME, JE VOUS DÉDIE CE SONNET DE MON RECUEIL "SOUFFLES ET TENTATIONS" SUR LA ROSE : LA ROSE COMME LA ROSE NAÎT SUR LA RONCE SAUVAGE, TA BEAUTÉ S'ÉPANOUIT SUR L'ARBRE DÉFLEURI. COMME LA ROSE MEURT À L'AUBE DE SON ÂGE, TON AMOUR S'ÉVANOUIT DANS LES FLOTS DE L'OUBLI. ROSE ÉCLOSE AU MATIN D'UN BIENHEUREUX PRÉSAGE, LE JOUR QUI TE VIT NAÎTRE INVOQUE TES VERTUS. IL BOIT AU SUC DIVIN QUI MOUILLE TON CORSAGE. L'AURORE QUI REVIENT NE TE RETROUVE PLUS. TES PÉTALES FLÉTRIS, ÉPARS SUR L'AIGRE RONCE, VOLENT AU VENT D'AUTÔMNE, EN UNE FOLLE DANSE QUI DÉVOILE AUX MORTELS TA CHASTE NUDITÉ. TENDRE ET FAROUCHE FLEUR QUI TOURMENTES MON RÊVE : QU'AURAIS-TU FAIT, AU LIEU D'UNE EXISTENCE BRÈVE, SI DIEU T'AURAIT CRÉÉE, FLEUR DE LONGΕVITÉ ? TU NE SERAIS PLUS ROSE. ET L'ÉPLORÉE ÉPOUSE, DE TA FIÈRE BEAUTÉ NE SERAIT PLUS JALOUSE.

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 17, le 21 mars 2016

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Commentaires (3)

  • ET PUISQUE VOUS PARLEZ DE FLEUR, CHÈRE MADAME, JE VOUS DÉDIE CE SONNET DE MON RECUEIL "SOUFFLES ET TENTATIONS" SUR LA ROSE : LA ROSE COMME LA ROSE NAÎT SUR LA RONCE SAUVAGE, TA BEAUTÉ S'ÉPANOUIT SUR L'ARBRE DÉFLEURI. COMME LA ROSE MEURT À L'AUBE DE SON ÂGE, TON AMOUR S'ÉVANOUIT DANS LES FLOTS DE L'OUBLI. ROSE ÉCLOSE AU MATIN D'UN BIENHEUREUX PRÉSAGE, LE JOUR QUI TE VIT NAÎTRE INVOQUE TES VERTUS. IL BOIT AU SUC DIVIN QUI MOUILLE TON CORSAGE. L'AURORE QUI REVIENT NE TE RETROUVE PLUS. TES PÉTALES FLÉTRIS, ÉPARS SUR L'AIGRE RONCE, VOLENT AU VENT D'AUTÔMNE, EN UNE FOLLE DANSE QUI DÉVOILE AUX MORTELS TA CHASTE NUDITÉ. TENDRE ET FAROUCHE FLEUR QUI TOURMENTES MON RÊVE : QU'AURAIS-TU FAIT, AU LIEU D'UNE EXISTENCE BRÈVE, SI DIEU T'AURAIT CRÉÉE, FLEUR DE LONGΕVITÉ ? TU NE SERAIS PLUS ROSE. ET L'ÉPLORÉE ÉPOUSE, DE TA FIÈRE BEAUTÉ NE SERAIT PLUS JALOUSE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 17, le 21 mars 2016

  • COMMENT SENTIR SON AROME PARMI LES EXHALAISONS PESTILENTIELLES QUI ENVENIMENT L,ATMOSPHERE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 07, le 21 mars 2016

  • C'est sur le fumier que pousse la fleur qui sent bon . Et au Liban on en manque pas .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 19, le 21 mars 2016

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