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Liban - Décryptage

Présidentielle : Ni plan « A » ni plan « B », mais un gel pour quelques mois

Le Liban attend certes le rendez-vous du 14 février pour écouter le discours du chef du courant du Futur Saad Hariri au sujet de la présidentielle. Mais s'il inclura probablement un éloge du chef du courant des Marada Sleiman Frangié, les milieux proches des deux courants estiment que M. Hariri n'annoncera pas officiellement l'adoption de la candidature de l'ancien ministre à la présidentielle. Plusieurs protagonistes libanais se comportent en effet comme si la présidentielle était reportée d'au moins quelques mois. Ce serait d'ailleurs une des raisons pour lesquelles toutes les parties politiques sont soucieuses actuellement de relancer l'action gouvernementale, dans le but de régler « dans les limites du possible » les questions urgentes en l'absence d'un déblocage important. Dans ce contexte de statu quo relativement calme, il n'est donc pas nécessaire d'aiguiser encore plus les divergences internes à chaque camp, sachant que l'heure de la redistribution totale des cartes politiques n'a pas encore sonné.

C'est aussi pour cette raison que le chef des Marada ne compte pas se rendre à la cérémonie dédiée à la commémoration de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, même s'il pourrait y envoyer un représentant pour la première fois depuis 2006. Le conflit régional étant encore à son apogée, entre l'Iran et l'Arabie saoudite notamment, M. Hariri pourrait en effet lancer de violentes attaques contre le régime syrien et l'Iran, et Frangié ne souhaite pas être présent si de tels propos devaient être prononcés. De même, ni Saad Hariri ni le chef des Forces libanaises Samir Geagea ne souhaitent couper les ponts entre eux et l'annonce par le chef du courant du Futur de l'adoption officielle de la candidature de Frangié pourrait être un coup fatal à leurs relations déjà compliquées.

Mais en dépit de la non-officialisation probable de la candidature de Frangié de la part de Hariri, les contacts entre les deux hommes se poursuivent et sont de plus en plus réguliers. Les sources proches à la fois des Marada et du Futur ne cessent de répéter que Hariri est plus que jamais convaincu de la justesse de son choix en faveur de la candidature de Frangié. Mais son aboutissement est une question de temps. L'histoire de cette candidature est désormais connue. L'idée a été lancée par un diplomate américain, conscient qu'en raison du rapport de force actuel, le président doit être du 8 Mars si le Premier ministre est issu des rangs du 14 Mars. Dans ces conditions, le choix est limité à Michel Aoun et Sleiman Frangié. Le premier ayant un contentieux avec les Saoudiens et étant qualifié « d'imprévisible et d'incontrôlable », le second est donc plus acceptable, d'autant qu'il a conservé des relations avec la plupart des composantes internes et qu'il s'agit aussi d'un leader aux choix clairs et sans surprise.

De plus, la famille de Frangié a tissé des relations avec les pays arabes y compris l'Arabie saoudite et le chef des Marada n'a jamais évoqué la possibilité de modifier les dispositions de l'accord de Taëf. Le nom de Frangié comme candidat sérieux à la présidentielle a donc commencé à faire son chemin et le chef du courant du Futur a décidé de lui en parler directement. Le premier contact a eu lieu dans le cadre d'une visite de condoléances, lorsque l'ancien député et conseiller de M. Hariri, Ghattas Khoury, a croisé par hasard Sleiman Frangié. Il a été convenu d'organiser une rencontre à Paris entre Hariri et Frangié et ce dernier a mis ses alliés au courant des détails de ce projet. Mais en homme prudent, Frangié n'y aurait pas donné suite s'il n'avait pas reçu auparavant des signaux d'encouragement internes et externes sur le sérieux de cette initiative.

La rencontre a donc eu lieu, et entre les deux hommes le courant est vite passé. Tous les sujets ont donc été évoqués, mais l'accord final se résume en trois points : Sleiman Frangié président, un Premier ministre du 14 Mars et des retrouvailles « au milieu du chemin ». La formulation peut paraître vague, mais en réalité elle dénote une bonne volonté de la part des deux camps et leur détermination à éviter les grands sujets conflictuels pour se consacrer au règlement des problèmes qui touchent au quotidien des citoyens et au bon fonctionnement des institutions de l'État.

En d'autres termes, les deux hommes sont conscients que la question des armes du Hezbollah ne peut pas être réglée par une simple décision interne et comme ils ne sont pas d'accord sur ce sujet, ils éviteront de l'évoquer. La base de l'entente est donc d'augmenter les sujets d'entente et de réduire les thèmes qui divisent... en attendant un contexte régional et international plus serein. À l'issue de cette première rencontre, Frangié et Hariri s'étaient entendus pour en parler calmement avec leurs alliés respectifs. Mais un Libanais qui se trouvait à Paris au moment même et qui a eu vent de l'information l'a rapportée, des services de renseignements s'en sont emparés et l'ont divulguée à la presse. Ce qui a soulevé des problèmes entre les alliés des deux camps et suscité un climat de méfiance au sujet de cette rencontre et de prétendus accords secrets.

Une source diplomatique occidentale précise toutefois que Frangié a déclaré, à ceux qui l'ont sondé, que Michel Aoun était prioritaire. Mais si les chances de ce dernier se réduisent, il est prêt à prendre le relais. Aujourd'hui, avec le refroidissement dans les relations entre les Marada et le CPL, Frangié souhaite une reconnaissance publique de l'existence d'un plan « B », sachant que le plan « A » est toujours prioritaire.

Toutefois, les milieux politiques sont convaincus aujourd'hui que pour les deux ou trois mois à venir, il n'y a ni plan « A » ni plan « B ». Les deux options seraient donc gelées mais pourraient sortir du frigo en temps voulu, lorsque la visibilité des développements régionaux deviendra plus claire.

 

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Le Liban attend certes le rendez-vous du 14 février pour écouter le discours du chef du courant du Futur Saad Hariri au sujet de la présidentielle. Mais s'il inclura probablement un éloge du chef du courant des Marada Sleiman Frangié, les milieux proches des deux courants estiment que M. Hariri n'annoncera pas officiellement l'adoption de la candidature de l'ancien ministre à la...

commentaires (7)

Personne , à part quellques voix sourdes qui fusent a l unisson pour reclamer la necessite de l' election d un president de la republique , n ' est vraissemblablement pressé de voir un nouveau locataire a baabda . Ce dernier s' averant inultile s il ressemblerait au dernier sortant les poches pleines a craquer . D ailleurs nous avons le sempitenel et imbattable berry et le grand " tamam "salam , le tandem qui manigance toutes les affaires et magouilles du bled des cedres au detriment des chretiens , aujourd hui demunis a tous les niveaux . Entre temps nos clochers maronites se querellent pour priorite de passage vers la maudite chaise

Hitti arlette

14 h 13, le 13 février 2016

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Commentaires (7)

  • Personne , à part quellques voix sourdes qui fusent a l unisson pour reclamer la necessite de l' election d un president de la republique , n ' est vraissemblablement pressé de voir un nouveau locataire a baabda . Ce dernier s' averant inultile s il ressemblerait au dernier sortant les poches pleines a craquer . D ailleurs nous avons le sempitenel et imbattable berry et le grand " tamam "salam , le tandem qui manigance toutes les affaires et magouilles du bled des cedres au detriment des chretiens , aujourd hui demunis a tous les niveaux . Entre temps nos clochers maronites se querellent pour priorite de passage vers la maudite chaise

    Hitti arlette

    14 h 13, le 13 février 2016

  • Le vide politique libanais est à l'évidence l'objectif du Hezbollah jusqu'au mariage avec la nouvelle Syrie...et le temps qui passe renforce cette perspective, jour après jour...

    Beauchard Jacques

    12 h 00, le 13 février 2016

  • Un décryptage qui confirme que dans cette campagne présidentielle, la primauté est donnée aux intérêts individuels et partisans sur fonds d'intérêts régionaux plutôt qu'à l'intérêt national. Lamentables politiciens et triste destin que celui de ce pays qui continue à ployer sous le joug des bazars constants et réducteurs de la politique politicienne...!

    Salim Dahdah

    11 h 21, le 13 février 2016

  • PLUTÔT JUSQU'À LA RUPTURE TOTALE... - QUAND DAME LA "MAINMISE"... AVEC ROUBLARDISE... AURAIT BIEN ASSIS SA PRISE ET SON EMPRISE... - ET QUAND DAME LA "MARQUISE" QUI... DANS SA GRANDE MEPRISE... SURPRISE... COURTISE PUIS PACTISE ET BAPTISE LES NOUVELLES ASSISES... - PLUS DE BÊTISES ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 52, le 13 février 2016

  • Si proche si loin. Et pourtant on l'a notre pdt, il est du camp des résistants, il ne touchera pas aux armes efficaces du hezb qui n'a nullement besoin de finul et autres maquillage pour imposer le calme au sud et sur l'étendu du territoire. Ma que passa misera ? Scarlett nous demande de patienter pour voir comment va saccomplir la victoire annoncée des forces de la résistance en Syrie ? donc attendons.

    FRIK-A-FRAK

    07 h 16, le 13 février 2016

  • Un bon DECRYPTAGE. Il mène en effet le lecteur à la réalité concrète : Marionnettes de ce simulacre de pays, réveillez-vous un instant. "Il n'y a (encore (pour vous) ni plan A ni plan B" pour la présidentielle. Allez, maintenant vous pouvez dormir de nouveau. On vous réveillera le temps voulu.

    Halim Abou Chacra

    06 h 31, le 13 février 2016

  • donc si on comprend bien en general, vous soutenez la candidature de Frangieh?

    Bery tus

    05 h 47, le 13 février 2016

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