« C'est sur la base du principe de la distanciation du Liban que j'ai agi depuis le début de mon mandat », a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil.
Alors que la polémique sur la décision de l'Arabie saoudite d'« arrêter » son aide de trois milliards de dollars à l'armée libanaise et de suspendre le reste d'un financement d'un milliard destiné aux forces de sécurité se poursuivait hier, M. Bassil a tenu une conférence de presse pour rappeler la position exprimée par le Liban lors de la dernière réunion de la Ligue arabe.
Réunis au Caire en janvier, les pays de la Ligue arabe avaient exprimé dans un communiqué adopté à l'unanimité, à l'exception du Liban, leur « solidarité totale » avec l'Arabie saoudite face aux « actes hostiles et provocations de l'Iran », à la suite de l'exécution à Riyad du dignitaire religieux chiite Nimr el-Nimr. Réagissant à l'incident, Gebran Bassil avait affirmé que le Liban « prenait ses distances » à l'égard du communiqué afin de préserver la « stabilité nationale ».
Le chef de la diplomatie a rappelé que Beyrouth n'a pas appuyé la déclaration finale de la réunion car elle liait le Hezbollah au terrorisme, soulignant avoir demandé le retrait de cette mention du texte final.
Le ministre a tenu à souligner deux constantes qu'il a « défendues à plusieurs occasions », à savoir « la condamnation de toute agression visant les représentations diplomatiques, et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États arabes ».
Affirmant être soucieux de respecter l'attachement du gouvernement libanais à la politique de distanciation, il a indiqué qu'il s'est « abstenu de voter tout en exprimant son objection au communiqué portant sur le Hezbollah ». Le même scénario devait se répéter, selon lui, lors de la réunion de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à Djeddah, en Arabie saoudite, puis lors du congrès arabo-indien à Bahreïn.
Concernant les agressions dont ont été l'objet les représentations diplomatique et consulaire saoudiennes en Iran, Gebran Bassil a rappelé que le texte officiel du Liban qu'il avait lu a exprimé la solidarité de Beyrouth avec l'Arabie saoudite, tout en précisant que « dans le même temps, le Liban rejette les ingérences dans les affaires intérieures de tout pays arabe ».
M. Bassil a insisté sur le fait que cette position est celle que le gouvernement lui-même avait décidé de prendre le 8 janvier dernier, lors de la réunion de l'OCI, rappelant qu'il avait été « parmi les premiers à dénoncer les attaques menées contre les missions diplomatiques saoudiennes en Iran ».
Selon lui, cette cacophonie « est voulue » et s'inscrit dans le cadre du « jeu politique interne ». Le problème ne sera pas pour autant résolu, a-t-il dit, « si les pays arabes ne parviennent pas à comprendre que l'unité interne du Liban ne peut être protégée que par la politique de distanciation ». Ils doivent également s'abstenir de « pousser le Liban à afficher des positions qu'il ne peut pas assumer », a ajouté le ministre en substance. « Ces pays doivent respecter la politique de distanciation adoptée par le Liban », a-t-il insisté.
M. Bassil a salué le communiqué publié hier par le gouvernement, estimant qu'il respecte la déclaration ministérielle. Il a assuré que si une délégation ministérielle présidée par Tammam Salam se rendra à Riyad, il en fera partie. « Le texte du gouvernement a tranché en ce qui concerne l'attachement du Liban à l'unanimité arabe et nous sommes en train de faire notre devoir à ce niveau-là, a souligné le ministre. Mais entre l'unanimité arabe et l'unité nationale, nous penchons pour la seconde. »
Selon le ministre, « l'injustice dont nous sommes victimes est le prix que nous payons pour consolider une politique d'indépendance et de distanciation du Liban ». « Si certaines prises de position de la part de formations libanaises n'ont pas respecté la politique de distanciation, le Liban officiel ne s'est, quant à lui, jamais éloigné de sa position constante », a-t-il lancé, en référence au secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah.
Ce dernier s'était livré mardi dernier à une violente diatribe contre l'Arabie saoudite, l'accusant, avec la Turquie, d'entraîner la région dans la guerre en prévoyant une intervention terrestre en Syrie.
Et Gebran Bassil de conclure : « Nous espérons de la compréhension (de la part de Riyad) à l'égard de notre position car notre armée a besoin d'armes puisqu'elle ne défend pas uniquement le Liban, mais aussi tout le monde contre le terrorisme. »
Liban
Bassil : Entre l’unanimité arabe et l’unité nationale, nous penchons pour la seconde
Le ministre des Affaires étrangères affirme ne s'être jamais départi de la politique de distanciation.
OLJ / le 23 février 2016 à 00h00
commentaires (9)
Distanciation du Liban ,,,???? donc il avoue que le hezbollah n'est pas Libanais puisque les libanais ont une politique de distanciation!!! Il pourrait rajouter que tous les porteurs de la nationalité libanaise qui mènent des actions armés hors les 10452 sont des hors la loi et doivent être déchu de leur nationalité , il commencera alors à pouvoir un jour devenir crédible....
CBG
09 h 17, le 25 février 2016